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Tribune libre

Avec ou sans COVID-19, le diagnostic est un maillon essentiel de notre système de santé et de la prise en charge des patients

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Tribune libre de Mark Osewold, Président de Roche Diagnostics France

 

La valeur médico-économique du diagnostic in vitro[1] a longtemps été sous-estimée. Essentiel à toutes les étapes du parcours de soins (dépistage, diagnostic, pronostic, éligibilité à un traitement, suivi du traitement), il détermine 60 à 70% des décisions médicales[2] et ne représente pourtant que 2% des dépenses de consommation de soins et de biens médicaux[3].

La crise sanitaire de la COVID-19 et le triptyque « Tester- Alerter- Protéger » ont mis en lumière, par la force des choses, le rôle stratégique du diagnostic in vitro pour faire face aux enjeux de santé publique majeurs comme la survenue d’une nouvelle maladie infectieuse. Et si sa place déterminante n’est aujourd’hui plus remise en cause dans ce contexte particulier, on constate néanmoins l’impact délétère de la pandémie sur les pratiques de dépistage d’autres pathologies, pourtant validées et établies parfois de longue date.

En effet, la COVID-19 a mis au second plan les autres pathologies depuis maintenant plus d’un an. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 93 000 diagnostics de cancer n’ont pas pu être réalisés en 2020[4], 650 000 dépistages de moins du VIH en France en 2020 par rapport à l’année précédente[5]… Ces retards de diagnostic observés mois après mois ne pourront jamais être comblés, alors qu’un dépistage précoce peut sauver des vies ou tout du moins éviter des prises en charge lourdes pour les patients et les professionnels de santé qui les accompagnent.

Bien qu’il soit toujours nécessaire de faire de la lutte contre la COVID-19 une priorité sanitaire à ce stade, il est aujourd’hui vital de prendre en charge tous les patients et d’encourager une nouvelle fois les Français à reprendre le chemin des dépistages. Il est urgent d’identifier et de lever les freins actuels : la forte tension des systèmes de santé impactant l’ensemble de la chaîne de soins, la crainte des patients de contracter le virus en allant chez leur médecin, dans un laboratoire de biologie médicale ou encore celle d’être plus exposés au virus en cas d’hospitalisation… Il est indispensable d’équilibrer la prise de risque afin que nos concitoyens continuent à se faire soigner et, avec l’aide de leur médecin, à utiliser les outils à leur disposition pour être acteurs de leur prise en charge.

L’un des moyens pour lever ces craintes est de rappeler encore et toujours le temps précieux que peut faire gagner un bon diagnostic. En cancérologie par exemple, l’évolution spectaculaire des technologies diagnostiques a permis l’accès à des traitements de plus en plus personnalisés, améliorant significativement la survie des patients. Le profilage génomique des tumeurs permet en effet de détecter des anomalies génétiques dans les cellules cancéreuses, qui prédisent la réponse à un traitement ciblé, améliorant l’efficacité et réduisant les effets secondaires. Ou encore en cardiologie où un marqueur biologique permet d’optimiser la prise en charge d’un patient diabétique de type 2 atteint d’insuffisance cardiaque, et peut identifier les personnes à risque avant même la survenue des premiers symptômes. Et ce ne sont que quelques illustrations, nous pourrions en citer bien d’autres !

Le diagnostic in vitro est encore trop souvent le héros masqué et méconnu de notre système de soins : la crise sanitaire a révélé son rôle clé pour les patients mais aussi au service de l’efficience des systèmes de santé. Lorsqu’il est fiable et de qualité, il permet d’identifier avec confiance les traitements les plus appropriés, au bon moment pour chaque individu. Précoce, il évite des prises en charge plus lourdes pour patients et soignants, et aussi plus coûteuses pour le système de santé. Domaine riche en innovation, le secteur du diagnostic in vitro mérite davantage d’investissements et une reconnaissance à sa juste valeur, pour déployer tout son potentiel et tenir sa promesse : répondre aux défis de la prise en charge des maladies chroniques et accélérer le déploiement de la médecine personnalisée pour tous.

 

 

 

[1] Regroupe l’ensemble des techniques, appareils et dispositifs qui permettent d’obtenir une information médicale à partir d’un échantillon de sang, d’urine ou de tissu

[2] Association européenne des fabricants de produits diagnostiques (EDMA) 2009

[3] Comptes nationaux de la santé / DREES 2012

[4] Source : La Ligue contre le Cancer

[5] Source : Sidaction