Suite à la journée de rencontres du 18 novembre 2016 co-organisée par CENPONTS Healthcare dans le Grand Auditorium de Bpifrance avec une trentaine de partenaires prestigieux (dont la DGE, le Quai d’Orsay, l’Ambassade de Chine, France Biotech, le LEEM, le SNITEM, les pôles de compétitivité, le G5, Business France et Biomérieux) à l’occasion de la venue d’une délégation de CEO chinois de haut niveau (dont le plus ancien VC de Chine IDG, le n°1 de la santé connecté en Chine, plusieurs Top 5 Pharma chinoises) la société PHARNEXT a ouvert la brèche en concluant le 10 mai trois accords avec le groupe pharmaceutique TASLY, numéro 1 chinois dans le domaine des traitements issus de la médecine traditionnelle chinoise. Retour sur un contrat historique.
Interview de Xianding Ma et de Nicolas Fournier, co-fondateurs de la société CENPONTS Healthcare (Hong-Kong)
L’événement que vous avez organisé au siège de Bpifrance a été un succès diplomatique autant que commercial?
X.M. : Oui, en effet, après un premier événement réussi en mai 2015, nous avons co-organisé ce second événement en partenariat avec des associations scientifiques chinoises et françaises, sous le parrainage du ministère des Affaires Etrangères, du ministère des Finances et de l’Ambassade de Chine. Nous avons reçu un retour très positif tant de Mathias Fekl, Secrétaire d’état au commerce extérieur français, que de Chen Zhu, ancien Ministre de la Santé chinois, qui nous a adressé une lettre de remerciement.
Quelles sont les retombées de ce forum sur le plan industriel ?
N.F. : Suite à la séance de pitches pour une série B ou C devant la délégation de CEO chinois de haut niveau, de quelques-uns de nos plus beaux fleurons français (Valneva, Pharnext, Osseomatrix, Carmat, Aston Medical, Amplitude Surgical, Voluntis,…) qui a eu lieu au soir de cette journée, et après les plusieurs mois de travail qui ont suivi, la société de biotechnologie PHARNEXT a signé un triple accord avec le groupe TASLY, annoncé le 10 mai dernier. Cet accord comprend notamment : un investissement de 20 millions d’euros dans la structure française, la licence en Chine des produits CMT (Charcot Marie Tooth 1A), ainsi que la création d’une joint-venture (JV) dotée de 15 M€ dans un premier temps, pour le développement au sein de PHARNEXT d’applications combinant des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle chinoise avec ceux de la médecine occidentale. C’est une première historique et mondiale : développer une alliance de ces deux types de médecines n’a encore jamais été fait. Des essais cliniques devraient avoir lieu assez rapidement.
X.M. : Ce forum nous a permis d’introduire PHARNEXT en Chine, d’organiser un dîner exceptionnel à la Cité Interdite de Pékin avec le Vice-Président de l’assemblée nationale de la République Populaire de Chine, et de l’accompagner pour cibler les partenaires industriels les plus pertinents. Nous sommes allés deux fois en Chine et nous avons sélectionné parmi les cent plus grands groupes chinois dans la santé, une quinzaine d’entre eux qui étaient en synergie avec PHARNEXT. Nous les avons rencontrés un à un avec toute l’équipe de dirigeants. Il est d’usage en Chine de rencontrer directement les patrons dans les grandes structures chinoises lorsqu’on négocie un contrat.
N.F. : Les 3 accords signés le 10 mai à Tianjin devant près de 1000 hauts cadres du groupe TASLY rassemblés dans un Auditorium gigantesque, ont été préparés en moins de trois mois, un record pour un travail aussi important de création de confiance, de due diligence technologique, financière, fiscale et de négociation. C’est Xanding Ma qui a soutenu, accompagné et permis la négociation de ces accords avec TASLY.
Quelle est la taille de TASLY et où est situé ce groupe ?
X.M. : TASLY est un groupe industriel, n°1 de la médecine traditionnelle chinoise, qui pèse 6 milliards d’euros. C’est le premier groupe pharmaceutique chinois qui ait réussi à enregistrer un produit médicament traditionnel chinois auprès de la FDA aux Etats-Unis. TASLY est aussi le premier partenaire d’Alain Mérieux en Chine avec Transgene. Il est situé à Tanjin, le grand port de Pékin (16 millions d’habitants), à une centaine de kilomètres de la capitale.
Comment s’est déroulée la négociation ?
N.F. : Tout a démarré avec un dîner exceptionnel organisé par Xianding Ma à la Cité Interdite, entre le Professeur Daniel Cohen, cofondateur de PHARNEXT à l’origine de la première carte du génome humain en 1993, et le Vice-Président de l’assemblée nationale de la République Populaire de Chine à l’origine de la mise en place du système de santé chinois que nous connaissons aujourd’hui.
X.M. : Nous avons ensuite donné un profil à PHARNEXT et positionné celui-ci auprès des plus hauts dirigeants chinois dans la santé pour faire connaître cette entreprise française jusque-là totalement inconnue. La photo de cette rencontre à la Cité Interdite a ensuite été publiée dans les plus grands médias chinois et nous a également permis d’obtenir une interview du Professeur Daniel Cohen dans le premier média de santé chinois BIOON.
Comment expliquez-vous l’intérêt des industriels chinois pour les entreprises françaises ou européennes ?
N.F. : La Chine est en entrain d’accélérer la construction de son système de santé dont les besoins sont gigantesques. Les grands groupes de santé chinois, acteurs de cette transformation et forts de leurs succès sur le marché intérieur, disposent de ressources financières importantes qu’ils souhaitent mobiliser pour établir des coopérations avec les entreprises mondiales les plus innovantes, favorisant au passage leur propre internationalisation. Cette coopération prend souvent la forme d’une JV en Chine qui peut être couplée, à la demande de l’acteur européen concerné, à la participation à une augmentation de capital de la maison mère en Europe.
Quels sont les plans de CENPONTS Healthcare pour le futur?
X.M. : Après avoir financé des sociétés dans la santé (MD et médicaments) avec quelques millions d’euros et après avoir financé le fleuron français PHARNEXT porté par le père de la génomique moderne pour quelques dizaines de millions d’euros, nous cherchons à aller plus loin. Nous travaillons aujourd’hui à apporter un avenir dans l’Empire du Milieu aux sociétés européennes cotées dans la santé qui le souhaitent, et tout particulièrement quand le potentiel de développement de leurs produits sur le marché chinois le permet.
X.M. : Nous travaillons en direct avec les patrons des 200 principaux acteurs chinois dans la santé qui ont un track-record d’investissement à l’international avéré. Les tickets de financement apportés varient entre 30 et plusieurs centaines de millions d’euros. Certains de nos partenaires, ne veulent pas regarder un dossier en dessous de 100 millions d’euros à investir.
N.F. : Notre mission est de favoriser la coopération entre les entreprises européennes et les entreprises chinoises dans le domaine de la santé. D’un côté, des marchés gigantesques qui s’ouvrent aux entreprises européennes avec la mise à disposition de moyens financiers importants pour financer leur croissance, de l’autre des acteurs chinois à la recherche de savoir-faire et de technologies médicales éprouvées pour construire leur système de santé. Il s’agit d’une relation gagnant-gagnant à construire entre nos deux grands territoires : la Chine et une grande Europe renouvelée portée par notre cher nouveau président où la réciprocité est la règle.
Quand pensez-vous organiser votre prochain évènement en France ?
X.M. : Notre plus grand événement sera cet été en Chine en partenariat avec le 1er média de santé chinois BIOON. Le rayonnement de ce sommet dans la santé est mondial et de nombreux chefs d’états/anciens chefs d’états sont attendus.
En France, nous envisageons de rassembler une nouvelle fois l’ensemble de l’écosystème de la santé fin 2017 ou début 2018 avec très probablement le parrainage de notre cher nouveau président de la République.