Medtech
Santé humaine
Édito
Objets connectés dans l’e-santé
Une première étude scientifique vient d’être menée avec Ads Research Kit (Apple) sur la Sclérose en plaque (SEP) d’octobre 2015 à avril 2016 sur 30 patients à la Pitié Salpétrière. Cette app développée et mise en place par Ad Scientiam permet de collecter sur l’iPhone des données sur les patients dans leur quotidien, au moyen de différents capteurs, gyromètres, accéléromètres, micros, GPS; pour l’instant il est disponible aux Etats-Unis uniquement pour plusieurs maladies (asthme, Parkinson, cancer du sein, diabète).
« My heart counts a eu 11.000 chargements dans les 24h, un temps record sachant qu’inclure autant de patients prend habituellement un an ; 66% des essais cliniques n’atteignent pas leur objectif de recrutement » indique le Dr Cécile Monteil, responsable médicale d’Ad Scientiam lors de sa présentation à l’ICM (Institut du Cerveau et de la Moelle épinière) où la jeune société est incubée. Volume, fréquence, qualité des données sont au rendez-vous, à quelques bémols près : pas de contrôle à l’inscription, des questionnaires moins qualifiés et, bien sûr, les risques inhérents à l’iPhone.
« Il faut des marqueurs de suivi du parcours de santé des patients très adaptables qui correspondent à la volonté d’usage. Nous allons avoir de plus en plus de produits et services sur des cycles courts de 4 ou 5 ans, avec des versions successives » confirme le Dr Daniel Laune qui lance chez Kyomed une app pour la rhinite allergique au niveau européen.
Des Apps médicales, il y en a tant. Le Groupe Pasteur Mutualité a entrepris de les tester et de les évaluer dans le « Z’app du Doc » en une série de vidéos animées par le Dr C. Monteil. Son Annuaire des objets connectés en recense 800, la plupart dans le domaine de la prévention (activités physique, physiologiques, fréquence cardiaque, glycémie) et, l’autre partie, dans l’observance connectée (comme le pilulier intelligent), selon François Larcher, Directeur Innovation de cette Mutuelle qui fait figure de pionnière en ouvrant un Open Lab dans ses locaux à Paris « pour que les idées de développement portées par des start-up puissent germer et aboutir». Dans une optique de prévention, la MGP accorde à ses assurés des primes allant de 75 à 150 euros pour acheter des objets connectés s’ils acceptent que leurs données de santé soient enregistrées. Sans doute, la seule manière d’éviter le retard du développement de l’e-santé en France. Syndrome du big brother oblige, notre pays a une attitude très pointilleuse sur les clauses de confidentialité à respecter.
« 100 % des appareils que nous vendons sont connectés. Nous visons le potentiel des services à la personne grâce aux objets connectés. Accessibles à tous et pour tous, à un coût très faible, nous ne voulons pas développer des technos pour les CSP++ » déclare Carlos Jaime, directeur de la division santé et équipements médicaux chez Samsung, lors de cette conférence à l’ICM. La santé connectée a un potentiel énorme qui changera en profondeur le modèle organisationnel à l’hôpital et au dehors. Associé à Orange Healthcare et à la Mutualité Française, Samsung cherche à développer des solutions digitales et à créer des pilotes pour changer le parcours de soin. Le groupe coréen positionné sur de nombreux secteurs d’activité dont la santé, à travers ses 32 sociétés, réalise 305 Mds de CA et peut se permettre de réaliser des économies d’échelle. En matière d’objets connectés, Samsung cible le créneau des malades chroniques qui va croître toujours davantage. Le constructeur coréen a vendu à Abou Dhabi un système hospitalier sur le modèle de celui de son « vaisseau amiral » à Séoul. Sa caractéristique : il totalise près de 2 millions de patients par an, soit l’équivalent d’un hôpital classique, mais avec cinq fois moins de frais administratifs grâce à un parcours de soin digital. “Nous ne vendons pas aux hôpitaux les équipements que nous mettons à leur disposition, nous vendons des services” affirme Carlos Jaime. L’idée c’est d’améliorer le parcours hospitalier du patient de façon à ce qu’il attende le moins possible. Toutes ses données sont centralisées. Les personnels hospitaliers réduisent le temps passé aux tâches administratives et reviennent à leur métier. Le temps de consultation est consacré à l’acte médical.
Thérèse Bouveret