Santé humaine

Édito

Controverses

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur google
Partager sur reddit
Partager sur tumblr
Partager sur pinterest

La nouvelle a défrayé la chronique : Monsanto a été condamné par le tribunal de San Francisco le 11 août à payer 289 millions de dollars à un jardinier américain atteint d’un cancer du système lymphatique, causé par l’usage répété de l’herbicide Round up contenant du glyphosate. Le jury a tranché. Bien sûr, le géant de l’agro-alimentaire a aussitôt fait appel et Scott Partridge, le vice-président du groupe de l’agro-alimentaire prétend qu’il doit y avoir erreur puisque 800 publications scientifiques et médicales ont démontré que cet herbicide utilisé quotidiennement dans le monde entier est sans risque pour la santé. L’avocat du jardinier, Me Robert Kennedy Junior, estime pour sa part que le procès de l’herbicide est à l’image du procès du tabac. « Pendant quarante ans, les industriels du tabac ont fait rédiger des articles en achetant des scientifiques et ont utilisé toutes les tactiques des relations publiques et juridiques pour embrouiller la science et semer le trouble ». Ce qui se passe aux États-Unis devrait gagner l’Europe, d’autant plus que Monsanto est désormais détenu par Bayer.

La cigarette dans les années 1920 a été un symbole d’émancipation pour les suffragettes américaines, causant ensuite les ravages que l’on sait en matière de cancer du poumon chez les femmes. La consommation d’alcool, encouragée par le marketing, s’est féminisée depuis vingt ans, en particulier chez les jeunes femmes « modernes et éduquées » des années 2000, allant jusqu’à créer des addictions. Dans de nombreux pays occidentaux, les femmes  boivent désormais presque autant que les hommes. Les professionnels de santé s’attendent donc à une augmentation du nombre de cancers du foie ou du sein dans cette population. Selon Santé Publique France, l’alcool est la deuxième cause évitable de mortalité prématurée en France, après le tabac, avec 49.000 morts par an.

Un verre de vin par jour est bénéfique pour la santé, du moins c’est ce qu’on croyait jusqu’à ce que la société américaine de cancérologie (ASCO) signale en janvier 2018 un risque de cancer accru à partir de 10 grammes d’alcool consommés par jour , soit un verre d’alcool. Et ce, pour des cancers de l’œsophage (+ 30%), de l’oropharynx (+ 17%) ou du sein (+ 5%). Les conclusions de l’étude scientifique publiée dans The Lancet le 23 août, à la veille des vendanges, par l’Université de Washington à Seattle sont encore plus lapidaires. Selon cette méta-étude effectuée par 500 chercheurs de 40 pays, au cours de 1200 études menées entre 1990 et 2016 dans 195 pays, l’alcool cause 3 millions de décès par an dans le monde et 12% des décès masculins entre 15 et 49 ans. Les chercheurs signataires concluent : « le niveau de consommation d’alcool qui diminue les dégâts pour la santé du consommateur est 0 ». N’en perdons pas notre latin : in vino veritas.

https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31571-X/fulltext