Santé humaine

Édito

La Recherche l’a échappé belle !

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François Hollande a renoncé à l’annulation de 134 millions d’euros de crédits à destination de quatre organismes de recherche (CEA, CNRS, Inra et Inria), ont annoncé le 30 mai le prix Nobel de physique Serge Haroche et le mathématicien Cédric Villani à l’issue d’une rencontre avec le président de la République. L’annonce de ces coupes budgétaires avait provoqué un tollé ces derniers jours. Sept Prix Nobel et une médaille Fields, dénonçant dans «Le Monde »,« un coup de massue » à l’annonce de ces mesures qui « s’apparentent à un suicide scientifique et industriel».

L’inquiétude soulevée parmi les chercheurs à l’annonce de ces coupes sombres était mêlée d’incompréhension compte tenu de déclarations précédentes, les assurant du contraire, du Secrétaire d’état à l’enseignement supérieur et à la recherche, Thierry Mandon. Cet intermède a été l’occasion de rappeler dans la presse que la France ne consacre à la recherche que 2,29 % du PIB, un budget moins élevé que celui de ses voisins européens, et notamment celui de l’Allemagne (3,1% du PIB), loin derrière ceux de la Corée (4,15 %)ou d’Israël (5%). Notre voisin rhénan consacrant 4 Mds d’euros à la recherche fondamentale et 16 Mds d’euros à la R&D. Inutile de préciser que dans le domaine des biotechnologies, les innovations sont très souvent développées par des start-ups à partir de la valorisation de brevets issus de la recherche fondamentale menée par ces mêmes organismes publics. Cette excellence de la recherche française est reconnue en Europe et à l’international.

L’Inserm Transfert, l’organisme de valorisation de la recherche de l’Inserm, quatrième déposant européen de brevets dans le domaine des biotechs en 2014, affiche aujourd’hui sa volonté de favoriser la maturation des projets des PME et d’aider à la montée en puissance des ETI. Une volonté partagée par le gouvernement puisque la semaine dernière, lors de bpifrance Inno Generation le 26 mai, bpifrance a inauguré l’accélérateur d’ETI en présence de 13 grands patrons sur les 23 pressentis pour « mentorer » de belles PME (de plus de 400 salariés). Emmanuel Macron a fait une incursion remarquée lors de ce lancement avant de parcourir l’espace Accor Bercy qui a vu défiler 36000 inscrits en deux jours sur le thème « Changer le monde ». Parmi tous les sujets abordés lors de ce forum consacré à la French Tech, on pouvait noter un atelier « immunothérapie contre le cancer : vers une révolution attendue ».

Alors que vont avoir lieu début juin comme chaque année, l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) à Chicago et la Convention BIO à San Francisco, les entreprises françaises se mettent en ordre de bataille pour aller présenter leurs innovations thérapeutiques sur le marché américain où elles sont très prisées : 25 entreprises de la région Rhône-Alpes se rendront ainsi au BIO sous la bannière de Lyon Biopôle. Et il en sera de même des autres pôles santé. « Le marché de la santé est aussi important que le marché de l’aéronautique et représentera 1000 milliards d’euros d’ici quelques années. Pour l’instant la biotechnologie ne représente que 10 % de l’industrie de santé, elle en représentera bientôt 50 % » a souligné Maryvonne Hiance, P-DG d’Effimune, une biotech dans le domaine de l’immunothérapie, lors de la journée sur les anticorps thérapeutiques organisée le 23 mai par Medicen, Polepharma et Mabdesign à Biocitech, Effimune fusionne avec Ose Pharma, une société d’immuno-oncologie parisienne créée en 2013 par Dominique Costantini développant une immunothérapie T spécifique d’activation en phase 3 d’enregistrement. Les actionnaires des deux sociétés ont donné leur feu vert lors des deux assemblées générales, les 30 et 31 mai, à ce traité de fusion qui donne naissance à la société Ose Immunotherapeutics dont le siège sera à Nantes et qui fera ses premières apparitions au BIO et à l’ASCO. Favoriser la croissance des ETI et continuer à financer la recherche française sont des signaux forts à donner aux jeunes chercheurs pour éviter qu’ils ne s’expatrient sans retour, ce que déplorent déjà quelques écoles d’ingénieurs.

Thérèse Bouveret