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Édito
La transition énergétique en marche
Lors de son discours au Parlement européen de Strasbourg le 17 avril, Emmanuel Macron a déclaré : «je souhaite que nous puissions dans les prochains mois rouvrir le débat sur un prix plancher du carbone. La France poussera l’idée d’un prix minimum et la France soutiendra l’idée d’une taxe aux frontières pour le CO2. (…) C’est la condition d’une transition énergétique crédible ». C’est dit. Pour sa part, la députée écologiste européenne Karima Delli, présidente de la commission transports et tourisme, à l’origine de la commission d’enquête sur Volkswagen qui a révélé le Dieselgate, annonce à la radio son intention « d’établir une feuille de route pour que les lobbies automobiles arrêtent de mentir avec les normes et de jouer avec la santé des consommateurs (400.000 morts prématurés par an en Europe). Les alternatives existent pour en finir avec les 30 % de gaz à effet de serre. Il y a urgence. Nous dansons sur un volcan».
Des alternatives existent bel et bien. Le 5 avril, une voiture Audi A4 roulant avec un mélange d’essence composé de deux tiers d’essence fossile et de 34% de dérivés d’isobutène renouvelable de Global Bioenergies (GBE) a parcouru l’anneau de vitesse de l’autodrome de Linas-Montlhéry. Créée il y a dix ans à Genopole, GBE a atteint la phase de production industrielle de bio-isobutène. Objectif de ce partenariat avec Audi pour Reiner Mangold, Directeur du développement durable du groupe l’allemand : « développer de l’ « e-benzin » pour nos clients. Cette contribution volontaire de notre part vise à réduire l’empreinte carbone de l’industrie automobile. Les effets potentiels sur les économies de CO2 et la réduction d’émissions associés aux carburants synthétiques « drop-in » sont d’importants atouts pour notre stratégie e-carburants ».
Global Bioenergies a développé plusieurs mélanges d’essence conforme à la norme EN228 avec deux dérivés d’isobutène : l’isooctane et l’ETBE, obtenu par la condensation d’isobutène et d’éthanol. Le procédé exclusif de GBE permet de produire à partir de matières renouvelables des composés en tous points identiques à ceux produits à partir du pétrole. Des mélanges déjà autorisés à la vente pour toutes les voitures à essence sans protection particulière.
Les essais sur route de véhicules de série sont nécessaires pour lever auprès des investisseurs les 115 M€ nécessaires à la construction d’une première usine de production de 50 000 tonnes de bio-isobutène en France d’ici 2021. Marc Delcourt propose sa vision pour le transport routier en France et aux Etats-Unis qui repose sur trois principes : réduction de la consommation de carburants, déploiement industriel des biocarburants, accroissement de la production d’énergie électrique. En 2017, la production de carburants, de 45 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtoe) en France, 600 aux Etats-Unis, est d’origine fossile à 93%, biosourcée à 6,8 % et électrique à 0,5 %. En 2040, Marc Delcourt préconise qu’elle soit répartie au tiers pour chacune de ces composantes, la production étant réduite à 30 Mtoe pour la France et 400 pour les Etats-Unis. Loin de s’arrêter là, le 17 avril, GBE annonçait un accord de collaboration avec SkyNRG, premier producteur mondial de carburant aviation durable, pour accélérer la commercialisation de biocarburant aéronautique dérivé du bio-isobutène entrant dans la composition du carburant pour l’aviation (jet fuel ou kérosène) et obtenir de concert l’approbation préalable par l’industrie aéronautique de l’ajout du composé de GBE dans la norme ASTM D7566, spécification la plus reconnue pour le Jet Fuel. Un acteur majeur du débat qui s’annonce.