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Capital risque : “retrouver des modèles gagnants”

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Mr Daugeras portraitBernard Daugeras, co-fondateur d’Auriga Partners, un fonds de capital-risque de 350 millions d’euros

 

Dans le domaine des sciences de la vie, le financement de l’innovation passe par la création de start-ups. La biotechnologie présente trois caractéristiques principales : les besoins financiers pour créer de la valeur ou mettre de l’innovation sur le marché sont considérables ( de l’ordre de 10 millions à plusieurs centaines de millions d’euros) et les investissements sont à très long terme ( de 10 à 15 ans) ; troisièmement les risques et les taux d’échec sont très importants. En contrepartie, la productivité de la recherche française est bonne et nous voyons de nombreux projets de très grande qualité nous arriver.

Comment gère-t-on le financement de tout ça ? Les start-up ont besoin de fonds propres et peinent à en trouver. La France a choisi de segmenter les phases d’investissements. Il y a peu de fonds d’amorçage en sciences de la vie et ils disposent de moins de 40 M€ ; une opération d’amorçage en sciences de la vie coûte entre 5 et 20 M€ et dure de 5 à 6 ans. Cependant l’environnement n’est pas défavorable. Plusieurs dispositifs nous facilitent la tâche. Par exemple, les SATT (Sociétés d’Accélération de Transfert de Technologies) qui montent en puissance et permettent de financer la preuve de concept, les aides variées gèrées par la BPI, le statut de Jeune Entreprise Innovante (J.E.I.) et enfin le Crédit d’Impôt Recherche, sont des facteurs positifs. Par ces dispositifs, les pouvoirs publics assument un partage du risque. Heureusement en France, le marché des introductions en bourse est extraordinairement ouvert pour les sociétés des sciences de la vie. Plusieurs sociétés ont réussi à lever des montants très significatifs de 20 à 50 M€, ce qui les a aidées à franchir des étapes réelles de création de valeur.

Par conséquent, il faut s’adapter à cette situation d’autant plus qu’on a assisté à une baisse de la rentabilité des fonds de capital risque depuis les années 2000. Un des problèmes que nous avons en France est celui des phases d’expansion de développement des jeunes entreprises et il existe peu de fonds de capital développement à l’opposé de la plupart des grands pays qui ont choisi de lever des fonds très importants (de l’ordre du milliard d’euros)  permettant de couvrir la totalité des phases de financement de l’innovation.

L’État ne peut pas tout faire. Il faut attirer l’argent privé en invitant les particuliers à partager le risque avec nous ; ça ne se fera pas dans le contexte fiscal actuel :  le gouvernement a choisi d’aligner la fiscalité des investissements à risque sur la fiscalité banale des revenus et ça ne marche pas. Il y a pourtant énormément d’argent en France, dans les contrats d’assurance vie en particulier : l’épargne des français, c’est 200 milliards d’euros par an, si on orienterait seulement 1 à 2 % de cette épargne vers nos métiers, on pourrait retrouver un cercle vertueux. La France a choisi d’orienter son épargne vers le comblement des déficits plutôt que vers l’investissement dans l’innovation. C’est un choix.

I BERNARD DAUGERAS, CO-FONDATEUR D’AURIGA PARTNERS