Agro-environnement

Santé humaine

Édito

Le moustique, ami ou ennemi de l'homme?

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Le moustique transmet par piqûre des maladies parasitaires ou virales telles que le paludisme, Zika, ou Chikungunya. Des épidémies dont on ne vient pas à bout malgré le progrès des programmes ou actions à grande échelle.

Le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) a été saisi le 12 octobre 2015 par la Ministre de l’environnement d’alors, Ségolène Royal, sur une demande d’éclairage sur les avantages et les inconvénients de l’utilisation des moustiques génétiquement modifiés (GM) pour lutter contre des moustiques vecteurs de maladies. Le HCB a publié le 7 mai dernier un Avis sur l’utilisation de moustiques (GM). Sa présidente, Christine Noiville, se félicite qu’ « en collaboration avec le CNEV (Centre National d’Expertise sur les Vecteurs), le HCB ait mis à profit son expérience variée (scientifique, juridique, sociologique, citoyenne) au service d’une problématique de santé majeure ».

Créée en décembre 2008, cette instance indépendante rend des avis sur toutes les questions intéressant les biotechnologies. Les deux groupes de travail, Comité scientifique (CS) et Comité éthique, économique et social (CEES), ont émis un rapport à partir duquel a été élaboré l’Avis consultable en ligne sur le site du HCB. Peu de traitements, ni de vaccins adaptés sont disponibles à ce jour, les molécules insecticides de synthèse « qui font l’objet d’importantes restrictions d’utilisation, peuvent être inefficaces, notamment du fait de l’émergence d’une résistance à leur action chez les moustiques », précise l’Avis.

La lutte antivectorielle (LAV) qui vise à éliminer les moustiques vecteurs, reste donc une priorité. Dans la panoplie des outils LAV à la disposition des autorités, la technique RIDL développée par Oxitec est « la seule qui soit développée à un niveau opérationnel : elle vise à réduire une population de moustiques par des lâchers récurrents et massifs de mâles transgéniques stérilisants ». Deux autres techniques, à un stade plus précoce de R&D, reposent sur un forçage génétique (FG) visant à propager un caractère génétique dans une population naturelle, soit pour rendre les moustiques incapables de transmettre des agents pathogènes, soit pour éliminer cette population par propagation d’une stérilité. Parmi les autres options de LAV émergentes, analysées par le HCB, figurent des techniques non GM, reposant sur des lâchers de moustiques irradiés (TIS ou technique de l’insecte stérile), ou porteurs de Wolbachia (TII insecte incompatible et technique de propagation d’IP ou interférence avec le pathogène). Le développement de résistance comportementale et les risques de dérive fonctionnelle sont plausibles pour RIDL et pour les techniques utilisant Wobachia selon l’Avis. Le CS n’a pas identifié à priori de risque particulier pour l’environnement dans les différentes techniques, selon les critères de la directive 2001/18/CE relative à la dissémination volontaire d’OGM. Une déclinaison particulière devrait être effectuée cependant pour le FG compte tenu de son caractère intentionnellement invasif ainsi qu’une évaluation plus poussée pour Wolbachia. Alors qu’il « estime prématuré d’envisager une application de FG sur le terrain », le CS admet que trois techniques assez proches (RIDL, TIS et TII) « pourraient être testées, étape par étape, dans l’objectif de contribuer à la LAV sur les territoires français ». Certains départements d’outremer durement touchés par le virus Zika y sont prêts.

 Thérèse Bouveret Rédactrice en chef de Biotech.Info 3.0