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Communiqué de presse
Covid-19 : une très grande majorité des malades atteints d’une forme mineure développent des anticorps séro-neutralisants
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Des équipes du CHU de Strasbourg et de l’Institut Pasteur ont réalisé une enquête auprès du personnel hospitalier des deux sites des Hôpitaux Universitaires Strasbourg. Grâce à la participation de 160 personnes, atteintes de formes mineures de la maladie Covid-19, les chercheurs ont pu constater que près de la totalité des malades ont développé des anticorps dans les 15 jours suivant le début de l’infection. Par ailleurs, chez 98% d’entre eux, des anticorps neutralisants ont été détectés après 28 jours. Cela tend à prouver que, même pour les formes mineures de la maladie, les personnes atteintes développent des anticorps qui pourraient leur conférer une immunité pendant plusieurs semaines suite à l’infection. Ces résultats font l’objet d’une pré-publication sur le site de MedRxiv.
La réponse immunologique des individus atteints de formes mineures d’infection par le SRASCoV-2 reste mal caractérisée.
Des équipes du CHU de Strasbourg et de l’Institut Pasteur ont étudié 160 volontaires, membres du personnel hospitalier des deux sites des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, infectés par le SRAS-CoV-2 (et diagnostiqués positifs par PCR) et qui ont développé des formes mineures de la maladie n’ayant pas nécessité une hospitalisation.
La présence d’anticorps anti SRAS-CoV-2 a été mesurée par deux techniques, un test de diagnostic rapide et un test mis au point par l’Institut Pasteur (appelé S-Flow). L’activité neutralisante des anticorps a été mesurée avec un test dit de neutralisation de pseudovirus.
Le délai médian entre l’apparition des symptômes et le prélèvement d’échantillons sanguins était de 24 jours (entre 13-39 jours). Le test immunodiagnostic rapide a détecté des anticorps dans 153 (95,6%) des échantillons et le test S-Flow dans 159 (99,4%). Des anticorps neutralisants (NAbs) ont été détectés dans 79%, 92% et 98% des échantillons prélevés, respectivement 13-20, 21-27 et 28-41 jours après le début des symptômes.
Cette étude montre que des anticorps contre le SRAS-CoV-2 sont présents chez pratiquement tout le personnel hospitalier testé préalablement positif par PCR. L’activité neutralisante des anticorps augmente au fil du temps, ce qui suggère que les personnes développent une immunité potentiellement protectrice.
« On savait que les personnes atteintes de formes sévères de la maladie développaient des anticorps dans les 15 jours qui suivaient le début des signes. On sait maintenant que c’est également vrai pour ceux qui font des formes mineures, même si les taux d’anticorps sont vraisemblablement plus faibles » commente Arnaud Fontanet, un des auteurs de l’étude et responsable du département Santé globale à l’Institut Pasteur.
« Notre étude montre que les niveaux d’anticorps sont, dans la plupart des cas, compatibles avec une protection contre une nouvelle infection par SRAS-CoV-2, au moins jusqu’à 40 jours après le début des signes. L’objectif maintenant est d’évaluer sur le long terme la persistance de la réponse anticorps et sa capacité de neutralisation associée chez ces personnels soignants » déclarent Timothée Bruel et Olivier Schwartz, respectivement chercheur et responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
« Les résultats de cette étude sont très encourageants pour les personnes déjà infectées par le virus car même en ayant développé une forme légère de la COVID19 elles sont capables de générer des anticorps protecteurs qui sont présents au moins 40 jours après le début des symptômes, reste à vérifier leur persistance dans le temps. Ces résultats sont également une bonne nouvelle pour les futures stratégies vaccinales » conclut le professeur Samira FafiKremer, chef du service virologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et première auteure de l’étude.
Serologic responses to SARS-CoV-2 infection among healthcare workers with mild disease in eastern France, MedRxiv, 26 mai 2020
Samira FAFI-KREMER1,2*, Timothée BRUEL3*, Yoann MADEC4, Rebecca GRANT4, Laura TONDEUR4, Ludivine GRZELAK3,5, Isabelle STAROPOLI3, François ANNA6, Philippe SOUQUE7, Catherine SCHMIDTMUTTER8, Nicolas COLLONGUES8, Alexandre BOLLE8, Aurélie VELAY1,2 , Nicolas LEFEBVRE9, Marie MIELCAREK10, Nicolas MEYER10,11, David REY12, Pierre CHARNEAU6,7, Bruno HOEN16, Jérôme De SEZE8,17, Olivier SCHWARTZ3** and Arnaud FONTANET4,18**
1 CHU de Strasbourg, Laboratoire de virologie, F-67091 Strasbourg, France
2 Université de Strasbourg, INSERM, IRM UMR_S 1109, Strasbourg, France.
3 Virus & Immunity Unit, Department of Virology, Institut Pasteur, Paris, France, CNRS UMR 3569, Paris, France; Vaccine Research. Institute, Creteil, France
4 Institut Pasteur, Emerging Diseases Epidemiology Unit, Paris, France
5 Université de Paris, Sorbonne Paris Cité, Paris, France 6 Pasteur-TheraVectys joined unit
7 Molecular Virology & Vaccinology Unit, Department of Virology, Institut Pasteur, Paris, France.
8 Centre d’investigation Clinique INSERM 1434 Strasbourg, France
9 CHU de Strasbourg, Service des infectieuses et tropicales, F-67091 Strasbourg, France
10 CHU de Strasbourg, Service de santé Publique, GMRC, F-67091 Strasbourg, France
11 Université de Strasbourg, CNRS, iCUBE UMR 7357, Strasbourg, France
12 CHU de Strasbourg, Pôle SMO, le Trait d’Union, F-67091 Strasbourg, France
13 Molecular Genetics of RNA Viruses, Department of Virology, Institut Pasteur CNRS UMR 3569, Université de Paris, Paris, France
14 National Reference Center for Respiratory Viruses, Institut Pasteur, Paris, France 15 Center for Innovation and Technological Research, Institut Pasteur, Paris, France 16 Direction de la recherche médicale, Institut Pasteur, Paris, France
17 CHU de Strasbourg, Service de Neurologie, F-67091 Strasbourg, France
18 Conservatoire National des Arts et Métiers, PACRI Unit, Paris, France * Co-first authors ** Co-last authors