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Édito

Human Brain Project : le CERN du cerveau ?

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“Tout n’est pas rose, nous avons déclenché une guerre” a déclaré le Pr Dr Henry Markram, faisant le point sur l’année écoulée, lors du colloque annuel du Human Brain Project (HBP), les 29 et 30 septembre, à l’Université de Heidelberg devant les directeurs des 13 sous- projets et les 360 participants de ce projet phare réunis pour évaluer l’ensemble des résultats.

La gouvernance du HBP traverse une crise. L‘U.E. a décidé fin 2013 dans le cadre du programme Horizon 2020 de financer ce projet FET Flagship (1) de 1,2 milliard d‘euros sur 10 ans, à hauteur de 500M€, l’autre moitié étant apportée par les États partenaires. Le Pr Henry Markram, de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), est à la tête de cet ambitieux projet qui vise à réaliser un modèle informatique du cerveau humain d’ici 2023 en vue de simuler son fonctionnement. Toutes les données des neurosciences européennes seront agrégées pour concevoir un cerveau artificiel. Révolutionner l’électronique et trouver de nouvelles thérapeutiques pour les maladies neurodégénératives tels étaient les deux objectifs affichés au départ.

“Les neurosciences à travers l’Europe lèvent le drapeau rouge”: une pétition a été lancée pour alerter la Commission Européenne sur la gouvernance du projet. Cet appel a recueilli 750 signatures.

La raison de cette levée de boucliers : il est prévu que soit accordé au Core Project (le projet informatique) 50 millions venant des fonds communautaires. Les sciences cognitives, quant à elles, relevant d’un des 18 Partnership Projects, doivent recevoir le même montant des États membres, ce qui n‘est pas gagné d‘avance. Selon ses détracteurs, le HBP a une approche trop étroite.

La réaction officielle de la Commission est arrivée le 21 juillet annonçant “un pas positif vers la transparence” et exhortant à la patience. Puis, un médiateur a été nommé le 17 septembre. Refonte globale du projet ou renégociation?

Le HBP dépend de la DG Numérique de la C.E. dirigée par Neelie Kroes. Néanmoins, les changements politiques à la tête de la Commission ont retardé le processus de décision: un nouveau DG Recherche, le hollandais Robert Jan Smits, a été nommé il y a tout juste 15 jours ainsi qu’un nouveau responsable de la Recherche, Science et Innovation, le portugais Carlos Moedas.

Autre sujet d’inquiétude : La Suisse, leader du programme, verse une quote-part de 80M€ sur 4 ans suivant le FPI (Franhaufer Partnership Agreement). Or, la Suisse a voté en février 2014 à 50,3 % contre la libre circulation des personnes. À la suite de quoi, à la consternation des dirigeants de l’EPFL, la Commission a menacé de couper les bourses Erasmus et les bourses ERC pour les jeunes chercheurs étrangers en Suisse. Plus grave, elle voulait exclure la Suisse des programmes européens en tant que leader.

La Suisse a mis dans la balance sa participation au financement des projets Euratome, Galileo et ITER. La Confédération Helvétique va donc pouvoir réintégrer les programmes cadres, du moins jusqu’en 2015. La Commission s’est engagée sur les 30 premiers mois du financement du HBP. L’épée de Damoclès qui pesait sur le programme semble avoir été écartée pour l’instant.

I THÉRÈSE BOUVERET RÉDACTRICE EN CHEF DE BIOTECH INFO 3.0
(1) FET (Future of Emerging Technology)