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Lamina Therapeutics : des nano-réservoirs pour régénérer le cartilage et l’os

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Les travaux de recherche du professeur Nadia Jessel, directrice du laboratoire Nano médecine régénérative (Inserm / Université de Strasbourg) sont en passe de révolutionner la régénération du cartilage et de l’os : ils ont permis la mise au point d’une technologie très innovante, basée sur trois familles de brevets, là où aucune solution satisfaisante n’existe à ce jour.

 

Le cartilage est particulièrement complexe à réparer car il doit sa souplesse et sa résistance à des propriétés mécaniques complexes difficilement imitables, or il ne se régénère pas tout seul chez l’adulte. Les personnes affectées seraient, pour les seules lésions du cartilage et de l’os du genou pas moins de 200 millions dans le monde. La régénération des défauts ostéo-cartilagineux représentent donc un défi majeur, avec un marché de 4 milliards d’euros attendu en 2025 pour cette seule indication.

 

Une start-up après 10 ans

« Une découverte scientifique ne suffit pas pour rendre une innovation accessible à tous », souligne Caroline Dreyer, présidente de la SATT Conectus. Et, en effet, cette société d’accélération du transfert de technologies a toute apparence d’une bonne fée penchée sur le berceau du projet de Nadia Jessel : Conectus – qui compte 27 start-ups créées depuis 2012, dont 68 % dans la santé – accompagne la biologiste depuis son premier dépôt de brevet, en 2011.

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Caroline Dreyer, présidente de la SATT Conectus ©Conectus

Après plusieurs années de développement et 24 mois de maturation – pour lesquels Conectus a apporté 450 000 €, en complément de soutiens de la Région Grand Est, du fonds européen FEDER et de l’ANR – le projet prometteur, devenu solution effective et technologiquement industrialisable à grande échelle, a ensuite été intégré à l’accélérateur de start-up « santé » européen NLC. Il a ainsi pu bénéficier du soutien d’un investisseur privé, devenir start-up, nommée Lamina Therapeutics, en septembre 2020, et se doter d’un CEO « sur mesure » en la personne de Ineke Rijnhout, Nadia Jessel voulant continuer à se consacrer à la recherche.

 

Un pansement 3D implantable en micro-chirurgie

«  Notre premier dispositif, lamina.ONE, concerne les lésions du genou », explique Nadia Jessel. « Mais l’innovation technologique sur laquelle il repose pourra aussi s’adapter à la hanche, aux épaules, à des indications orthopédiques, maxillo-faciales, parodontales… »

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Nadia Jessel, directrice du laboratoire Nano médecine régénérative (Inserm / Université de Strasbourg) © Lamina Therapeutics

En effet, ces membranes tridimensionnelles facilement implantables comportent notamment des cellules souches issues du patient et des hormones de croissance embarquées dans des nano-réservoirs pourrait s’étendre à de nombreuses autres pathologies en adaptant les principes actifs contenus dans les nano-réservoirs du dispositif.

                                                                                       

Une entrée en phase clinique en 2021 

lamina.ONE cible spécifiquement les personnes atteintes de lésions des os et du cartilage au niveau du genou, soit du fait de l’âge soit à cause d’une activité intense, dans le cas de sportifs par exemple. Installé lors d’une chirurgie mini-invasive et rapide, lamina.ONE est un kit implantable prêt à l’emploi qui promet efficacité et un temps de récupération très court pour le patient : une durée de quelques mois est espérée pour la “régénération” de l’articulation.

Les premiers essais cliniques débuteront en juin chez des patients ayant une lésion ostéo-cartilagineuse fémorale, pour un essai clinique de phase I/II et un suivi à différentes échéances : trois, six, douze et vingt-quatre mois après implantation.

 

Des objectifs ambitieux pour de multiples applications

« Notre technologie va changer la vie de nombreuses personnes car elle peut s’appliquer à de nombreux besoins médicaux non satisfaits », souligne Ineke Rijnhout, CEO de Lamina Therapeutics. « 3,4 millions d’euros ont été investis dans la solution lamina.ONE et nous avons bénéficié d’un apport en série A [montant non communiqué, ndlr] en octobre 2020 pour les tests cliniques sur les deux prochaines années. Nous sommes très optimistes car nous avons le potentiel de devenir leader dans le domaine de la régénération : nous proposons une solution de long terme qui permet aussi de retrouver rapidement une qualité de vie. Nous explorons d’ailleurs déjà d’autres applications pour ces nano-réservoirs qui peuvent contenir de nombreux principes thérapeutiques différents. »

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Ineke Rijnhout, CEO de Lamina Therapeutics  © Lamina Therapeutics

 

La start-up a récemment emménagé dans le nouveau bâtiment du Centre de Recherche en Biomédecine de Strasbourg. Installée au cœur d’un écosystème mêlant science d’excellence et partenaires économiques, Lamina Therapeutics est dans les starting blocks : « Nous sommes en train de recruter des bio-ingénieurs et des quality managers pour obtenir la certification ISO de nos installations. Fin 2021, nous devrions être huit collaborateurs », se réjouit Ineke Rijnhout.

Véronique PARASOTE

 

Un dispositif, trois femmes

lamina.ONE est la seule membrane fonctionnalisée dotée d’un mécanisme de libération contrôlée d’hormones de croissance et ensemencée de cellules souches, offrant une action thérapeutique hybride pour la réparation du cartilage et de l’os sous-chondral. Cette approche globale mène à un rétablissement complet de la fonction articulaire.

Suite à l’approbation de la demande d’essai clinique par l’autorisation réglementaire de l’ANSM, Lamina Therapeutics est sur le point de commencer son premier essai clinique de phase I/II avec lamina.ONE chez des patients présentant une lésion ostéo-cartilagineuse fémorale (condyle) isolée.

Bien qu’accompagnée par de nombreuses personnes, la start-up Lamina Therapeutics doit beaucoup à trois femmes : Nadia Jessel, directrice du laboratoire Nano médecine régénérative (Inserm / Université de Strasbourg) et CSO de Lamina Therapeutics, Caroline Dreyer, présidente de la SATT Conectus, et Ineke Rijnhout, néerlandaise d’origine et très expérimentée en développement de biotechs, qui est désormais CEO de Lamina Therapeutics.