La technologie de la fabrication additive, ou plus communément appelée « impression 3D » a longtemps été une technologie de support, servant au prototypage. La recherche, l’innovation et l’investissement des entrepreneurs du secteur ces dernières années permettent d’envisager cette technologie comme capable de bouleverser l’ensemble des secteurs d’activités : l’automobile, l’aerospatial, l’aéronautique ou encore la médecine. Etant donné que la fabrication additive est une technique efficace car plus rapide, à moindre coûts, limitant le besoin de stockage et permettant la réparation des pièces, elle pourrait l’être aussi pour reconstruire des tissus humains. En effet, certains procédés de fabrication additive, dits de « bio-impression », permettent de produire artificiellement des structures cellulaires.
L’impression de gouttelettes de bio-encre sur support hydrogel ou sur plaque de culture a été le premier procédé de bio-impression mis au point. Aujourd’hui, on lui préfère le procédé de bio-impression laser, tel que développé au sein de l’UMR 1026 de l’INSERM, celui-ci permettant notamment une résolution d’impression des constituants des tissus (cellules, matrice extracellulaire) bien meilleure.
Là encore, la Recherche dans le secteur va (très) vite et permet d’envisager de grandes avancées dans le domaine médical. Le marché mondial pèse aujourd’hui deux fois plus qu’il y a quatre ans à peine (30 milliards contre 15 en 2014). A cette vitesse, nous pourrions imaginer tous les scénarios les plus fous. La possibilité d’« imprimer » des organes artificiels pour remplacer des organes déficients, et ce, sans causer de rejet immunologique (les cellules employées pouvant être celles du patient), ou encore d’effectuer des essais sur des organes imprimés sans avoir recours à l’expérimentation animale semble à porter de main.
Toutefois, si l’impression 3D d’organes complexes (reins, poumons, etc.) en vue de greffes reste expérimentale à ce stade, certaines applications thérapeutiques utilisant l’impression d’organes simples (cheveux, muqueuse gingivale et implants osseux) sont déjà très prometteuses. De nombreuses sociétés expérimentent déjà l’impression additive à des fins médicales.
A court terme, la bio-impression pourrait ainsi profondément modifier la production d’implants simples (cheveu, gencive, peau, os) tandis que, sur le plus long terme, les progrès concernant l’impression d’organes complexes pourraient permettre de pallier la pénurie des donneurs.
Je suis convaincue que les perspectives d’évolutions de la bio-impression doivent nous pousser à encourager la Recherche et soutenir l’innovation et les investissements (PIA, BPI, ANR, Horizon 2020…). Toutefois, les avancées dans ce domaine doivent aussi appeler notre vigilance. Nous devrons nous assurer que toutes ces innovations respecteront la bioéthique.
Tribune libre de Huguette Tiegna, députée du Lot, Vice-présidente de la commission de l’OPECST, Présidente du groupe d’études Economie et souveraineté numérique, membre du groupe Startup et PME
Docteur en génie électrique et Ingénieur R&D, Huguette Tiegna a présenté une note scientifique de l’OPECST sur l’impression 3D lors de l’audition du 22 mars 2018 au Sénat :