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Les HTID affirment leur ancrage européen dans le domaine de la santé

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maryvonne hiance

 

 

Interview de Maryvonne Hiance, Présidente des HTID.

La 4ème édition des HTID (HealthTech Innovation Days) a eu lieu les 13 et 14 octobre au Palais Brongniart à Paris. Cet évènement hybride (digital et présentiel) a rassemblé 800 participants : 165 sociétés de HealthTech (Biotech, Medtech, services innovants&esanté), 15 groupes pharmaceutiques et 300 investisseurs internationaux. Sans compter 86 experts. 

 

C’est un succès. Parrainé par le président de la République, Emmanuel Macron, ces HTID ont accueilli de nombreuses personnalités, Felicitas Rieldl de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), Roland Lescure, le ministre délégué à l’Industrie, des membres de la Commission européenne :  Andrzej Rys, Hubert Gambs, Iordanis Arzimanoglou et Enric Claverol-Tinturé. Pas moins de 19 tables-rondes se sont succédé. Durant l’une d’elle, consacrée aux investissements, il était frappant de constater un climat d’inquiétude là où régnait l’optimisme deux ans plus tôt. A cause de la guerre en Ukraine et la montée de l’inflation. Une attitude plus alarmiste ?

Maryvonne Hiance : Plus dubitative… Le Covid-19 plus la guerre ont pesé sur les investissements, pas seulement en France mais aussi en Europe et dans le monde. Les investisseurs sont dans une situation attentiste. Ils ne prennent moins de risques sur de nouveaux investissements. Les Américains assurent les lignes existantes mais regardent moins les nouveaux projets. Signal révélateur : Da Volterra a déposé son bilan, ce qui a surpris les marchés et illustre exactement la nature de la situation actuelle. Les investisseurs assurent sur des sujets connus, mais il n’y a pas de prise de risque.

Pourtant, les innovations de rupture sont nombreuses, à commencer par la technologie à ARNm à laquelle une conférence a été consacrée. Ou encore les recherches menées sur le microbiome qui aboutissent à des thérapies qualifiées de révolutionnaires par les participants à la table-ronde animée par Isabelle de Crémoux, CEO de Seventure Partners. Des thérapies qui peuvent aussi être associées efficacement à des immunothérapies pour lutter contre le cancer.

M.H. : Les interventions au cours des tables-rondes, ont mis en lumière des points forts et de nouvelles stratégies thérapeutiques. L’ARNm tout le monde en parle, les stratégies dans le domaine de l’immunothérapies sont en plein essor.  Un certain nombre de projets arrivent à maturité, comme celui de Maat Pharma, associé à l’antibiorésistance, reflété dans la plateforme… Dans le cadre de HealthTech For Care, nous sommes attentifs aux nouvelles stratégies thérapeutiques.

Il a aussi été question des initiatives de soutien des pouvoirs publics. On parle de créer en France une Agence de l’innovation pour répondre aux priorités de santé publique…

M.H. : Y-a-t-il eu des annonces récentes ? Non. Le président Macron a annoncé la création de cette Agence lors du 3ème HTID. Nul ne sait pas ce qu’il en est advenu depuis. Il y a une nébuleuse depuis le début. Cette Agence est censée simplifier les procédures d’actions et de structuration des projets. A mon avis personnel, cela ne fera qu’ajouter une couche supplémentaire au millefeuille administratif. Cette Agence devait gérer les 7 milliards d’euros du plan de Relance 2030 dans le domaine de la santé. Les 7 Mds€ sont déjà répartis entre la DGE, la BPI, etc…, nul besoin de créer une Agence pour ce faire. Nous sommes bien évidemment très contents des 7 Mds annoncés qui montrent les efforts importants faits par le gouvernement.  Mais, nous ne voyons pas encore la concrétisation de ce Plan de Relance. Nous avons cependant une petite visibilité sur la bioproduction, dans un souci de souveraineté, sur les  biothérapies et les dispositifs médicaux.

Attendez-vous plus de l’HERA (Autorité européenne de Préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire) mise en place par la Commission Européenne l’an dernier, durant la COVID, et qui se veut le pendant de la BARDA, aux Etats-Unis ?

M.H. : Oui, l’Agence européenne HERA (Health Emergency Preparedness and Response Authority | Commission européenne (europa.eu) ) émerge, c’est pourquoi une Agence française de l’innovation n’a pas de sens selon moi. Une agence dotée de 15 Mds d’euros, permettra de mobiliser de l’argent fortement en cas de crise. Quand on peut aller vite et fort, les projets avancent.

Je parlerai aussi du PIIEC (Important Project of Common European Interest, IPCEI en anglais) annoncé pour la fin 2022, et que Hubert Gambs a présenté lors des HTID (1), en rappelant que la Commission européenne veut avoir l’Europe comme lieu privilégié des sciences de la vie.

Des investissements importants sont nécessaires pour éviter que les entreprises innovantes françaises ne passent sous la coupe de sociétés américaines. D’un autre côté, quelles sont vos attentes concernant des financements américains et/ou asiatiques ?

M.H. : Les marchés américains et asiatiques sont très importants en santé, le marché américain restant numéro 1. Il vaut mieux avoir des investisseurs américains pour y prendre place, mais il ne fait pas tout leur donner. Nous préconisons de créer des consortiums européens auxquels peuvent s’agréger des fonds américains pour éviter aux entreprises françaises d’être vendues à des sociétés américaines. Et pour qu’elles puissent se développer en France.

Le marché chinois semble moins accessible compte tenu du contexte international ?

M.H.: Il y a une frilosité plus grande vis-à-vis du marché chinois, plus difficile, fermé sur son territoire. En revanche, les fonds singapouriens, taïwanais, coréens sont plus opérationnels.

Cette année, des prix ont été décernés à trois startups : MRM (dans le domaine du microbiote), FluoSphera et Vidac Pharma Ltd (micro-environnement tumoral).

M.H. : Ce concours de pitch était une première cette année et la remise de ce prix a connu un grand succès. Nous avons mobilisé les clusters européens qui nous ont soumis des candidatures et nous allons soutenir ces trois sociétés. Cette initiative rappelle aussi que les HTID ont l’ambition d’être un évènement européen. Dans une stratégie de souveraineté européenne dans le domaine de la santé, il faut sortir du champ strictement hexagonal. C’est pourquoi nous avons noué plusieurs accords de partenariats avec des clusters européens : en Belgique avec Biowin, en Flandres, en Allemagne, en Suisse, en Espagne et en Italie.  Nous allons continuer à travailler avec eux. Sur les 25 entreprises sélectionnées pour le prix que nous avons lancé cette année, 5 seulement étaient françaises.

Propos recueillis par Thérèse Bouveret

 

le Replay des tables-rondes :

HTID#4 Replay

 

 

(1) « L’augmentation de 4,1 % des dépenses de santé en 2022 est structurellement supérieure à la croissance du PIB mondial et met en évidence les tendances à long terme qui sont encore intactes et qui sont les moteurs fondamentaux des soins de santé. Marchés : l’augmentation de la population mondiale, son vieillissement, les progrès constants de la médecine, les traitements combinés à l’expansion des systèmes de santé publics »