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Genopole remet ses trophées à Pollutec
« Le Génopole a été créé il y a quinze ans autour du séquençage du génome, les premières mises en œuvre étaient extrêmement chères et ne pouvaient s’appliquer qu’à la médecine et à des applications médicales qui n’avaient pas d’autres solutions » explique Eric Lameignère, directeur Génopole Entreprises en introduisant la remise des Trophées à Pollutec (Villepinte) le 5 décembre. Sauf que le médical, c’est très long. Des retombées économiques fortes, plus rapides, sont attendues des biotechnologies agro-environnementales qui bénéficient d’un soutien de l’Etat au travers du programme des investissements d’avenir.
Baisse des prix du séquençage du génome
« La technologie à énormément progressé et finalement ces mêmes technologies sont appliquées à d’autres domaines comme la chimie ou la mesure de l’environnement. Tout ce savoir-faire, nous allons le remettre à des biotechs, en dehors des applications santé » poursuit-il. Les biotechnologies abordent donc un nouveau champ de recherche dans le domaine de l’environnement (vertes), l’agronomie (jaunes) et l’industrie (blanches). En raison de la baisse de prix du séquençage du génome d’abord : les capacités de séquençage à haut débit ont été multipliées par quarante depuis dix ans, et parallèlement, les coûts ont été divisés par trente. D’autre part, la raréfaction des ressources pétrolières pousse les industriels à trouver des processus de fabrication alternatifs, moins coûteux, utilisant des matières premières renouvelables (biomasse, algues, bois, plantes herbacées). Enfin, des ruptures technologiques sont attendues à moyen terme dans les domaines de l’environnement (dépollution des eaux et des sols), de l’énergie (biocarburants de 3ème génération) et de l’agro-industrie (sécurité alimentaire, arômes, biomatériaux etc..).
Chimex, filiale qui s’occupe de l’industrialisation des principes actifs de L’Oréal près de Tours, est partenaire de ces trophées pour la seconde année. « Nous cherchons des méthodes alternatives pour avoir accès à des voies de fabrication, plus respectueuses de l’environnement. Des développements industriels sont attendus, intégrant la fermentation et ses extensions ( bactéries, cellules végétales) mais aussi les catalyses enzymatiques (avec des micro-organismes) et la biologie de synthèse, en minimisant les risques environnementaux » explique Sébastien Duprat de Paule, responsable R&D de Chimex. Au delà du soutien financier, le Génopole a trouvé en Chimex un partenaire industriel. « Nous avons travaillé pour connaître leurs besoins, leurs savoirs d’industrialisation et de mise à l’échelle » assure Eric Lameignère.
Financé par la région Ile-de-France, le conseil Général de l’Essonne, et le MESR, le Génopole va développer la filière biotech au sein de son campus d’entreprises : ce sont des sociétés qui vont devoir trouver leur marché et se développer d’ici quatre ou cinq ans. « En tant que vigie, nous ne pouvions pas rater la biologie de synthèse et toutes ces révolutions de la biotechnologie » explique Eric Lameignère. Témoin, le palmarès final : le premier prix doté de 90 000 euros est attribué à Julien Fils (30 ans) pour la création de la start-up Metemis qui conçoit et fabrique des capteurs de concentration pour mesurer des ions ou des molécules en milieu liquide : une technologie conçue, brevetée, au CEA Leti à Grenoble qui devrait se traduire très rapidement par des applications industrielles dans le domaine de la surveillance des eaux et de surface et du contrôle des processus industriels ; le prix spécial « potentiel technologique » de 45 000 euros a été attribué à Cyrille Pauthemier, un normalien de 24 ans, thésard à l’ISSB (Institut de Biologie Synthétique et Systémique), qui porte le projet Abolis pour la production de plasturgie et de chimie fine à partir de la fermentation de sucre et de biomasse ; et enfin le prix spécial « potentiel industriel » (45 000 euros) est revenu à Antoine Hubert (31 ans) qui a créé avec trois associés la société Ynsect dont l’activité concerne la bioconvertion par des insectes de résidus organiques. Ces jeunes recrues vont être accueillies au Génopole d’Evry.
Thérèse Bouveret