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Édito

« Le printemps de l’Intelligence artificielle »

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Le rapport « Pour une intelligence artificielle, maîtrisée, utile et démystifiée » a été remis le 15 mars dernier par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques) au Sénat et à l’Assemblée Nationale et rendu public le 29 mars au Sénat. « L’OPECST a été saisi le 29 février 2016 par la commission des affaires économiques du Sénat, d’une étude sur l’I.A » souligne la sénatrice Dominique Gillot, l’une des deux rapporteurs désignés, avec le député Claude de Ganay, soit quinze jours avant que le système AlphaGo de Google DeepMind batte le champion de jeu de Go, Lee Seedol. En 2017, c’est le système Libratus qui a remporté une victoire au cours d’une partie de poker de 20 jours face à quatre joueurs professionnels.

Les rapporteurs ont mené des auditions bilatérales et des missions en France et à l’étranger (1), dans des délais raccourcis à six mois compte tenu des échéances électorales prochaines. Etonnement quand la Stratégie France IA (#FranceIA) initiée par Axelle Lemaire et Thierry Mandon a été lancée début 2017 ! Convergence en tous les cas, puisque les résultats de cette mission ministérielle étaient attendus fin mars.

Une étude de faisabilité a donc été menée pour examiner la nécessité de mener ce travail. L’OPECST a déjà rendu en 2016 un rapport sur les robots et la loi au terme d’une audition publique le 10 décembre 2015. D’autres pays ont mené des missions -le Japon ou la Chine sont très avancés en la matière- et les Etats-Unis ont déjà rendu trois rapports sur l’Intelligence artificielle.

Certaines questions ont été écartées du rapport, celles concernant l’I.A. dans le domaine de la défense et des technologies militaires. Le transhumanisme a été partiellement abordé. « La singularité est de l’ordre du fantasme, aucunes données scientifiques ne permettent d’étayer une telle croyance. Nous préférons parler d’intelligence augmentée. Le transhumanisme est un mouvement philosophique et s’apparente à une religion. L’IA n’est pas un acte de foi. Elle est au service de tous » a affirmé Dominique Gillot qui préside le Conseil national de la culture scientifique, technique et industrielle (CNSTI). Les enjeux financiers, économiques et industriels sont passés au second plan. Il s’agissait surtout de dépasser les peurs et les inquiétudes exprimées en vue d’engager un débat public plus serein. « Nous avons mis l’accent sur les enjeux éthiques car ils permettaient d’aborder de manière transversale la plupart des aspects retenus de manière prioritaire : à savoir la recherche publique et privée, les enjeux philosophiques, politiques, juridiques et éducatifs de l’Intelligence artificielle » a déclaré D. Gillot. Il s’agissait d’établir un état des lieux objectifs. « L’I.A. représente une chance à saisir pour les sociétés et pour nos économies. Les progrès sont avant tout bénéfiques, ils comportent certes des risques qui doivent être identifiés, anticipés et maîtrisés. »

Au cours d’une journée d’audition publique le 19 janvier 2017 se sont exprimés une grande partie des scientifiques qui ont pu retracer les principales et étapes et découvertes en intelligence artificielle ou encore des représentants des acteurs industriels du secteur (Facebook, Microsoft qui a signé un partenariat avec l’Inria, et Google).

Au terme de leur investigation, les rapporteurs ne sont toujours pas convaincus de l’urgence d’une intervention législative ou réglementaire dans le secteur très évolutif de l’IA. Sur le long terme, ils se réfèrent à l’appel de Yann LeCun, responsable scientifique IA chez Facebook, lors de sa leçon inaugurale au Collège de France « Dans quelques décennies, quand nous pourrons peut- être penser à concevoir des machines réellement intelligentes, nous devons répondre à la question de comment aligner les valeurs des machines avec les valeurs morales humaines ».

Dominique Gillot et Claude de Ganay ont émis quinze propositions au rang desquelles figurent l’éducation, l’information du public et la construction d’une opinion éclairée via la création d’un Institut national de l’éthique de l’I.A et de la robotique qui serait financé par les pouvoirs publics et par les entreprises privées, à l’image du partnership on IA,  ou encore la création de champions européens. Les rapporteurs en appellent à la poursuite des travaux de l’OPECST ainsi qu’à celle du Plan National pour l’IA.

 

Consulter le rapport : https://biotechinfo.fr/1375

(1) Genève, Londres, Cambridge, Oxford, Bruxelles et aux Etats-Unis à Washington, Boston et San Francisco (Stanford et Silicon Valley)