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Communiqué de presse

Quatre chercheuses de l’Institut Pasteur viennent de recevoir le Prix Jeunes Talents France 2021 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science

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Quatre chercheuses de l’Institut Pasteur viennent de recevoir, le 7 octobre 2021, le Prix Jeunes Talents France 2021 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science. Les lauréates, trois doctorantes et une post-doctorante, contribuent à travers leurs travaux de recherche à faire avancer les connaissances scientifiques dans les domaines de l’immunothérapie pour traiter les cancers, de l’étude des transmissions de virus par les moustiques, de la prévention des maladies chroniques et des modélisations mathématiques et statistiques des maladies infectieuses. Ce prix, qui récompense chaque année une trentaine de jeunes chercheuses brillantes, permet aujourd’hui d’apporter une plus grande visibilité aux jeunes talents de l’Institut Pasteur, et leur permet d’obtenir une dotation qui va les aider à poursuivre leurs travaux de recherche.

Quatre jeunes chercheuses de l’Institut Pasteur ont reçu, le 7 octobre 2021, le Prix Jeunes Talents France 2021 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science. Ce prix est remis chaque année par la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française de l’UNESCO, à une trentaine de jeunes chercheuses qui contribuent à faire avancer la recherche en France. Cette année, 21 doctorantes et 14 post-doctorantes ont été récompensées. Ce prix permet de rendre visible les femmes scientifiques, de les accompagner dans leur carrière et de valoriser leur contribution dans le domaine de la recherche. Le prix s’accompagne également d’une dotation leur permettant de les aider à poursuivre leurs travaux de recherche.

Les quatre chercheuses lauréates sont les doctorantes Morgane Boulch, Gladys Gutiérrez-Bugallo et Cécile Tran Kiem et ainsi que la post-doctorante Marion Rincel. Leurs recherches contribuent aujourd’hui à faire avancer les connaissances scientifiques dans les domaines de l’immunothérapie pour traiter les cancers, de l’étude des transmissions de virus par les moustiques, de la prévention des maladies chroniques, et des modélisations mathématiques et statistiques des maladies infectieuses.

Morgane BOULCH – Développer l’immunothérapie pour lutter contre le cancer

Doctorante à l’Institut Pasteur au sein de l’unité Dynamiques des réponses immunes dirigée par Philippe Bousso.

(Autres affiliations : Inserm (U1223), Université de Paris (école doctorale Bio Sorbonne Paris Cité ED562))


Pour Morgane Boulch, « le choix d’une carrière scientifique a toujours été une évidence ». Encore fallait-il se décider sur le choix d’une discipline : plus jeune, son cœur balance entre les mathématiques, la physique-chimie et la biologie. Cette dernière gagne ses faveurs grâce à la découverte de la génétique au collège, puis de l’immunologie au lycée.

Native de Roanne, Morgane Boulch rejoint l’École normale supérieure de Lyon en 2016. Durant son cursus, elle se spécialise en immunologie et effectue un semestre à l’Université de Cambridge pendant son master de recherche.

Fascinée par la dynamique des processus biologiques et notamment la migration cellulaire, elle se spécialise en imagerie intra-vitale : cette technique de microscopie non-invasive permet de visualiser in situ des phénomènes à l’échelle de la cellule directement sur le tissu vivant d’un animal endormi.

Aujourd’hui en deuxième année de doctorat à l’Institut Pasteur, la chercheuse travaille sur l’immunothérapie antitumorale, soit l’idée de « rééduquer » le système immunitaire d’un patient atteint du cancer. Grâce à des techniques d’imagerie innovantes, elle observe comment des cellules immunitaires reprogrammées génétiquement interagissent avec des cellules cancéreuses, en direct sur des modèles précliniques.

Très attachée au « partage intergénérationnel », Morgane Boulch souhaite promouvoir la science auprès des plus jeunes. Un désir de transmission qui se concrétise en 2018, quand elle initie des élèves de primaire à la recherche scientifique durant un semestre. Immersion complète au laboratoire et introduction à la science pour ces jeunes élèves : pour un projet autour du microbiote, elle réalise avec eux quelques expériences. Leur enthousiasme et leur soif d’apprendre furent pour la chercheuse une belle réussite.

Gladys GUTIERREZ-BUGALLO – Définir les modes de transmission de virus par les moustiques à Cuba

Doctorante à l’Institut Pasteur de Guadeloupe au sein du laboratoire d’Etudes sur le contrôle de vecteurs dirigé par Anubis Vega-Rua.

(Autres affiliations : laboratoire de Toxicologie et génétique, département de contrôle des vecteurs, Institut de médecine tropicale Pedro Kouri à Cuba, Université des Antilles)


Originaire de Cuba, Gladys Gutiérrez Bugallo hérite de la passion pour les sciences de sa mère microbiologiste. Encouragée par des professeurs, elle étudie la biochimie à l’Université de la Havane.

La chercheuse achève actuellement son doctorat en cotutelle entre l’Institut Pasteur de Guadeloupe et l’Institut de Médecine Tropicale Pedro Kourí de Cuba. Sa thèse porte sur les modes de transmission des arbovirus dans les populations cubaines d’Aedes aegypti. Ce terme désigne une espèce de moustique qui affecte plus de 300 millions de personnes dans le monde par la transmission de maladies comme la dengue, le chikungunya et le Zika.

L’absence de vaccin effectif ou de traitement spécifique limite le contrôle de ces maladies. Le travail de la chercheuse permet de mieux comprendre les voies de transmission utilisées par l’insecte. Si la transmission horizontale, du moustique femelle à l’humain, est à la fois mieux connue et largement responsable de l’épidémiologie de ces maladies, la transmission verticale (du moustique femelle infectée à sa descendance) reste encore peu documentée. Elle pourrait être une des raisons favorisant le maintien des virus dans la nature et leurs réémergences récurrentes, même si la communauté scientifique ignore encore si les moustiques issus de ce type de transmission peuvent infecter les humains.

Gladys Gutiérrez Bugallo explore cette problématique en combinant des approches de terrain et des expériences en laboratoire. À terme, ses résultats pourront améliorer les programmes de lutte anti-vectorielle, soit la protection contre les vecteurs d’agents pathogènes à l’Homme.

Pour la chercheuse, le faible nombre de femmes en science résulte de « siècles de discrimination difficiles à effacer ». Elle considère ainsi avoir « le devoir de servir d’exemple pour les jeunes filles s’intéressant à la science » et souhaite défaire les stéréotypes associés à la poursuite d’une carrière scientifique.

Marion RINCEL – Prévenir le développement de maladies chroniques

Post-doctorante à l’Institut Pasteur au sein de l’unité Microenvironnement et immunité dirigée par Gérard Eberl.


Initiée par son entourage familial dès son plus jeune âge, Marion Rincel s’est très vite passionnée pour les sciences, tout en cultivant un profil assez littéraire et un goût pour la science-fiction.

À l’université de Bordeaux, où elle étudie les neurosciences, son premier stage en laboratoire provoque chez elle un déclic : alors qu’elle avait envisagé une carrière d’ingénieur, elle réalise que la recherche académique lui est destinée.

Diplômée en 2017, elle étudie pour sa thèse « l’implication de l’axe intestin-cerveau dans les désordres émotionnels associés à un stress précoce ». Elle découvre alors le microbiote intestinal, dont le rôle étonnant la fascine immédiatement.

Chercheuse pluridisciplinaire, Marion Rincel intègre un laboratoire spécialisé en immunologie à l’Institut Pasteur de Paris. Elle y développe un projet centré sur l’origine des maladies chroniques inflammatoires, impliquant à nouveau le microbiote intestinal. Menée en collaboration avec des spécialistes, son étude prend en compte la diversité génétique, incluant le genre, afin de ne pas se limiter à « un stéréotype d’homme moyen de 40 ans de type caucasien ».

À l’ère du big data, les progrès en bio-informatique et modélisation rendent possible la prédiction de certains traits pathologiques. De quoi rendre moins utopique le rêve de la chercheuse : « pouvoir prévenir plutôt que guérir un maximum de maladies ».

Jeune maman, Marion Rincel espère un « changement des mentalités » permettant de mieux concilier carrière et vie de famille et questionne la perception actuelle de la maternité : « un homme entendra rarement des reproches sur ses choix familiaux, il sera au contraire félicité et admiré s’il a plusieurs enfants ».

Cécile TRAN KIEM – Développer des approches mathématiques et statistiques pour étudier la pandémie de Covid-19 en France

Doctorante à l’Institut Pasteur au sein de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses dirigée par Simon Cauchemez.

(Autres affiliations : CNRS (UMR2000), Collège doctoral Sorbonne Université)


Cécile Tran Kiem grandit en région parisienne. Durant ses études d’ingénieur à l’École polytechnique, son intérêt pour la thématique des maladies infectieuses l’amène à effectuer un stage de recherche dans un laboratoire de modélisation.

Enthousiasmée par ce domaine, elle poursuit avec un master en analyse de données appliquées à la santé publique à l’Imperial College de Londres. Fin 2019, elle commence une thèse à l’Institut Pasteur. Son projet initial visait à caractériser la propagation des moustiques tigres en Europe mais la pandémie de Covid-19 survenue quelques mois plus tard l’a projetée au cœur d’une crise sanitaire historique.

Afin d’anticiper les dynamiques épidémiques et d’évaluer l’impact de mesures de contrôle, Cécile Tran Kiem a contribué au développement d’une série de modèles mathématiques et statistiques. Ces outils décrivant la propagation du SARS-CoV-2 dans la population française ont permis d’anticiper la proportion de la population infectée à la fin du premier confinement, de soutenir l’organisation de l’offre de soins, d’estimer l’impact du confinement et du couvre-feu sur la propagation du virus, et d’évaluer des stratégies de vaccination fondées sur l’âge et les comorbidités. En étudiant les dynamiques de transmission par âge, elle a montré qu’en l’absence de vaccination, l’isolement des personnes vulnérables n’empêcherait pas une saturation des hôpitaux en raison d’une importante porosité de la transmission entre les groupes d’âge.

« Mes travaux permettent de répondre à des questions ayant des applications plus ou moins directes en santé publique avec parfois des implications à très court terme », souligne la chercheuse. Appréciant particulièrement cet aspect de son travail Cécile Tran Kiem le poursuit pour comprendre les enjeux associés à la vaccination et à l’émergence de variants plus transmissibles.