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L’Afrique du Nord en mutation
« Paris-Alger, c’est aussi important que Paris-Berlin?! » L’article de l’économiste Jean-Louis Levet dans la Tribune du 2 février a fait le buzz. Jean-Louis Guigou, le président de l’Institut de prospection économique du monde méditerranéen (IPEMED) défendait le même point de vue le 7 février lors du petit déjeuner L’Algérie de demain organisé par ce quotidien au siège de bpifrance : « L’Algérie emprunte deux chemins. Le premier c’est celui de l’industrialisation du nord de l’Afrique, de l’Égypte au Maroc, avec l’Algérie au centre. Le second chemin, c’est un axe Nord-Sud, avec celui de la dorsale transsaharienne, d’Alger à Lagos, équipée de la fibre, contribuant au développement du Sahel tout en reliant l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne. Oui, le défi est bien là, celui d’un mouvement historique de grande ampleur qui positionne le nord de l’Afrique en complément de l’Europe ». Le 13 février, la Banque africaine de développement (BAD) a donné son feu vert en accordant un prêt de 31,4 M€ au financement du projet de la Dorsale transsaharienne à fibre optique (DST) devant interconnecter l’Algérie, le Niger, le Nigeria et le Tchad.
Selon Jean-Louis Guigou, « L’une des difficultés est de parvenir à retrouver la voie de l’intégration et de la coopération avec les autres pays du Maghreb, et en particulier le Maroc. Cela permettrait de constituer un bassin économique de 100 millions d’habitants, véritable plateforme industrielle et logistique pour aller plus au sud ». Et pourtant les échanges commerciaux entre les pays du Maghreb stagnent (moins de 3% du total des échanges), ceux-ci exportant en majorité vers l’Europe : à 72% pour la Tunisie, à 62 % pour l’Algérie et à 60 % pour le Maroc. Lors de l’admission du Maroc en tant que 55e pays de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, le 31 janvier, le roi Mohamed VI, a même déclaré qu’il pourrait se retirer de l’Union du Maghreb arabe (UMA), cette union ayant « perdu la flamme » du Traité de Marrakech de 1989.
Dans le domaine des sciences de la vie, la Tunisie s’est inspirée du modèle français. En témoigne la création d’un Institut Pasteur à Tunis dès le début de 20e siècle. Depuis le printemps arabe et la chute de Ben Ali, à laquelle a succédé une période de trouble politique ayant abouti à l’éviction des islamistes du pouvoir, la Tunisie a pu retrouver l’avance prise en matière de biotechnologies avec les technopôles de Borj Cédria (CBBC) au sud de Tunis, un Ecopark spécialisé dans les biotechnologies végétales, l’eau, l’énergie et les matériaux, celle de Sidi Thabet (CNSTN) à Ariana utilisant les sciences nucléaires appliquées aux sciences de la vie et le centre de biotechnologies de Sfax.
En Algérie, le Cyber Parc de Sidi Abdellah (TIC et biotech) a été inauguré à Alger en 2016 dans la lignée du plan e-Algérie. Le Biotech Parc de Sidi Abdellah est programmé pour 2020, suite à un accord signé entre l’Algérie et les États-Unis en mars 2016, prévoyant des investissements américains à hauteur de 12 milliards de dollars. La règle du 49/51 qui impose aux entreprises étrangères implantées en Algérie de détenir 51 % du capital, représente un frein aux investissements.
Enfin, le BioXparc de Marrakech construit par Cesco Italia, affiche un ambitieux programme à l’horizon 2020, alliant la coopération d’universités internationales, en matière d’enseignement et de recherche, à des activités d’incubation de start-up et de développement de la production sur le plan de la santé, l’alimentation, la cosmétique, la pharmaet l’énergie. Le BioXparc se veut un hub tourné tant vers les pays émergents (Brésil, Inde, Afrique) que vers l’Europe ou les Etats-Unis avec lesquels Le Maroc a signé des contrats de libre-échange. Signe que les temps changent.