Santé humaineDiagnostics
Actualité
Freinage de l’épidémie de Covid-19
Plus de 118.619 cas dans le monde, 100 pays touchés. « “Nous avons estimé que le Covid-19 peut être caractérisé comme une pandémie“, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse à Genève ce mercredi. Le “risque élevé d’épidémie” déjà annoncé par l’OMS début mars a déclenché un krach boursier la semaine dernière. Sur le plan politique, plusieurs modèles de gestion de la crise sanitaire sont adoptés selon les pays. On saura plus tard, une fois la crise dépassée lesquels auront été les plus efficaces.
La Chine a réagi très vite et pris des mesures drastiques de confinement des 11 millions d’habitants de Wuhan, foyer de l’épidémie de Covid-19 en janvier 2020, étendues à d’autres villes ensuite. Quitte à enrayer l’économie mondiale. Cette stratégie étatique a permis de « juguler l’épidémie » selon les mots du président chinois qui arborait un masque bleu turquoise, le 11 mars à Wuhan. « La venue de Xi Jinping à Wuhan intervient après l’annonce le jour même par le ministère de la Santé de chiffres encourageants pour la Chine, avec seulement 19 nouvelles contaminations au cours des dernières 24 heures. Une chute spectaculaire par rapport aux centaines de contaminations annoncées quotidiennement en février, signe que les mesures drastiques de confinement portent leurs fruits » rapporte l’agence Reuters. Le pic de l’épidémie semble atteint et l’économie à l’arrêt durant deux mois en Chine est relancée.
Taïwan, Hong-Kong et Singapour ont également pris très vite des mesures drastiques pour limiter l’expansion du virus, le SRAS de 2003 étant resté très présent à leurs mémoires. Résultat : très faible mortalité.
« Nous sommes au début de l’épidémie » déclarait le même jour le président Emmanuel Macron, au Samu-15 à l’Hôpital Necker. Le 12 mars à 20 h, il s’adressera aux français. Que pourrait-il leur dire, à trois jours de municipales ? Annoncer le passage au stade 3 de l’épidémie? Avec au moins 33 décès et 1784 cas de Covid-19 confirmés le 11 mars, selon le bilan quotidien de Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé, la France est le deuxième pays européen le plus touché derrière l’Italie (10.609 cas, 631 morts). L’Espagne et l’Allemagne suivent. Chez nos voisins transalpins, le Président du Conseil, a annoncé le 10 mars le confinement de 60 millions habitants : « Tutti in casa ».
Nous suivons la courbe de l’Italie avec une quinzaine de jours de décalage. Faut-il anticiper de telles mesures? L’Italie avait supprimé très tôt ses vols en direction de la Chine. Les tests ont été généralisés quand ce pays en était encore à 6000 cas. Aujourd’hui, la situation est alarmante, nombre restreint de lits, médecins en quarantaine, dans un pays où le système de santé est pourtant considéré comme un des meilleurs au monde. « Nous devons privilégier les jeunes et ceux qui ont le plus de chance de s’en sortir » déclarait à la télévision, les larmes aux yeux, le directeur de l’hôpital de Bergame où l’on manque cruellement de défibrillateurs, de respirateurs ou d’appareils de réanimation. Une situation de guerre…
Ne pas engorger les hôpitaux
Le Covid-19 est plus contagieux qu’agressif. C’est une question de gestion des flux. Il faut compter le nombre de morts et évaluer la capacité du système de santé à assumer la montée en puissance des cas sévères pris en charge dans les hôpitaux, 5% de la totalité des cas de contaminations, dont 80 % sont asymptomatiques. Comme le résume le Pr Anne-Claude Crémieux (C’est dans l’air du 10 mars sur France 5). « Si le système de santé est engorgé, la mortalité va augmenter ».
Médecin lui-même, Olivier Véran, le ministre de la santé, prône un modèle de « freinage de la propagation de l’épidémie » en adoptant des mesures proportionnelles aux risques encourus : fermeture de classes dans certains départements (Haut Rhin, Oise ou Morbihan), préconisation du télétravail dans les entreprises, rassemblements de plus de mille personnes en milieu confinés interdits. Se laver les mains, se tenir à un mètre d’une autre personne, telles sont les consignes élémentaires. Le plan « Hôpital Blanc » est mis en oeuvre pour permettre aux hôpitaux de se préparer à un afflux de patients contaminés, en détresse respiratoire sévère. Les consultations non urgentes seront reportées sine die pour libérer médecins et personnel soignant. Les téléconsultations remboursées depuis plus d’un an par la sécurité sociale sont préconisées par le ministre. Une crise qui favorise indirectement l’essor de la télémédecine.
Les tests de diagnostic du Covid-19 ne sont pratiqués en France que sur les cas graves. « Une trentaine de laboratoires dans le monde travaillent depuis deux mois pour trouver des tests » déclarait la semaine dernière, Gilles Martin, le PDG d’Eurofins qui en commercialise un. “Les politiques d’utilisation des tests varient d’un pays à l’autre » ajoutait-il.
Freiner la propagation de Covid-19 pour éviter un pic trop élevé de l’épidémie au moment où celle de grippe (qui fait 10 000 cas sévères/an en France) n’est pas encore terminée. A la différence de la grippe, il n’existe pas de vaccins. « Les Biotech prennent des risques pour trouver un vaccin » tel est le titre d’un article des Echos « Le premier vaccin contre le Covid-19 devrait entrer en test chez l’homme dans une dizaine de jours. Il s’agit du mRNA-1273 de la biotech américaine Moderna dont l’essai clinique a été organisé avec le NIH (National Institute of Health,…). Il doit se dérouler à Seattle et inclure 45 adultes de 18 à 55 ans. L’objectif est de vérifier l’innocuité du produit mais aussi de déceler des indices de réaction immunitaire. Il aura fallu deux mois à compter de la publication par les Chinois de la séquence du génome du virus pour que Moderna mette au point un prototype de vaccin ». Sanofi en développe un également aux Etats-Unis pour 2021.
Thérèse Bouveret