« Chaque goutte compte » pour Millidrop, une spin-off de l’ESPCI (Ecole Supérieure de Physique Chimie Industrielle) créée début 2015. Le Millidrop Analyzer, de la taille d’une imprimante, permet d’analyser de 1000 à 10 000 échantillons en parallèle.
« Je m’intéresse aux microorganismes : levures, bactéries, champignons, microalgues. Nous les faisons croître dans nos petits réservoirs, comme dans les flasques » explique Laurent Boitard qui vient de faire partie des dix lauréats du concours créateurs innovants de moins de 35 ans du MIT Tech Review. La microfluidique repose sur la miniaturisation de ces cultures cellulaires. Et le milieu de culture de l’échantillon n’est plus l’incubateur, ni la boîte de pétri, mais des gouttes d’une centaine de nanolitres à quelques picolitres.
Les opérations d’incubation, d’analyse et de tri à haut débit sont intégrées sur une plateforme de la taille d’une imprimante : le Millidrop Analyzer. Plusieurs milliers de réactions se font en parallèle et la productivité est multipliée par mille. « L’avantage est de pouvoir rester dans le liquide. Certaines souches n’apprécient pas le passage du solide au liquide et nous préférons l’éviter. Certains préfèrent, question de praticité, une boîte de pétri, quelque chose qu’on manipule à la main, en revanche nous automatisons toutes les opérations, c’est un équivalent de boîte de Pétri en liquide ».
Sa start-up est une spin-off de l’ESPCI qu’il a fondée en janvier 2015 avec Jérôme Bibette, son professeur au sein du Laboratoire LCMD (Colloïdes et Matériaux Divisés) où il a fait sa thèse sur la culture de bactéries. La start-up a été lauréate du concours ILab en 2013 et en 2015. Comme l’un de ses associés, D. Cottinet, il est ingénieur ESPCI. « Je suis issu du sérail ESPCI où j’ai passé 15 ans et je connais beaucoup de chercheurs de l’IPGG (Institut Pierre Gilles de Gennes) » poursuit le jeune dirigeant, ajoutant qu’il a travaillé sur certains des projets de recherche en microfluidique qui y sont menés. Millidrop est incubée à l’IPGG, après un passage de deux ans à l’incubateur de Paris Biotech Santé. « Nous utilisons une partie du matériel de Fluigent, nous intégrons leur solution dans notre système, nous avions besoin d’une société qui maîtrise bien la microfluidique plutôt que de redévelopper en interne » précise-t-il.
Le Millidrop Analyzer permet d’étudier la diversité phénotypique des micro-organismes, c’est-à-dire des différents caractères observables parmi des millions de populations étudiées en parallèle. L’approche phénotypique permet d’observer comment la cellule réagit dans son environnement, à la différence du génotype. « Un cas particulier : quand vous regardez une niche écologique, vous prenez les bactéries, vous les laissez, et vous constatez qu’il y a des micro-environnements. Certaines vont se développer ou pas à partir de micropopulations identiques. Nous créons des conditions (le fait de ne rien leur donner à manger provoque un stress énorme), et seules celles qui sont capables de survivre, vont développer des stratégies d’évolution. Nous arrivons à isoler différents profils et à les récupérer ».
Diagnostic in vitro
En février dernier Millidrop a levé 1 million d’euros auprès du fonds Quadrivium 1 de Seventure Partners avec pour ambition à terme de développer un instrument dans le domaine du diagnotic in vitro : il permettra d’identifier les agents infectieux et les doses nécessaires pour les éradiquer. Pour l’instant, la start-up a établi des contacts avec des industriels pour se développer commercialement. « Nous avons livré deux machines à des universités, l’une en Hollande à Wageningen et l’autre à Paris », annonce Laurent Boitard.
Thérèse Bouveret
Société : Millidrop
Objet : Développer des automates de cultures cellulaires pour la recherche et le diagnostic bactériologique
Lieu : Incubateur de l’ESPCI à l’Institut Pierre-Gilles de Gennes pour la microfluidique Paris 5ème
Effectifs : 3, 5 en juin , 7 à la fin 2016
CA : levé 1 Meuros auprès de Quadrivium 1 le fonds de Seventure Partners