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COSMETIC VALLEY a fêté ses 25 ans

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Marc-Antoine Jamet, crédit Sylvain Bachelot

 

Tribune libre de Marc-Antoine Jamet, président de COSMETIC VALLEY

 

Dans le cadre, mi gothique, mi roman, de la collégiale Saint-André, un des plus beaux monuments de de Chartres (qui en comptent pourtant quelques-uns), le 27 juin dernier, 220 adhérents de Cosmetic Valley (sur les plus de 600 qu’elle rassemble), se pressaient, malgré la chaleur, pour assister à son assemblée générale. Il y était question d’anniversaire. Ensemble, PME, grands groupes, universités, associations et laboratoires publics ou privés, fêtaient, en effet, les 25 années du plus performant des pôles de compétitivité français. C’était l’occasion de rappeler que, depuis 1994 et aujourd’hui plus que jamais, ses équipes travaillent à mettre en place des actions fortes pour assurer l’avenir de la filière française de parfumerie-cosmétique et lui conserver son leadership mondial. On ne peut guère s’étonner, dès lors, que la feuille de route pour les années à venir, présentée à cette occasion, soit ambitieuse. Comment pourrait-il en être autrement ? Notre cluster d’excellence est devenu, à la faveur de la récente reconduction de son label de « pôle de compétitivité », le pôle « national » de la filière ».

 

Il est vrai que, premier exportateur mondial avec une part de marché qui atteint 13,65 %, l’industrie française de la parfumerie-cosmétique évolue sur un marché global en pleine croissance. Son chiffre d’affaires est supérieur à 716 milliards de $. Avec un taux de croissance annuel moyen de 5,9%, COSMETIC VALLEY, est un des moteurs essentiels de cette dynamique. Composé de 246 000 professionnels et de 3.200 entreprises, son écosystème constitue un véritable « tissu industriel à l’Allemande » alliant grands groupes et PME (elles représentent 80 % de nos adhérents), acteurs privés et acteurs publics, laboratoires, universités et établissements de formation issus de tous les métiers de la cosmétique.

 

Sur ce socle de force, l’objectif de COSMETIC VALLEY est de déployer et d’amplifier une dynamique collective afin de permettre à la marque France de poursuivre, dans le secteur cosmétique, sa success story. Pour cela le pôle affiche plusieurs priorités :

 

Mobiliser les énergies autour du « Made in France », en investissant sur les 4 piliers qui différencient l’offre hexagonale et font la durabilité de son succès (l’authenticité des ingrédients, l’innocuité et la sécurité des produits, la performance dans l’innovation et l’éco-compatibilité des process), en élargissant le réseau grâce à l’ouverture de nouvelles antennes régionales, comme nous l’avons déjà fait à Caen et Bordeaux, par exemple à Marseille, en multipliant les synergies avec les organismes professionnels comme la FEBEA (Fédération des entreprises de beauté), la Société française de Cosmétologie ou la Société française des Parfumeurs, ainsi que les acteurs privés et les opérateurs publics de la recherche comme le CNRS et le Synchrotron Soleil.

 

Préserver l’identité de chaque territoire et renforcer leur attractivité. La création des domaines d’excellence stratégique territoriale (DEST) a été l’outil parfait pour atteindre cet objectif. Ils ont été définis afin de permettre à chaque collectivité de valoriser son expertise, de conserver sa singularité (sa spécialité…) et de développer son énergie propre au sein de la filière : packaging en Normandie, lipochimie et valorisation des agro-ressources à Bordeaux en Nouvelle-Aquitaine, tests et mesures dans le Val-d’Oise, olfaction dans le Yvelines. Concrètement, cela signifie que chacun de ces territoires capitalise sur ses points forts par le développement de projets de recherche, la création de plateformes technologiques et l’organisation de congrès et de formations dédiées, au bénéfice tant de cette spécialisation que sur l’ensemble de la filière cosmétique française que de la croissance, l’emploi, et l’attractivité des territoires. Depuis sa création en 1994, le pôle a par ailleurs vu sur son territoire la création de 50 nouveaux sites industriels, générateurs de 300 nouveaux emplois chaque année, dont deux usines Guerlain à Chartres et Orphin, le site Alban Muller près de Chartres, le centre de recherche  LVMH Recherche et le centre logistique  Caudalie près d’Orléans, mais aussi des sites de marques étrangères attirées par notre écosystème, à l’instar du Japonais Shiseido, de l’espagnol Puig ou encore du taiwanais Beihao.

 

 

Développer les liens avec d’autres associations, clusters et technopoles comme Capbiotek en Bretagne, dédié à l’innovation en biotechnologies ; le réseau de compétences A3P à Lyon ; le Biopôle de Clermont-Limagne dédié aux sciences du vivant. Au-delà des frontières nationales, le pôle travaille à constituer un réseau mondial de clusters cosmétiques  pour mutualiser les énergies, générer des partenariats industriels et projets de recherche. Il a ainsi initié, avec le soutien de la Commission européenne, le cluster européen « Cosmetics4Wellbeing » et a lancé, il y a bientôt 3 ans, le Global Cosmetic Clusters qui fédère aujourd’hui 25 clusters dans le monde.

 

Stimuler l’innovation en développant la R&D. A l’instar des grands clusters qui tirent leurs performances de leur capacité à mettre la science et les universités au cœur même de leurs réseaux, COSMETIC VALLEY impulse une dynamique de recherche en cosmétique aux plans national et européen. Le pôle poursuit quelques 350 projets collaboratifs de recherche, pour un encours de 400 millions d’euros. COSMETIC VALLEY travaille par ailleurs à donner à la recherche en cosmétique ses lettres de noblesse. Pour faire reconnaître les sciences cosmétiques, mettre en place des outils stratégiques et renforcer la capacité d’innovation de la filière, le pôle a noué un partenariat de référence avec le CNRS qui a débouché,  en 2015, sur la création du  « Groupement de recherche Cosm’actifs » fédérant plus de 50 laboratoires autour de 4 axes de travail : sourcing (bioactifs/ ingrédients), formulation et vectorisation, cibles et modèles biologiques, innocuité et conservation. Il est aussi à l’initiative d’autres dispositifs dédiés comme Cosmetosciences, grand programme de recherche et de formation sur la cosmétique qui est porté par l’Université d’Orléans en partenariat avec l’Université de Tours, le CNRS, le Studium et qui est financé par la région Centre-Val de Loire.

 

L’ensemble de ces innovations a désormais un rendez-vous mondial : le salon international de l’innovation cosmétique, COSMETIC 360,dont la 5ème édition aura lieu les 16 et 17 octobre prochains à Paris au Carrousel du Louvre. Cet événement majeur rassemble chaque année plus de 5000 visiteurs, 300 exposants venus de 50 pays, les donneurs d’ordre principaux du secteur au niveau mondial et de nombreuses PME et TPE sans parler des startups.

 

Donner une vitrine à la filière française avec la future Maison de la Cosmétique de Chartres, construite par le cabinet Search, soutenue par la métropole chartraise, dont l’ouverture est prévue en 2021. Lieu d’échange des idées, des compétences et des métiers, vecteur de créativité et d’innovation, cet outil stratégique permettra au pôle de jouer, nationalement et internationalement, son rôle à la tête de la filière. Sur trois niveaux et dans un bâtiment patrimonial, à côté de la Cathédrale, les PME y trouveront un lieu de travail et de formation, les startups de la Beauty Tech y seront accompagnées et incubées, les délégations étrangères y découvriront un concentré de notre histoire, de nos savoir-faire et de notre créativité. Dès 2019, un projet de Beauty Fab Lab sur le maquillage y sera lancé.

 

Accompagner les PME sur les marchés d’exportation . Le pôle déploie depuis 1996 une action d’accompagnement des PME françaises sur les principaux salons professionnels dans le monde, à Las Vegas, à Shanghai et Hong Kong, à Bologne. Il le fait sous la marque « COSMETIC VALLEY FRANCE » dont la notoriété est incontestable à l’international.

 

C’est un point capital. Notre filière, mais aussi les collectivités locales et l’Etat, ont investi 37 millions d’€ sur 20 ans sur cette marque. Il est essentiel que les pouvoir publics s’y rallient et que ce soit autour d’elle que Business France contribue à la mise en place de pavillons français dans des grands salons internationaux, ainsi que nous le faisons sur le China Beauty Export à Shanghaï, et à l’organisation de missions internationales, comme nous venons d’en conduire au Mexique et en Malaisie, en en confiant plus largement l’organisation et la gestion au Pôle pour moins d’argent et plus d’efficacité. S’appuyer sur le pôle en le co-finançant pour atteindre ces objectifs, en profitant la force de sa marque, en permettant à ses entreprises de « chasser en meute », serait une bonne solution que l’Allemagne et d’autres amis, partenaires et concurrents européens n’ont jamais mis en place que depuis deux ou trois décennies. C’est ce que nous avons pu dire récemment, lors des Cosmetic Victories, à Bercy, à la Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, qui s’est montré ouverte à une telle évolution. Les Français sont, disaient certains, des Gaulois réfractaires. Ils ont bâti à Chartres de superbes collégiales au XIIème siècle pour élever leur âme. Il serait dommage qu’ils ne parviennent pas à saisir les atouts qui sont les leurs, neuf siècles plus tard, pour conserver leur capacité industrielle, développer leur influence économique, assoir leur leadership technologique, car ce sont les instruments et les fondements de la puissance culturelle et scientifique de la France.