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Édito

Déconfinement : zone rouge ou zone verte ?

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Alors qu’un tiers de l’activité s’est arrêtée en France à cause du confinement, le pays est entré en récession, accusant une baisse de 6% du PIB. La crise économique qu’entraînera la pandémie covid-19 sera pire que celle de 2008 présagent les économistes. « Avec Holer Scholtz, nous avons trouvé un accord sur l’économie européenne pour lever de la dette sur le futur ce qui permettra d’étaler la dépense dans le temps, ce qui est plus réaliste que de débourser de l’argent maintenant. En France, le gouvernement prévoit d’apporter des prêts garantis aux industriels » déclarait Bruno Le Maire, lors de la conférence de presse du 8 avril ajoutant « tout est possible, tout est envisageable. »

Selon un dossier IPSOS, l’inquiétude des français sur la pandémie et la sortie du confinement est élevée, et plus encore sur ses conséquences économiques.

Edouard Philippe présentait le 28 avril à l’Assemblée nationale le plan de fin du confinement qui sera mis en application le 11 mai. Un plan de confinement conditionnel qui a été adopté par 368 voix contre 100. « Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas au 11 mai. Hier, j’ai reçu des indicateurs de la Direction de la Santé qui n’étaient pas aussi bons que prévus » a mis en garde le premier ministre qui reste prudent alors que la décrue des patients hospitalisés Covid-19 s’amorce (-200 cas par jour) et qu’en Allemagne le nombre de cas repart à la hausse après une période de déconfinement plus précoce qu’en France.

Le bilan du coronavirus au 29 octobre est de 24.000 morts en France avec 427 nouveaux cas en 24 h. Sans le déconfinement, il aurait pu atteindre 500.000 morts. Les mesures prises le 15 mars ont permis d’atteindre un R0 (taux de transmission) de 0,5 % en France, plus faible aujourd’hui que celui de l’Allemagne qui est de 1 %. Ce qui explique les réserves du premier ministre alors même que le pic de l’épidémie semble dépassé. D’autant qu’il n’existe à ce jour ni traitements ni vaccins avant au moins 18 mois. 

Edouard Philippe annonce un déconfinement reposant sur trois principes : “protéger, tester et isoler“. Pour rendre possible une reprise de l’activité dans les entreprises, les mesures de distanciation sociale resteront de rigueur ainsi que le lavage des mains. Le port du masque sera obligatoire dans les entreprises ainsi que dans les transports qui redémarreront progressivement (à 70 % à la RATP), et seront réservés à ceux qui travaillent avec une réorganisation des flux. A compter du 11 mai, Les déplacements seront autorisés dans une limite de 100 kms et au delà devront être justifiés pour des raisons “impérieuses”, familiales ou professionnelles.

Dans une soixantaine de professions, des protocoles de retour au travail par activités sont en préparation avec les collectivités et les organismes professionnels.

La production de masques en France a été multipliée par 5 en avril. « Nous recevons actuellement 100 millions de masques chirurgicaux par semaine et 20 millions de masques grand public lavables par semaine » précise le premier ministre. Il est toujours possible de fabriquer soi-même ses propres masques en tissus grâce aux conseils diffusés sur le site de l’AFNOR et de l’ANSM.

Suivant les recommandations de l’OMS de tester, la France disposera de 700 000 tests virologiques par semaine. « Le Conseil scientifique nous dit qu’il y aura entre 1000 à 3000 nouveaux cas par jour. Si une personne est contaminée, il faut que les 20 à 25 personnes de son entourage soient testées. Un calcul donne donc 525.000 tests ». Il prévoit donc une marge de réserve.

Les laboratoires publics et privés garantiront un accès de proximité à 100 % pour ces test faciles et rapides. La nouveauté : les laboratoires de recherche et les laboratoires vétérinaires pourront également réaliser les tests. Les médecins généralistes seront en première ligne pour faire ce dépistage et des brigades sanitaires (idéalement 30 000 personnes selon Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique Covid-19) seront chargées de remonter la liste des cas contacts (contact tracing).

Isoler au plus vite pour casser les chaînes de transmission. Les préfets et autorités territoriales vont définir les plans d’accompagnement de ces personnes diagnostiquées Covid+ qui pourront être isolées chez elle, avec tout leur foyer ou bien dans les hôtels réquisitionnés.

Selon un sondage Ipsos, les français sont divisés sur l’utilisation de l’application StopCovid installée sur leur téléphone portable pour alerter toutes les personnes contact ayant côtoyé un malade atteint du Covid afin d’enrayer l’épidémie. « Ces questions devront être débattues et faire l’objet d’un vote ultérieur » a affirmé Edouard Philippe.

« La décision de déconfinement reposera le 7 mai sur trois critères : si le taux de cas sur 7 jours reste élevé, si la capacité hospitalière en réanimation reste tendue, si le système local de test et de détection n’est pas suffisant. La France sera divisée en zones vertes et rouges avec un déconfinement modulé par département qui reposera sur ces critères ». Le Directeur Général de la santé, Jérôme Salomon, présentera le 7 mai la carte définitive des départements. Une carte provisoire sera présentée d’ici là chaque jour par la DGS. La plus grande discipline est requise jusque-là pour éviter le relâchement de la population et éviter une résurgence de l’épidémie.

La France n’est pas le seul pays en Europe à reprendre une activité économique progressive.
« Nous rouvrons le secteur manufacturier à partir du 4 mai ainsi que le secteur du commerce de gros pour ces filières, c’est une étape très importante » a déclaré Guiseppe Conte, le chef du gouvernement italien. La BCE qui a débloqué 750 milliards d’euros (Mds €) pour la zone euro devrait lancer un plan d’urgence pour l’Italie qui a vu sa note dégradée le 29 avril. Et de fait, selon les économistes, il faudrait 1000 Mds € pour soutenir la reprise dans les pays les plus durement touchés par la crise : France, Espagne, Italie, Allemagne. La FED américaine a injecté 6600 Mds $ à ce jour pour soutenir l’économie américaine « tandis que le bilan des morts dues au coronavirus vient de dépasser celui de la guerre du Vietnam ». Quant à Boris Johnson, le premier ministre anglais, hospitalisé dans un état grave du 5 au 12 avril,  il a différé l’arrêt du confinement déclarant : « Je refuse de gâcher les effets des sacrifices des britanniques et de risquer un rebond de l’épidémie avec une perte massive des vies et la saturation des capacités de la NHS ». En harmonie avec l’Europe.