Santé humaineDiagnostics

Édito

Endiguer la deuxième vague de Covid-19

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Dimanche 4 octobre au soir, Matignon a annoncé que Paris et trois départements de la petite couronne, les Hauts de Seine, la Seine Saint-Denis et la Seine et Marne, passaient de la zone d’alerte renforcée à maximale, comme Marseille et la Guadeloupe quinze jours plus tôt. Les trois critères dont les seuils ont été décrits par le ministre de la santé, Olivier Véran, pour mesurer les différents niveaux d’alerte ont été dépassés.

« Le virus circule et il circule vite » a-t-il déclaré jeudi 1er octobre lors d’une conférence de presse. Les dernières données de l’Agence régionale de santé (ARS) vendredi n’ont pas rassuré les autorités. Le taux d’incidence dépassait la barre des 250 pour 100 000 habitants, se situant à 264 contre 261 jeudi. Le taux d’occupation des lits en réanimation pour les patients atteints de Covid-19 s’élevait lui à 34,8 % en Île-de-France, au-dessus du seuil d’alerte maximale de 30 %. Quant au troisième critère, le taux d’incidence chez les plus de 65 ans, il dépassait également le seuil critique des 100. Et ces chiffres n’ont pas baissé depuis. En conséquence, des mesures sont prises dont “les effets devraient se faire sentir d’ici une quinzaine de jours : plus de fêtes de famille, plus de soirées, fermeture totale des bars », a-t-il rappelé. Le ministre a également relevé une dégradation de la situation dans cinq métropoles, Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne.

Un week-end automnal morose. A un mois de la présidentielle américaine, Donald Trump positif à la Covid-19 est hospitalisé à Washington. Les bulletins médicaux indiquent qu’il est traité avec du remdésivir et de la dexaméthasone, un corticoïde prescrit aux patients placés sous assistance respiratoire ou recevant de l’oxygène. Notons que Trump fait partie des trois chefs d’état, avec le brésilien Jaïr Bolsonaro et le premier ministre britannique Boris Johnson, à avoir minimisé l’épidémie et bravé les gestes barrière au risque de mettre en danger leur propre santé et celle de leurs concitoyens. Les Etats-Unis sont très touchés par la pandémie avec près de 210 000 morts sur 1 million dans le monde à ce jour.

L’académie de médecine a émis début septembre un avis de recommandation pour se faire vacciner contre la grippe, en premier lieu à l’adresse des professionnels de santé. A l’initiative de Julien Borowczyk, député de la Loire et médecin, 75 députés de toutes tendances politiques ont publié le 20 septembre un appel à se faire vacciner massivement contre la grippe, soulignant qu’à « l’approche de l’hiver, le risque est grand de voir s’entrechoquer le Covid-19 avec la grippe, elle-même responsable de 10.000 morts environ chaque année ».

Il va falloir apprendre à vivre avec le virus de la covid-19 à long terme.  Il existe actuellement 200 candidats-vaccins contre le Sars-CoV2 dont une quarantaine en essais cliniques comme le signalait l’émission sur France Culture  ” la course aux vaccins: un enjeu géopolitique”. Une dizaine sont au stade final des essais cliniques (Phase 3) testés sur 10.000 à 25.000 patients, une quinzaine sont en phase 2 et une dizaine en phase 1, selon le Pr Marie-Paule Kieny, virologue, directrice de recherche Inserm.  Les premiers vaccins seront probablement disponibles fin 2020 ou début 2021. Parmi les plus avancés, des nouveaux vaccins à ARN messagers mis au point par les sociétés Pfizer, avec la biotech allemande BioNTech, et Moderna. D’autres utilisent des virus non pathogènes comme navette pour amener les protéines du vaccin : Astra Zeneca (AZ) en collaboration avec l’Université d’Oxford, Janssen, un vaccin basé sur un adenovirus, et le candidat vaccin du chinois CansiBio testé par l’armée. Le vaccin Sanofi/GSK a pris du retard (phase 1 en 2021) de même que celui développé par Merck avec l’Institut Pasteur (qui entre en Phase 1). En lice également, le vaccin russe Spoutnik 5 et 2 autres vaccins chinois dont celui de Sinovac Biotech (avec l’Institut des sciences de Pékin) qui a démarré la phase 3 en Turquie en septembre. L’Union Européenne a par avance réservé 300 millions de doses de différents vaccins AZ, Pfizer et Sanofi. “On ne peut pas dire que les premiers arrivés seront les meilleurs” prévient la vaccinologiste.

La France a anticipé le scénario catastrophe de deuxième vague de la pandémie et participé à la négociation au niveau européen d’un Plan de relance pour atténuer les effets économiques et sociaux de la crise sanitaire. Bruno Lemaire a lancé le 3 septembre dernier « un plan de relance historique de 100 milliards d’euros pour redresser l’économie et faire la « France de demain». Un plan de 100 Mds€ dont 40 Mds€ de contributions européennes. « Inscrit dans la continuité des mesures de soutien aux entreprises et salariés lancées dès le début de la crise de la Covid-19, ce plan vise à transformer l’économie et créer de nouveaux l’emploi. Il repose sur trois piliers : l’écologie, la compétitivité et la cohésion ».

La France a bondi cet été au classement mondial des pays les plus innovants : elle est classée douzième de l’index mondial sur l’innovation de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l’Insead et l’université Cornell. Autre bonne nouvelle : l’Université Paris Saclay se range aussi au 14ème rang du classement de Shangaï 2020.

Au diapason, la ministre de la Recherche, de l’enseignement supérieur et de l’innovation, Frédérique Vidal vient d’annoncer un budget de la recherche à la hausse pour 2021 : avec « une augmentation de 606 M€, le projet de loi de finances pour 2021 représente une augmentation de 2,5 % de son budget, sans précédent depuis dix ans », selon le communiqué MESRI du 28 septembre, précisant que « cette augmentation se fait indépendamment des financements prévus dans le cadre du Plan Relance et du PIA 4. « Le budget du MESRI concrétise notamment les engagements pris par le gouvernement dans le cadre de la loi de programmation de la recherche qui vient d’être adoptée en première lecture à l’assemblée nationale. Le budget pérenne dédié à la recherche augmente ainsi de 400 M€ par rapport à 2020 ».

Deux jours plus tôt, Frédérique Vidal lors de son intervention au colloque médecine, santé et science au cœur de la société  déclarait : « la loi de programmation pour la recherche engage un investissement de 25 milliards d’euros sur 10 ans pour faciliter la vie des laboratoires, revaloriser l’attractivité des carrières scientifiques, et relever les défis de demain en faisant de la France une nation scientifique de premier rang.
Avec 6,5 milliards d’euros dédiés au MESRI, le plan de relance accroît encore cet effort pour renforcer la souveraineté scientifique de la France : 2,4 milliards d’euros du PIA 4 sur 3 ans sont consacrés à la santé digitale, la bio-production pour les thérapies innovantes ou la chimie pharmaceutique ; 3,1 milliards d’euros du PIA 4 vont aux structures et dispositifs qui font vivre la recherche, la formation et l’innovation ».

La santé digitale justement. France Biotech, l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé en France, annonçait dès le 23 septembre la création d’une commission « E-Santé », pour soutenir et accompagner les entreprises innovantes en santé numérique. Cette nouvelle commission est coordonnée par Stéphane Tholander, Président de Cibiltech.
Le marché français de la santé digitale était estimé à 2,7 Mds€ en 2014 et devrait atteindre 4 Mds€ fin 2020 (source Xerfi). E-santé, télémédecine, données de santé, intelligence artificielle : la filière de la santé numérique offre de larges opportunités, tant pour les industriels et acteurs de la Tech que les acteurs publics. Les technologies et usages issus du numérique bouleversent profondément depuis plusieurs années l’écosystème de la santé. « Les annonces du gouvernement dans le cadre de France Relance indiquant un soutien au marché clé que représente la santé ainsi que la récente signature de la charte « Engagé pour la e-santé » entre le Ministère des Solidarités et de la Santé et 235 industriels sont des signes très encourageants de la volonté des pouvoirs publics d’encourager la santé digitale et plus largement la filière de l’innovation en santé » conclut Franck Mouthon, Président de France Biotech.

Seule fausse note dans cet accord, la tribune publiée par le SNITEM le 30 septembre : on ne relancera pas le secteur par des baisses de prix !. Le Snitem a « pris connaissance avec stupéfaction des 150 M€ d’économies demandées au secteur des dispositifs médicaux pris en charge au titre de la liste des produits et prestations remboursables par l’Assurance maladie (produits de ville, implantables, …) dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021. (…)  Selon le communiqué, à l’heure où la circulation du virus s’intensifie et que de nouveau son effet délétère sur les soins programmés est à redouter, comment est-il possible d’envisager que les entreprises du secteur des DM, employant près de 90 000 personnes, pourront se relancer par des baisses de prix ? « Ce n’est pas cohérent et cela menace l’avenir d’un secteur pourtant identifié comme « stratégique » par le président de la République », s’indigne Philippe Chêne, président du Snitem qui réclame un moratoire sur les baisses de prix.

Le secteur du diagnostic in vitro se structure également. « Notre vision est de créer une filière innovante, ancrée dans nos territoires et créatrice d’emplois qualifiés, pour améliorer la prise en charge des patients, renforcer l’efficience de notre système de santé et contribuer à restaurer notre autonomie sanitaire. Une filière qui fait le choix de la France pour servir les marchés internationaux et renforcer l’attractivité de la France » déclaraient le 22 septembre 2020 dans un communiqué commun, les pôles de compétitivité santé Lyonbiopôle, Eurobiomed et Medicen Paris Région, ainsi que le Syndicat de l’Industrie du Diagnostic in vitro (SIDIV) à l’occasion du lancement de la filière nationale du diagnostic in vitro. Une filière qui réalise 1,6 Mds d’euros en France et qui s’est fortement mobilisée pendant la crise sanitaire au premier semestre 2020 avec le développement de 31 tests PCR, 21 tests sérologie automatisée et 15 tests rapides. Vincent Fert, PDG et cofondateur d’HalioDx, Vice-président d’Eurobiomed, en charge du territoire Aix Marseille Métropole ajoute : « Nous souhaitons la mise en place d’un Small Business Act permettant de faciliter l’accès aux marchés publics aux PMEs françaises et Européennes du diagnostic médical ».