MedtechIntelligence artificielle

Édito

La déflagration de l’Intelligence artificielle dans le domaine de la santé

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L’IA va révolutionner tous les secteurs industriels, y compris celui de la santé. Comment les industriels de la pharma se positionnent-ils face à cet enjeu stratégique ? En prennent-ils tous la mesure ? L’IA va-t-elle modifier de façon radicale la découverte de médicaments, la prévention des maladies, le parcours de soins des patients ? La création d’entreprises dans le domaine de l’IA se développe à un rythme de croissance de 30 % depuis 2010 : 80 ETI et PME, 270 startups sont répertoriées selon l’étude prospective LEEM-Futuribles « Santé 2030 ». Toutes ces startups ne sont pourtant pas au même niveau de maturité. En dépit de l’engouement actuel, c’est à la rareté d’une expertise solide en matière d’IA pour les aider dans leurs prises de décision que sont confrontés ces industriels.
Ce numéro spécial est le premier d’une série qui alternera santé et environnement, pour apporter aux lecteurs de Biotechinfo un point de réflexions croisées sur des sujets d’une brûlante actualité dans ces domaines. Dans ce numéro, nous donnons la parole à ces entrepreneurs ou chercheurs visionnaires qui ont une longueur d’avance sur les autres dans le domaine de la médecine du futur et qui fédèrent tout un écosystème.

La politique ambitieuse du gouvernement français en matière d’IA se met en œuvre sur tout l’hexagone via divers plans : Plan IA, Instituts 3IA, Health Data Hub. Un financement de 400 millions d’euros est consacré aux partenariats de recherche publique/privée soit 1,5 milliard d’euros sur 5 ans toujours selon le rapport Santé 2030. Une politique à bas bruit mais qui aura des impacts considérables notamment dans la réorganisation complète du système de soins des patients.

Tout est affaire de vitesse alors que la concurrence internationale s’accroît. La Chine a décidé d’investir massivement dans le domaine de la recherche en IA quand le champion de Go chinois, une légende vivante, a été battu par Alpha Go. Les deux grandes puissances, Chine et Etats-Unis, rivalisent d’investissements publics ou privés en la matière.

Pourtant, la France fait partie des 4 pays qui comptent dans l’IA. Quels sont les atouts de notre pays ? Son excellence scientifique notamment « en mathématiques qui sont le moteur de l’IA quand les gisements de données en sont le carburant ». En France, il y avait fin 2018, 268 équipes de recherche et 5300 chercheurs en France travaillant dans le secteur de IA et de la bio-informatique.
Les industriels de la pharma ont développé ces dernières années des partenariats dans le domaine de l’IA : Sanofi avec Google, par exemple, Guerbet avec IBM Watson Health dans le domaine du cancer du foie et à présent de la prostate, Transgène avec NEC. Mais ces groupes développent aussi certains projets de recherche plus spécifiques avec des startups de l’IA, en particulier sur l’anonymisation des données.

Quelques startups commercialisent déjà des dispositifs médicaux utilisant l’IA dans des solutions thérapeutiques. Une vingtaine d’entre elles exposaient leurs produits lors d’un Cap Carnot consacré à l’IA en juin 2019 à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) à Paris : diagnostic médical, imagerie, neurosciences, machine learning et bio-monitoring. Ces startups sont d’ailleurs très souvent des spin-off issues des instituts Carnot…

L’Inria, Institut national pour la recherche en informatique et automatique, pilote le plan IA et ses chercheurs sont aussi impliqués dans les Instituts 3IA qui ont vu le jour au printemps 2019 : 3IA MIAI en région Rhône-Alpes, PRAIRIE en Région Ile-de-France, @Côte d’Azur à Sophia Antipolis ont été inaugurés au dernier trimestre 2019. Au cœur de leur approche, la création de Chaires d’enseignement pour former des étudiants en Master IA.

Pour que l’apport de l’IA soit pertinent, il faut avant tout avoir des « données robustes » pour nourrir les algorithmes. L’IA produira uniquement ce qu’on lui aura demandé. Aussi, il faut poser les bonnes questions pour arriver à la solution thérapeutique. Pour atteindre cet objectif, rien ne remplacera la collaboration entre cliniciens, mathématiciens et informaticiens qui donnera l’analyse et la prise de décision qui manquent à l’IA.

Si les premières applications d’IA ont démarré en radiologie, elles gagnent à présent la biologie médicale. Les entrepôts de données, notamment hospitaliers, ont pour ambition d’intégrer des gisements de données provenant de l’imagerie, la génomique, les analyses biologiques, les compte-rendu médicaux, etc. Et d’en extraire des analyses pertinentes pour la médecine de précision et les solutions thérapeutiques. Encore faut-il que ces données soient robustes et standardisées pour devenir exploitables.
Thérèse Bouveret