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Genopole 2025 : future capitale de la géno-biomédecine ?

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« Toujours un pas d’avance, c’est le plus beau symbole de Genopole  » conclut Bernard Bigot, administrateur général du CEA, au terme de cette journée anniversaire des 15 ans de Genopole, lui qui a contribué à son démarrage et poursuit l’aventure du « GIP (Groupement d’Intérêt Public) de Genopole qui est renouvelé ». Non sans une certaine émotion, partagée par la majeure partie de l’assemblée (environ 500 personnes).

L’innovation était à l’honneur. Pierre Tambourin, directeur de Genopole, a introduit la journée aux côtés de Jean-Luc Beylat, président d’Alcatel-Lucent Bell Labs, président du Pôle Systematic, avec lequel il a publié en 2013 le rapport : « L’innovation, un enjeu majeur pour la France  (1) : comment dynamiser la croissance des entreprises innovantes ? »

Quelle plus belle démonstration de la réussite du biocluster que l’annonce par Marc Delcourt, PDG de la société Global Bioenergies, de la signature, le matin même, d’un partenariat avec le constructeur automobile Audi pour développer la production biologique d’isooctane, une essence haute performance. Née à Genopole il y a 5 ans, Global Bioenergies développe un bioprocédé de conversion de ressources renouvelables (d’origine agricole) en hydrocarbures gazeux. Une innovation de rupture présentée parmi six autres et plébiscitée par le public : votant à plus de 30 % pour cette entreprise, l’auditoire a couronné Global Bioenergies pour le grand prix de l’innovation du Genopole.

Le biocluster Genopole a de fortes ambitions, qu’il souhaite atteindre par la création de start-up et par la diversification de l’origine des entreprises, qui vont des biotechs rouges (santé), aux biotechs jaunes (environnementales), vertes (agronomiques) et blanches (industrielles), plus rares, représentées par Global Bioenergies justement. Depuis 15 ans, tout un écosystème favorable à l’innovation s’est déployé à Evry. Le biocluster regroupe 21 laboratoires, 71 PME et 21 plates-formes technologiques. « Nous organisons nos laboratoires et nos entreprises, en mini-clusters internes » précise Pierre Tambourin qui souhaite « que Genopole  prenne un nouveau virage » . Il pose les axes suivants : développer les entreprises (jusqu’à 130 en 2025), les réseaux et alliances, l’animation et la vie du site. Conforter la mission scientifique autour de la génomique à grande échelle et de la médecine du futur (médecine personnalisée, thérapie génique et cellulaire). Valoriser les plates-formes et en faire des outils d’attractivité car ce sont des atouts importants pour les entreprises.

Un rêve : être un cluster de dimension internationale

Pierre Tambourin a présenté sa vision de Genopole 2025 pour promouvoir la « Vallée de la Génétique » à l’international. Genopole a noué de fortes relations avec le Québec (Montréal), les Etats-Unis, la Chine (Wuhan). Un des objectifs est de développer des partenariats pour que la recherche en France soit mieux connue à l’étranger. Une politique intense d’actions sera menée à l’international pour aider des entreprises, telles que New England Biolabs, à s’implanter sur notre territoire.

 Genopole poursuit l’aventure de la génomique et des biotechnologies, en s’appuyant sur ses forces et nouveautés. Le biocluster espère passer de 2 000 personnes à plus de 8 000 en 2025 sur le site d’Evry. Lors de cette journée des 15 ans, la présidente de l’AFM-Téléthon, Laurence Tiennot-Herment, a rendu hommage à Bernard Barrataud, son prédécesseur, dont le rêve visionnaire de créer un centre sur la génomique s’est réalisé à Genopole.

Le CRCT Sud Francilien

« Il faut changer de braquet pour produire les médicaments de demain. D’ici 10 ans, 90 % des médicaments seront issus de biotechnologies médicales » a déclaré Pierre Tambourin. Genopole a posé en septembre 2013 la première pierre d’un Centre de Recherche Clinique et Translationnelle Sud-Francilien, construit avec l’AFM-Téléthon, le Centre Hospitalier Sud-Francilien et l’Université d’Evry-Val-d’Essonne, avec le soutien financier de la Région Ile-de-France, du Département de l’Essonne et de l’Europe (Feder). Sa vocation est de favoriser le transfert de l’innovation thérapeutique vers les patients notamment dans le domaine des biothérapies. L’approche personnalisée sera la première médecine pour demain. Parmi les autres partenaires, le CEA, l’Inserm et l’Université Paris-Sud. « C’est le chaînon entre la recherche fondamentale et le lit du malade, c’est là que seront définis les nouveaux protocoles. Le CRCT travaillera avec le centre hospitalier Sud Francilien devenu à moitié CHU».

L’importance de la biologie de synthèse

 « Je regrette qu’en France, on ne comprenne pas l’importance de la biologie de synthèse. L’idée de construire des systèmes à partir d’éléments vivants capables de faire des fonctions nouvelles : comme les voies métaboliques susceptibles d’aboutir à de l’isobutène ou du propylène ». C’est aussi de la recherche fondamentale car cette science permet de comprendre la biologie du vivant et s’appuie sur des compétences mathématiques fortes. Elle trouve des applications dans différents domaines environnementaux, tels que les marées noires. Genopole a fait le pari de la biologie de synthèse en 2000 et a créé L’iBSS (Institut de biologie systémique et synthétique), un laboratoire de 60 personnes qui devrait réunir 100 chercheurs d’ici quatre ou cinq ans, et le master européen en Biologie de synthèse à l’Université d’Evry-Val-d’Essonne (Ueve).

 Les cellules souches pluripotentes

 La deuxième voie nouvelle très forte, ce sont les cellules souches pluripotentes, du point de vue des développements scientifiques, thérapeutiques et en matière de recherche industrielle. Plusieurs entreprises et quelques laboratoires génopolitains y travaillent dont I-Stem (Inserm/Ueve), plus grand laboratoire français de R&D dédié aux cellules souches, alors qu’un autre s’est investi sur l’étude des cellules souches de l’épiderme humain. La thérapie cellulaire en médecine régénérative est un autre axe fort de Genopole.

 L’innovation est liée au territoire

 Genopole reçoit les subventions de l’Etat, de la région Ile-de-France, du Conseil général ainsi que de la communauté d’agglomération d’Evry Centre Essonne. La CCI Essonne co-gère la pépinière d’entreprises située au cœur du biocluster. La Région est le premier financeur du GIP : 77 M€ cumulés, et plus de 137 M€ depuis 15 ans dans le cadre du CPER (contrat de Projet Etat-Région) et 63 M€ pour le CG. « C’est une des politiques majeures de la région francilienne, pour plusieurs raisons : parce que quand vous avez la chance d’avoir sur votre territoire 40 % de la recherche française, 17 universités, des centaines d’écoles d’ingénieurs, des centaines de milliers d’étudiants, des infrastructures de recherche, vous vous dites que vous devez regarder cela avec beaucoup d’attention » a déclaré Isabelle This Saint-Jean, vice-présidente de la Région Ile-de-France, en annonçant le renouvellement de son aide à Genopole. «Nous avons pris le pari de la recherche en proposant un nouveau CPER. Nous avons demandé à l’Etat de participer pour signer un grand plan de mobilisation pour l’enseignement, la recherche et l’innovation. Un engagement extrêmement fort parce que vous y mettez tout votre cœur, toute votre âme » a-t-elle conclu avec la conviction que Genopole soit l’un des acteurs à part entière du projet du Grand Saclay.

Thérèse Bouveret

(1) Depuis 1997-1998, deux GIP (Groupement d’Intérêt Public), le CNG (le Centre National de Génotypage) et le CNS (Centre National de Séquençage-Genoscope), sont réunis au sein de l’Institut de Génomique du CEA.

 (2) (http://www.redressement-productif.gouv.fr/files/rapport_beylat-tambourin.pdf).

Le Robot Rosa

Conçu par le docteur Bertin Nahum, directeur de la société Medtech, le robot Rosa a déjà permis d’opérer 600 patients et équipe 20 hôpitaux en France, et quelques uns aux Etats-Unis et en Chine. Rosa permet l’implantation d’électrodes profondes dans le cerveau pour traiter des malades atteints d’épilepsie pharmaco-résistante ou de la maladie de Parkinson, pour lesquels les médicaments ne suffisent plus. Le robot fonctionne avec un système de repérage automatique du patient, un système laser qui va balayer son visage et le reconstruire pour le superposer avec l’IRM. Durant l’opération, le robot contraint le mouvement pour garantir que l’instrument neurochirurgical (la perceuse) va aller exactement où le chirurgien a planifié son geste et suit la trajectoire prédéfinie. Aujourd’hui, une équipe bien rôdée qui utilise le robot Rosa peut réaliser une intervention en une heure et demi au lieu de 5 à 7 h auparavant. Il permet de faire des chirurgies moins invasives (des incisions légères dans la boîte crânienne) et, grâce à la fiabilité du geste, plus complexes (implantation d’électrodes profondes). Medtech travaille actuellement sur un projet de robot pour la chirurgie de la colonne vertébrale afin d’opérer sans incision et insérer des implants. Medtech est introduit en bourse depuis décembre 2013 et compte bien prendre sa part d’un marché, estimé à 3 milliards de dollards, largement dominé par les entreprises américaines.

 

Quelques premières mondiales et avancées scientifiques majeures du biocluster :

  • le travail de Jean Weissenbach qui, en 2000, a établi en comparant le génome de l’homme et celui d’un poisson que le génome humain n’était composé que de 20 000 à 22 000 gènes ;

  • le séquençage par Genoscope du chromosome 14 de l’homme ;

  • les travaux réalisés au Généthon en thérapie génique ;

  • la mise en évidence des mécanismes originaux de l’évolution du blé en 2005 ;

  • la première reconstitution en 2009 d’un épiderme à partir de cellules souches (I-STEM) ;

  • l’étude du génome de populations complexes (de stations d’épuration, de la flore intestinale) ;

  • le prix Galien reçu par Généthon en 2012 et

  • le statut d’établissement pharmaceutique obtenu par Généthon Bioprod en 2013.