Eurasanté est l’organisateur fondateur de BioFIT dont la 5ème édition a lieu du 30 novembre au 1er décembre 2016 à Lille.
Interview d’Etienne Vervaecke, directeur du parc Eurasanté Lille et du pôle Nutrition Santé Longévité (NSL)
Eurasanté est l’organisateur fondateur de BioFIT, dont c’est la 5ème édition en 2016 à Lille. êtes-vous toujours partenaire d’Alsace BioValley pour cette nouvelle édition 2016 ? Combien de visiteurs attendez-vous ?
Etienne Vervaecke : Nous avons choisi avec Alsace BioValley de nous engager durablement pour relier Lille et Strasbourg. Nous sommes maîtres d’ouvrage de BioFIT depuis 2010, c’est-à-dire que nous en assumons l’effort de production, de communication et de commercialisation. Cet événement était à l’origine un événement biennal, mais est désormais un événement annuel, organisé alternativement entre Lille et Strasbourg.
Nous avons porté notre regard sur Strasbourg il y a deux ans pour son attractivité économique et scientifique au cœur du marché européen et y avons organisé l’édition 2015. Alsace BioValley sera bien sûr présent à Lille en 2016 et nous préparons déjà ensemble l’édition 2017 qui se déroulera à nouveau à Strasbourg.
Cette double localisation nous permet d’asseoir des partenariats forts à l’échelle de deux régions, un vrai plus dans l’organisation d’événements d’envergure européenne. C’est d’ailleurs cette méthode de co-organisation par plusieurs territoires que nous utilisons pour les deux nouveaux événements que nous lancerons en 2017.
Le premier, MedFIT sur les technologies médicales, qui tournera sur trois villes (Grenoble en juin 2017, Strasbourg en juin 2018 et Lille en 2019) est le résultat de l’alliance unique entre l’agence de développement économique Eurasanté et ses partenaires, le cluster MEDICALPS et les pôles de compétitivité NSL et Alsace BioValley, des acteurs majeurs dans cette filière. Le deuxième évènement sera AgeingFIT qui est déjà programmé à Lille les 2 et 3 février 2017 et que nous envisageons à Nice en 2018, en co-organisation avec Eurobiomed, la région PACA et la communauté urbaine de Nice.
Quel est le bilan d’Eurasanté ?
Nous sommes fiers d’avoir créé BioFIT, qui a su se positionner au fil des ans comme la convention d’affaires incontournable entre académiques et industriels du secteur biotech-pharma. Il y avait en 2010 pour la première édition 330 participants et en 2015, plus de 1 200. En outre, des évènements connexes se greffent chaque année désormais aux activités proposées, car ils partagent avec BioFIT un public spécialisé (industries pharmas, biotechs et de centres de recherche). BioFIT est une convention d’affaires du secteur des biotechnologies et des sciences du vivant, qui s’adresse à la fois aux industriels de la Santé, aux jeunes entreprises et aux établissements de recherche publique. Marqué par l’ambition d’être l’événement leader en matière de transfert de technologies et de business santé, BioFIT propose des rendez-vous d’affaires, des conférences spécialisées, un espace d’expositions et une présentation d’opportunités de licensing. Concrètement, BioFIT accélère les courants d’affaires, favorise les contrats de collaboration et les partenariats public-privé, dynamise les transferts de technologies. Nous nous adressons à trois publics : d’une part, les capitaux amorceurs, d’autre part les TTO (Tech Transfer Offices ou SATT en France) et enfin les entreprises de Biotech-Pharma.
Pourquoi avoir créé la convention BioFit ?
Il y a quelques années, il n’y avait pas de marché européen de capital amorçage et encore moins de grand rendez-vous dédié au capital amorçage. Notre démarche a été d’observer le plan d’organisation de ces capitaux d’amorçage. Dans 90 % des cas, quand ils avaient reçu des fonds d’un pays, ils se cantonnaient à intervenir sur des projets issus d’une zone dont ils avaient la responsabilité. Aujourd’hui, il y a une stratégie d’amorçage institutionnelle partout en Europe, au Danemark, en Allemagne et en Suisse, à l’initiative des institutions gouvernementales. Ces fonds continuent à réserver une part de leurs capitaux en local, mais s’intéressent aussi à des dossiers d’autres régions.
D’où viennent, géographiquement, les participants ?
Le public est à 60 % étranger. La différence avec l’édition 2015 à Strasbourg est qu’il y a cette année, à Lille, plus de Britanniques, de Belges et de Néerlandais. A Strasbourg, en revanche, il y avait davantage d’Autrichiens, d’Allemands et de Suisses. L’alternance des villes d’accueil permet de faire des propositions différentes, ce qui renforce l’attrait et l’intérêt de cet événement.
Le Brexit va?t?il changer la donne pour Lille du fait de cette position frontalière ?
Parmi les conséquences prévisibles du Brexit, ll y aura certainement un manque à gagner pour les entreprises et académiques du Royaume-Uni car 16 % des crédits européens étaient captés par des chercheurs britanniques. Mais surtout l’Agence européenne du médicament (AEM) va devoir quitter Londres. En France, trois villes se sont déjà déclarées pour accueillir le siège de l’AEM : Lille, Lyon et Strasbourg. Martine Aubry, Damien Castelain et Xavier Bertrand ont d’ores et déjà pris position pour le site de Lille. Mais l’intérêt de la France serait d’avoir une candidature unique sachant qu’il y a déjà 8 pays intéressés, parmi lesquels la Suède, le Danemark, la Pologne, l’Italie, l’Espagne ou encore l’Allemagne.
Or Lille a une sa position centrale : elle est à 38 minutes de Bruxelles en Thalys et à 1 h 20 de Londres en Eurostar. Celà permettrait aux 880 salariés actuels de l’AEM de faire des aller-retour à Lille en continuant à vivre à Londres, sans les obliger d’emblée à déménager avec leur famille. Lille avait d’ailleurs déjà été candidate en 1993-1994. François Mitterrand avait alors privilégié le maintien du Parlement européen à Strasbourg, ce qui avait freiné à l’époque les ardeurs de Lille et Strasbourg pour l’accueil de cette agence.
Eurasanté est d’ailleurs une agence de développement économique dont le projet remonte aux années 1990…
L’association a été créée en 1994 de la volonté de Pierre Mauroy, qui présidait l’agglomération de Lille et de François Grateau, alors directeur général du CHRU de Lille. Il s’agissait de créer un outil pour valoriser l’excellence des programmes de recherche menés dans la région Hauts-de-France (ex Nord-Pas-de-Calais) et en particulier au sein du campus hospitalo-universitaire de Lille. Il fallait alors de faire le lien entre monde économique et acteurs académiques, pour aider à l’émergence de start-ups et de spin-off.
Le Parc Eurasanté a vu le jour à Loos en 1996 et le Pôle NSL (Nutrition Santé Longévité) a été agréé en 2005 et organise par exemple tous les deux ans le salon européen NutrEvent. Nous travaillons aussi, au quotidien, dans le domaine de l’innovation nutritionnelle avec plusieurs acteurs clés du réseau European Food Alliance comme le pôle belge Wagralim, Flanders’ Food, Food Valley ou encore Danish Food cluster. Nous avons une grosse composante santé non alimentaire et notre objectif est de développer des ingrédients alimentaires aux propriétés fonctionnelles.
Vous dirigez le pôle Nutrition santé longévité. Qui le préside ?
Le président du Pôle NSL est Bruno Desprez. Il représente les membres de la partie agro-nutrition du réseau. Il est à la tête d’une ETI familiale, Florimont Desprez, qui est un producteur semencier indépendant depuis 1830 et réalise près de 230 M€ de CA dont 60% à l’export.
Le groupe possède 10 filiales et affiche un effectif de 930 salariés, ce qui en fait un des leaders mondiaux du domaine. La société consacre 15 % de son CA à la recherche et vient d’investir 5 M€ dans la construction d’un centre de recherche SSD (Single Seed Descent ou Sélection par filiation monograine) de haute technologie, inauguré le 22 juin 2016, pour lui permettre d’accroître sa présence sur les segments des céréales par l’accélération des programmes de sélections variétales.
Dominique Tierny est la présidente déléguée du Pôle NSL. Elle représente les membres de la partie santé-pharma du réseau. Cette vétérinaire a créé deux entreprises : Oncovet, une clinique vétérinaire spécialisée dans la prise en charge des animaux malades et notamment atteints de cancers, et OCR, une société de services sous contrats qui propose le pilotage d’essais cliniques sur animaux naturellement malades afin de valider des actifs pharmaceutiques pour le drug development en santé humaine et vétérinaire. Mme Tierny accompagne également, en tant que conseiller scientifique, le développement d’une troisième entreprise, Vetotech, qui propose la mise à disposition d’un important plateau d’imagerie avancée pour le compte d’une clinique vétérinaire.