L’agriculture est aujourd’hui attendue pour répondre à de nouveaux défis tant économiques, environnementaux que sociétaux. Outre fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante, l’agriculture doit participer à la lutte contre le changement climatique, au développement économique des territoires, à la préservation des ressources ou encore à l’entretien des paysages. Sans oublier que l’activité agricole doit aussi assurer un revenu à des milliers d’agriculteurs. Atteindre ces différents objectifs, qui peuvent parfois paraître contradictoires, n’est possible qu’en misant sur l’innovation.
Produire plus et mieux nécessite à la fois une plus grande maîtrise scientifique et le développement de nouveaux outils. Les agriculteurs en font déjà l’expérience devant la nécessaire adaptation aux premiers effets du changement climatique. Les outils numériques d’aide à la décision, de nouvelles variétés adaptées aux environnements changeants, des équipements pour optimiser le stockage et l’utilisation de l’eau sont autant de voies à explorer pour répondre au défi climatique.
L’amélioration des usages des produits phytosanitaires appelle également une contribution de la recherche. La réduction de leur utilisation ou de leur impact ne pourra se faire sans le développement parallèle de nouvelles alternatives. Pourtant, cela n’est pas toujours un préalable. L’apparition des usages orphelins, où aucune solution autorisée n’existe pour lutter contre une maladie sur une plante, en est la démonstration la plus regrettable. Pour éviter la reproduction de ce type d’écueil, il est indispensable d’encourager la recherche par exemple sur des variétés résistantes, sur des produits de biocontrôle ou encore sur des agroéquipements de précision. La capacité de l’agriculture et des agriculteurs à répondre à ces défis n’est pas qu’une question de volonté, c’est aussi une question de moyens et d’outils disponibles.
Des synergies entre la recherche et le déploiement des connaissances
C’est pourquoi l’innovation doit être placée au cœur du développement agricole de demain. Pour cela, les synergies doivent être renforcées entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le déploiement des connaissances sur le territoire. Toutefois, rien ne pourra se faire sans la reconnaissance par les citoyens et les consommateurs du rôle de l’innovation dans l’agriculture. Pour combattre la défiance à cet égard, la revalorisation des sciences et un effort de pédagogie constituent des préalables nécessaires.
Priver l’agriculture française des innovations pour répondre aux enjeux environnementaux, sanitaires et économiques de notre siècle la disqualifierait pour longtemps dans la compétition mondiale. A la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), nous défendons le droit des agriculteurs à bénéficier de l’intelligence scientifique et de l’innovation technologique.
Tribune libre de Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA