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Communiqué de presse

Comment le cerveau détecte et régule l’inflammation

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12 juin 2023

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Une mosaïque complexe de neurones dans le noyau
parabrachial du cerveau. Les neurones marqués en rouge se
projettent à travers tout le cerveau pour contrôler la libération de
neurohormones de stress suite à la détection d’un signal inflammatoire dans le sang.
Les neurones marqués en vert constituent une sous-population du noyau
parabrachial. Le marquage bleu permet de visualiser l’ensemble des noyaux des
cellules du cerveau. © Institut Pasteur / Ferdinand Jagot

Comment le cerveau adapte notre comportement face à une infection ou une
blessure ? Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs de l’Institut Pasteur, du
CNRS et de l’Inserm dévoile l’existence d’un circuit d’écoute et de régulation de la
réponse anti-inflammatoire opérée par différentes zones du cerveau. Ce circuit
permet ainsi de repérer l’inflammation dans le sang, d’organiser la réponse
immunitaire et de la réguler. Ce circuit incarne une connexion bidirectionnelle
entre le cerveau et le système immunitaire. Ces résultats ont été publiés le 5 juin
2023 dans la revue Neuron.

Lors d’une infection ou blessure, le système immunitaire est mobilisé pour contrôler l’infection
et la réparation des tissus lésés. Cette activation se fait notamment grâce à libération de
médiateurs pro-inflammatoires pour informer le cerveau de l’état immunitaire de l’organisme et
coordonner la réponse immunitaire. En réponse à ce signal, le cerveau induit une réaction
complexe connue sous le nom d’ « état de maladie » qui vise à réaffecter l’énergie aux
différents systèmes. Cet état est associé à des changements comportementaux comme
l’évitement social, la léthargie, à des ajustements métaboliques tel que la fièvre ou la perte
d’appétit ainsi qu’à la libération d’hormones comme la cortisone, de manière à accroître la
résistance à l’infection mais aussi à réguler les réponses immunitaires. Dans cette étude, un
groupe pluridisciplinaire composé de neurobiologistes et d’immunologistes de l’Institut Pasteur,
de l’Inserm et du CNRS a découvert un nouveau circuit par lequel le cerveau mesure les
niveaux d’inflammation dans le sang et, en retour, régule cette inflammation. En effet, une
région du tronc cérébral, appelée complexe vagal, détecte directement les niveaux et la nature
des hormones inflammatoires dans la circulation sanguine. Ces informations sont ensuite
transmises aux neurones d’une autre région du tronc cérébral, le noyau parabrachial, qui
intègre également des informations en lien avec la douleur mais aussi certaines mémoires
aversives ou traumatiques. Puis, ces neurones activent à leur tour des neurones de
l’hypothalamus, ce qui entraîne l’augmentation rapide de la cortisone dans le sang, une
hormone de régulation anti-inflammatoire.

Pour identifier ce circuit, les chercheurs ont utilisé des approches de pointe en neurosciences
permettant d’observer individuellement les neurones impliqués pendant l’inflammation. Les
experts ont pu observer comment l’activité de neurones spécifiques dans le noyau parabrachial,
pouvait réguler la production de globules blancs impliqués dans la réponse immunitaire. « Cette
recherche démontre que l’activité neuronale du cerveau est capable, à elle seule, d’exercer un
effet puissant sur le développement des réponses immunitaires dans le contexte d’une infection
ou d’une blessure. Elle fournit donc un exemple clair de la puissante connexion bidirectionnelle
entre le corps et le cerveau. Et elle nourrit également notre ambition de découvrir l’impact de
notre cerveau sur notre façon de vivre avec les microbes, de combattre les agents pathogènes
ou de réparer les blessures », explique Gérard Eberl, responsable de l’unité
Microenvironnement et immunité à l’Institut Pasteur.

La découverte de ce circuit ouvre de nouvelles perspectives de recherche nourrissant
conjointement les domaines de la neurobiologie et de l’immunologie : « Cette étude nous donne
des clés supplémentaires pour mieux comprendre l’impact de l’inflammation systémique sur
notre cerveau, notre humeur et sur certains processus de neurodégénérescence », complète
Gabriel Lepousez, neurobiologiste au sein de l’unité Perception et mémoire (à l’Institut Pasteur /
CNRS).

Etant donné le rôle établi du noyau parabrachial dans les processus de mémoire aversive,
la réactivation de ce circuit en cas de rappel d’expériences inflammatoires ou aversives
passées pourrait permettre de devancer de potentielles menaces infectieuses. Grâce à cette
communication neuro-immune, le système immunitaire pourrait ainsi bénéficier des capacités
du cerveau à prédire et anticiper des menaces de notre environnement.

Ces travaux ont été financés par les organismes cités plus haut, ainsi que AG2R-LA
MONDIALE et la MTRL.

The parabrachial nucleus elicits a vigorous corticosterone feedback response to thepro-inflammatory cytokine IL-1beta, Neuron, 5 juin 2023
Ferdinand Jagot (1,2,3), Romane Gaston-Breton (1), Ana Jeemin Choi (1), Maud Pascal (1,2),
Lena Bourhy (2), Romane Dorado-Doncel (1), Karl-Klaus Conzelmann (4), Pierre-Marie Lledo
(2), Gabriel Lepousez (2), and Gérard Eberl (1,5).
(1) Institut Pasteur, Université de Paris Cité, INSERM U1224, Microenvironment and Immunity
Unit, F-75015 Paris, France.
(2) Institut Pasteur, Université de Paris Cité, CNRS UMR 3571, Perception and Memory Unit, F75015 Paris, France.
(3) PhD program, Ecole Doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (BioSpc), Université de Paris Cité,
Paris, France
(4) Max von Pettenkofer Institute Virology, Medical Faculty, and Gene Center, LMU Munich,
Germany
(5) Lead contact