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Communiqué de presse

COVID-19 : Identification d’anticorps monoclonaux neutralisants à large spectre

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15 JUIN 2022

Les différents variants du SARS-CoV-2 circulant actuellement sont certes
responsables de moins de formes sévères dans la population générale vaccinée,
mais les personnes immunodéprimées présentent un risque accru de développer
des formes graves de la COVID-19. Les anticorps monoclonaux représentent
actuellement la meilleure option thérapeutique pour traiter ces patients de
manière préventive et curative. Des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm
ont identifié chez des convalescents deux anticorps neutralisants puissants,
actifs sur l’ensemble des variants préoccupants du SARS-CoV-2. Ces anticorps
humains sont considérés comme des candidats prometteurs pour le
développement d’immunothérapies pour la prévention des formes graves et/ou le
traitement de la COVID-19. Ces résultats sont publiés dans The Journal ofExperimental Medicine, le 15 juin 2022

Les anticorps et les lymphocytes B mémoires dirigés contre la protéine de spicule1 du SARS-CoV-2, ou protéine S, contribuent à la protection et l’immunité à long terme contre les formes sévères de la COVID-19. Celles-ci peuvent également être prévenues par des immunothérapies à base d’anticorps neutralisants chez les sujets ne répondant pas à la
vaccination, comme par exemple les immunodéprimés qui représentent environ 230 000 personnes en France. Les avantages thérapeutiques des anticorps dits « monoclonaux² » anti-SARS-CoV-2 ont déjà étés démontrés dans des essais cliniques pour traiter les malades atteints de COVID-19 et prévenir l’évolution vers des formes graves.

Dans cette étude réalisée par les scientifiques du laboratoire d’Immunologie humorale à
l’Institut Pasteur (unité mixte Inserm) dirigé par le Dr Hugo Mouquet et en collaboration avec de
nombreuses équipes de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, l’immunité contre le SARS-CoV-2 chez
des convalescents COVID-19 a été explorée par des analyses exhaustives des anticorps
ciblant la protéine S du SARS-CoV-2 et ceci, au niveau sérologique (anticorps circulants dans
le sang), cellulaire (les lymphocytes B qui produisent les anticorps), et moléculaire (étude
d’anticorps monoclonaux). En particulier, la caractérisation détaillée d’une centaine d’anticorps
monoclonaux humains spécifiques de la protéine S du SARS-CoV-2, clonés à partir des
cellules B mémoires isolées de sujets convalescents, a permis de révéler la diversité
notamment de leurs fonctions antivirales, telles que la neutralisation ou l’élimination des cellules
infectées.

« Parmi les anticorps neutralisants puissants identifiés, deux anticorps Cv2.1169 et Cv2.3194,
sont à large spectre, c’est-à-dire actifs sur l’ensemble des variants préoccupants du SARS-CoV-2 : Alpha, Beta, Gamma, Delta, Omicron BA.1 et BA.2. L’anticorps monoclonal Cv2.1169,
testé dans des modèles animaux de l’infection SARS-CoV-2, s’est révélé posséder une activité
prophylactique (prévention) et thérapeutique in vivo », commente Hugo Mouquet, responsable
du laboratoire d’Immunologie humorale à l’Institut Pasteur (unité mixte Inserm).

L’anticorps Cv2.1169 ayant été isolé à partir d’un lymphocyte B issu de tissus muqueux, la
présence de ce type d’anticorps dans les muqueuses d’individus convalescents pourrait donc
participer à la protection contre l’infection par des variants du SARS-CoV-2.

« Ces anticorps monoclonaux humains neutralisants puissants et à large spectre représentent
des candidats prometteurs pour le développement d’immunothérapies chez l’homme ayant pour
but la prévention et/ou le traitement du COVID-19 », ajoute Hugo Mouquet.

Dans ce contexte, une demande internationale de brevet a été déposée par l’Institut Pasteur pour
protéger les anticorps neutralisants identifiés dans cette étude [“Human neutralizing monoclonal
antibodies against SARS-CoV-2 and their use thereof” (PCT/EP2022/058777)]. Cette demande
de brevet fait l’objet d’une licence exclusive et mondiale avec SpikImm, une société de
biotechnologies créée par Truffle Capital et l’Institut Pasteur, qui développe ces anticorps,
comme des anticorps faciles à administrer (voie intramusculaire) et à action prolongée pour la
prévention de la COVID-19 (prophylaxie pré-exposition) chez les patients immunodéprimés
souvent faiblement ou non répondeurs après un schéma vaccinal complet. SpikImm prévoit
d’initier des essais cliniques dès juillet 2022. Le Comité ad-hoc de pilotage national des essais
thérapeutiques et autres recherches (CAPNET) a récemment attribué le label de « Priorité
nationale de recherche » pour cette étude de phase 1.

1 Ou protéine Spike
2 Les anticorps monoclonaux sont des anticorps fabriqués par des cellules en culture pour traiter des maladies spécifiques.

Potent Human Broadly SARS-CoV-2 Neutralizing IgA and IgG Antibodies Effective AgainstOmicron BA.1 and BA.2, Journal of Experimental Medicine, 15 juin 2022

Cyril Planchais1,2, Ignacio Fernández3,4, Timothée Bruel4,5,18, Guilherme Dias de Melo6,18, Matthieu
Prot7,18, Maxime Beretta1,2, Pablo Guardado-Calvo3,4, Jérémy Dufloo4,5, Luis M. Molinos-Albert1,2, Marija
Backovic3,4, Jeanne Chiaravalli8, Emilie Giraud8, Benjamin Vesin9,10, Laurine Conquet11, Ludivine
Grzelak4,5, Delphine Planas4,5, Isabelle Staropoli4,5, Florence Guivel-Benhassine4,5, Thierry Hieu12, Mikaël
Boullé8, Minerva Cervantes-Gonzalez13, Marie-Noëlle Ungeheuer14, Pierre Charneau9,10, Sylvie van der
Werf4,15,16, Fabrice Agou8, French COVID Cohort Study Group# , CORSER Study Group#, Jordan D.
Dimitrov17, Etienne Simon-Lorière7,19, Hervé Bourhy6,19, Xavier Montagutelli11,19, Félix A. Rey3,4,19, Olivier
Schwartz4,5,19, Hugo Mouquet1,2,20

1 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Laboratory of Humoral Immunology, F-75015 Paris, France
2 INSERM U1222, F-75015 Paris, France
3 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Structural Virology Unit, F-75015 Paris, France
4CNRS UMR3569, F-75015 Paris, France
5 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Virus & Immunity Unit, F-75015 Paris, France
6 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Lyssavirus Epidemiology and Neuropathology Unit, F-75015 Paris,
France
7 Institut Pasteur, Université Paris Cité, G5 Evolutionary Genomics of RNA Viruses, F-75015 Paris,
France
8 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Chemogenomic and Biological Screening Core Facility, C2RT, F75015 Paris, France
9 Pasteur-TheraVectys, F-75015 Paris, France
10 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Molecular Virology & Vaccinology Unit, F-75015 Paris, France
11 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Mouse Genetics Laboratory, F-75015 Paris, France
12 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Functional Genetics of Infectious Diseases Unit, F-75015 Paris,
France
13 Department of Epidemiology, Biostatistics and Clinical Research, Assistance Publique-Hôpitaux de
Paris, Bichat Claude Bernard University Hospital, INSERM CIC-EC 1425, Paris, France
14 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Investigation Clinique et Accès aux Ressources Biologiques
(ICAReB), Center for Translational Research, F-75015 Paris, France
15 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Molecular Genetics of RNA Viruses, F-75015 Paris, France
16 Université de Paris, Paris, France
17 Centre de Recherche des Cordeliers, INSERM, Sorbonne Université, Université de Paris, 75006 Paris,
France
18 Equal contribution.
19 These senior authors contributed equally.
20 Lead contact.

DOI: 10.1084/jem.20220638

A propos de l’Institut Pasteur
Fondation reconnue d’utilité publique, créée par décret en 1887 à l’initiative de Louis Pasteur,
l’Institut Pasteur est aujourd’hui un centre de recherche biomédicale de renommée
internationale. Pour mener sa mission dédiée à la lutte contre les maladies, en France et dans
le monde, l’Institut Pasteur développe ses activités dans quatre domaines : recherche, santé
publique, formation et développement des applications de la recherche. Leader mondial
reconnu dans le domaine des maladies infectieuses, de la microbiologie et de l’immunologie,
l’Institut Pasteur se consacre à l’étude de la biologie du vivant. Ses travaux portent ainsi sur les
maladies infectieuses émergentes, la résistance aux antimicrobiens, certains cancers, les
maladies neurodégénératives et les pathologies de la connectivité cérébrale. Pour renforcer
l’excellence de ses recherches, l’Institut Pasteur dispose et développe un environnement
technologique de très haut niveau, comme en nano-imagerie ou en biologie computationnelle et
intelligence artificielle. Depuis sa création, 10 chercheurs travaillant au sein de l’Institut Pasteur
ont reçu le prix Nobel de médecine, les derniers en 2008 à titre de reconnaissance de leur
découverte en 1983 du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida.
Depuis le 1er juillet 2021, l’Institut Pasteur est un organisme de recherche partenaire
d’Université Paris Cité.
L’Institut Pasteur est un des membres du Pasteur Network, un réseau mondial de 33 membres
sur les cinq continents, unis par des valeurs pasteuriennes communes, qui contribuent à
l’amélioration de la santé humaine.