Agro-environnement

Dépollution

Medtech

Santé humaine

Édito

La recherche russe sous tension

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur google
Partager sur reddit
Partager sur tumblr
Partager sur pinterest

À l’inquiétude de l’Europe après l’annexion de la Crimée, il y a un an, et après les accords de Minsk 2 qui ont abouti à un fragile cessez-le-feu dans l’Est de l’Ukraine, répond celle des citoyens russes. À Kiev on fêtait, dimanche 22 février, le premier anniversaire des évènements de la place Maidan, la révolution pro-européenne ayant mené au départ du président pro-russe Viktor Ianoukovitch. Cet événement a été l’élément déclencheur d’un conflit dont le bilan tragique est de 5.500 morts après 10 mois de combats.

En septembre 2014, j’ai participé à un voyage de presse organisé par l’EUSJA (European Union of Science Journalists’ Association) à Moscou pour visiter quelques uns des hauts lieux de la recherche moscovite et découvrir des innovations de rupture. Les chercheurs russes redoutent qu’un renforcement des budgets militaires mettent en question les budgets consacrés à la recherche spatiale ou à la recherche en général. Ils ont insisté sur l’importance des collaborations scientifiques internationales. L’incendie récent d’une grande bibliothèque russe en sciences humaines donne une idée du manque de moyens dont disposent certains organismes publics (absence de numérisation des archives).

À notre arrivée à Moscou, nous avons été accueillis par le vice-recteur de l’Université d’État de Moscou, le Pr Alexeï Khokhlov au sein des anciens bâtiments de cette Université, fondée en 1755, qui a fêté ses 260 ans en janvier 2015. La Faculté de Psychologie dont les dernières recherches nous ont été présentées y est implantée, à deux pas de la Place Rouge. Notre délégation a également été reçue officiellement dans le bureau du recteur de l’Université Lomonosov, un gigantesque bâtiment de l’ère soviètique construit, en 1940, à la gloire de la science russe.

Responsable du Festival pour la Science de Moscou, le Pr Alexeï Khokhlov, a annoncé que les salaires des chercheurs russes allaient être augmentés (à 2.000€ par mois). Un effort nécessaire pour encourager les jeunes russes à se diriger vers les métiers de la science car le vieillissement des chercheurs est un problème important pour l’Académie des Sciences. En 2012,la proportion ceux de moins de 39 ans était au total de 30,3 %. Jusqu’alors, les faibles salaires conduisaient les jeunes chercheurs à poursuivre leur carrière à l’étranger. Actuellement, 64 % des directeurs d’instituts et 34 % des chefs de laboratoires ont plus de 70 ans.

Le Pr A. Khokhlov a également annoncé la création de l’incubateur Vorobevy Gory, près de l’Université Lomonosov, dont une partie sera dédiée aux biotechnologies. Professeur honoraire, à la tête de l’Institut des sciences sur les polymères à l’Université d’Ulm depuis 2002, il voudrait infléchir l’enseignement scientifique russe, très orienté sur les mathématiques, la physique, la chimie, vers d’autres secteurs.

Des positions qu’il a réaffirmées lors de la visite des laboratoires de l’Institut Nicolaï Vavilov : génétique et biotechnologie, épigénétique (cellules souches et désordres neurodégénératifs, à visée pharmaceutique), informatique et biologie systémique.

Certains chercheurs russes en biologie commencent à être reconnus pour leurs publications au niveau international. C’est le cas, par exemple, du Pr Evgueny Rodaev, à la tête du département de génomique (neurosciences et maladies mentales) à l’Institut de Génétique Nicolaï Vavilov qui est également professeur à la Massachusetts Medical School.

Nous avons échangé des toasts avec les chercheurs de l’Institut Vavilov qui nous ont invités dans un restaurant ukrainien, témoignant de leur inquiétude de voir la guerre civile gagner dans cet état auquel chaque russe est attaché.

? THÉRÈSE BOUVERET
RÉDACTRICE EN CHEF DE BIOTECH INFO 3.0