Agro-environnement
Industrie
Édito
En marge de la COP21
La Toulouse White Biotech annonce coup sur coup deux succès d’importance : le premier, la création d’EnobraQ (carbone à l’envers), a pour objectif de développer un procédé biologique de capture du CO2 (atmosphérique ou issu de l’industrie) par des levures pour la production de composés chimiques. La TWB a pris le risque de financer les travaux de recherche académiques de Denis Pompon et Sofinnova Parners investit à présent 1,3 millions d’euros, à travers son « Green Seed Fund », dans le développement de cette start-up prometteuse. Le second succès, fruit d’une collaboration avec les équipes de L’Inra, la TWB et le Lispb de l’Insa à Toulouse, c’est Carbios qui a réussi « à dépolymériser à 100 % des déchets en plastiques en PET (polyéthylène téréphtalate) par son procédé de recyclage enzymatique ce qui devrait permettre « de recycler à l’infini du PET ». « Dans l’industrie chimique, 90 % des molécules proviennent du pétrole et autres énergies fossiles. De façon à sortir de cette domination, et dans une perspective de développement durable, il est nécessaire que cette industrie puisse aller s’approvisionner ailleurs. C’est là qu’interviennent la biomasse et les biotechnologies industrielles, seules à permettre un approvisionnement renouvelable de l’industrie chimique. Une première vague d’investissement par le venture capital a démarré en 2005-2006, pour s’établir à 1,2 milliards de dollars l’an dernier, à 85 % aux Etats-Unis si l’on prend la moyenne des quatre dernières années» souligne Denis Lucquin, managing partner de Sofinnova ;
Ce n’est pas sur la taxe carbone que Nicolas Hulot et Pascal Canfin ont publié une tribune dans Mediapart le 6 décembre mais sur la Taxe européenne sur les Transactions Financières qui devait être négociée le 8 décembre à Bruxelles : « Trouver un accord sur la TTF peut être une contribution significative au succès de l’accord climat. En effet, l’un des points de tension les plus forts de la première semaine de négociation porte sur le financement, notamment de l’aide aux pays les plus vulnérables » écrivent-ils. Les écologistes ne sont pas les seuls à attendre beaucoup de la manne qui serait recueillie si cette taxe était adoptée. « Les ministres doivent aussi fixer un objectif politique de recettes que nous évaluons au minimum à 10 milliards d’euros par an à l’échelle des 11 pays. Cela signifierait pour la France entre 1 et 1,5 milliards d’euros de recettes supplémentaires par rapport à la taxe française mise en place en 2012. Ce milliard permettrait de donner corps aux propos de François Hollande qui, en ouverture de la Cop, a souhaité faire de la « justice climatique » un élément déterminant de l’accord de Paris » ajoutent-ils. Hélas, les ministres des finances des dix pays encore favorables à cette taxe (l’Estonie s’est retirée) ont repoussé son examen à la mi-2016.
C’est encore de justice qu’il s’agit alors que des associations environnementales et des personnalités de la société civile ont lancé le 3 décembre, une opération de crowdfunding internationale pour la création du Tribunal Monsanto qui évaluera les dommages causés par la multinationale agrochimique américaine dans les domaines de l’environnement et de la santé, du 12 au 16 octobre 2016 à La Haye (Pays-Bas). « Ce tribunal prendra appui sur les Principes directeurs relatifs aux entreprises et droits de l’homme adoptés par l’ONU en 2011 et sur le Statut de Rome créant la Cour pénale internationale en vigueur depuis 2002 dans le double but d’’évaluer les actions de Monsanto au regard des crimes de droit international que ce Statut prévoit ; et examiner s’il s’impose de réformer le droit pénal international pour que soit reconnu le crime d’écocide et que la responsabilité pénale des personnes physiques coupables de ce crime puisse être engagée ».
Thérèse Bouveret