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Communiqué de presse
Détecter l’inflammation chronique dans la schizophrénie
Communiqué de presse
2 juin 2021
L’inflammation chronique peut entraîner un risque de maladies cardio-vasculaires chez les personnes avec une schizophrénie. Des chercheurs du réseau des Centres Experts FondaMental Schizophrénie ont établi un nouveau seuil de détection de l’inflammation, en vue d’adapter les prises en charge et les traitements chez les personnes à risque.
Prévenir les risques de l’inflammation chronique
L’inflammation est une réaction de défense de l’organisme face à une agression physique ou biologique. Il s’agit d’un processus immunitaire habituellement bénéfique mais il peut devenir délétère si un dysfonctionnement intervient. Ainsi, chez certaines personnes avec une schizophrénie, l’inflammation peut devenir chronique. Ce phénomène a un impact majeur sur la santé des personnes, avec pour conséquence d’augmenter le risque de cancer et de maladies cardio-vasculaires, qui sont les premières causes de mortalité après 35 ans dans la schizophrénie.
Pour le Dr Guillaume Fond, psychiatre aux Hôpitaux Universitaires de Marseille, « repérer l’inflammation dans la schizophrénie représente donc un enjeu majeur dans le soin, puisqu’elle peut conduire à proposer des traitements spécifiques.»
Mieux comprendre l’impact de l’inflammation sur le fonctionnement et sur la maladie
Pour cette étude, les chercheurs du réseau des Centres Experts Schizophrénie de la Fondation FondaMental ont inclus 580 patients issus de la cohorte de suivi FACE-SZ.
Les patients avaient un taux de C-reactive protéine ultrasensible (ou CRP, un marqueur courant de l’inflammation) compris entre 0 et 3 mg/L, ce qui est couramment considéré comme une absence d’inflammation en pratique clinique.
Pourtant, des études cardiologiques réalisées par des équipes américaines suggèrent, au contraire, qu’un taux compris entre 1 et 3 mg/L représente un risque intermédiaire de maladie cardio-vasculaire. Les résultats de l’étude menée au sein des Centres Experts ont permis de montrer que les patients qui avaient des taux de CRP ultrasensible compris entre 1 et 3 mg/L avaient plus de risque d’avoir des symptômes positifs (désorganisation, hallucinations), négatifs (repli sur soi, manque d’énergie) et cognitifs (altérations des capacités de concentration, de mémoire, de raisonnement, etc.) de la schizophrénie que les patients ayant une CRP indétectable.
Ces mêmes patients présentaient également un niveau de fonctionnement plus faible, c’est-à-dire une diminution des capacités d’accomplir les activités de la vie quotidienne. Une étude des Centres Experts Schizophrénie, réalisée en 2016, avait déjà mis en évidence des scores de fonctionnement intellectuel général (i.e. le quotidien intellectuel) plus bas chez les sujets qui présentaient une inflammation périphérique chronique. Les résultats ont montré que ces personnes manifestaient des altérations globales de leurs capacités de mémoire, de concentration, d’apprentissage et de raisonnement. Comme l’inflammation a été identifiée comme un accélérateur du vieillissement cellulaire chez les personnes âgées, l’hypothèse mise en avant présupposait que l’inflammation pouvait conduire à un « vieillissement précoce » du cerveau et donc des fonctions cognitives dans la schizophrénie.
Un nouveau seuil de détection de l’inflammation chronique
Cette étude suggère donc que les personnes avec une schizophrénie dont le taux de CRP est compris entre 1 et 3 mg/L présentent un risque élevé de développer des troubles associés à l’inflammation. « Nous proposons désormais de considérer le seuil de 1mg/L comme le seuil de détection de l’inflammation dans la schizophrénie. » préconise le Dr Guillaume Fond. « Tout patient peut recevoir sur prescription de son médecin un dosage de CRP ultrasensible, remboursé et effectué dans un laboratoire de ville. » Le surpoids et l’absence de soins dentaires ont également été identifiés comme des facteurs de risque d’inflammation. La perte de poids et le traitement des problèmes dentaires apparaissent comme deux mesures primordiales à prendre en compte dans le suivi, afin d’améliorer la prise en charge de l’inflammation dans la schizophrénie.
Source : Fond G et al. // Progress in Neuropsychopharmacology & Biological Psychiatry // Redefining peripheral inflammation signature in schizophrenia based on the real-world FACE-SZ cohort