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Interview

Pierre Monsan, un parcours entre recherche, enseignement et entreprise

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Professeur, chercheur et serial-entrepreneur, Pierre Monsan affiche une carrière dense et atypique mais guidée par une logique à la fois pragmatique et humaniste: conjuguer excellence, transfert de connaissances et retombées économiques et sociétales. Entretien avec un Catalan qui ne connait pas la langue de bois, a un bon sens de l’humour et surtout une vision très responsable du rôle de la recherche et de l’innovation dans et pour la société.

 

 

Trois questions à Pierre Monsan

 

AF : Pouvez vous nous décrire votre parcours en cinq dates et faits marquants ?

 

PM : Je vais en donner six mais qui marquent chacune une étape importante…

 

1969 : mon diplôme d’ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse et le début de ma carrière d’enseignant-chercheur

 

1984 : je suis cofondateur de BioEurope, une entreprise qui développe des procédés industriels dans le domaine de la biocatalyse. Créer une entreprise c’est pour moi transformer la recherche en retombées économiques. Mais c’est aussi être cohérent par rapport à mon métier d’enseignant: on forme des ingénieurs pour qu’ils aient du travail et il est donc indispensable de connaître le monde de l’entreprise. Je serai par la suite impliqué dans la création de Biotrade, Genibio, Libragen…

 

1993 : BioEurope est racheté et je retourne à l’INSA en tant qu’enseignant et pour monter une équipe de recherche en biocatalyse et un centre de transfert de technologies qui deviendra le CRITT BioIndustries.

 

2010 : le Grand Emprunt pour les Investissements d’Avenir est lancé et finance la création d’une structure originale à l’interface entre public et privé, Toulouse White Biotechnology. TWB est un démonstrateur préindustriel dédié aux biotechnologies blanches qui propose des prestations et services de R&D et héberge et accompagne également des startups.

 

2017 : je reçois le Enzyme Engineering Award, une sorte de Nobel de l’enzymologie, qui constitura mon “Himalaya scientifique” en quelque sorte !

 

2019: départ de TWB qui a largement dépassé ses objectifs pour prendre la direction de CellEasy, CDMO toulousaine, dédiée à la production et à l’utilisation de cellules souches.

 

AF : Comment et pourquoi passe-t-on des biotechs blanches à la médecine régénérative ?

 

PM : Il y a trois raisons à cette transition. La première est humaine avec la rencontre avec Guillaume Costecalde, fondateur de Cell Easy, que je n’avais pas vu depuis longtemps et que j’ai revu à l’occasion des travaux sur la stratégie de bioproduction en France. La deuxième est technique : la bioproduction reste le socle commun, qu’il s’agisse d’ingrédients industriels ou de cellules humaines, et le savoir-faire est ici essentiel. Enfin la troisième est presque philosophique : le véritable enjeu est aujourd’hui dans la santé, on en prend largement conscience depuis plus d’un an avec la pandémie CoViD-19. Le défi majeur, qui est technique, scientifique mais aussi économique et sociétal, est désormais de rendre les traitements innovants accessibles et abordables. Donner du sens à ce qu’on fait m’a toujours paru important, avec CellEasy, on touche à l’essentiel. Une quatrième raison ? Je ne connais pas le mot “retraité”…

 

AF : En quoi justement Cell Easy et TWB répondent, chacun dans leur domaine et technologies, aux grands enjeux et défis de demain?

 

PM : TWB a démontré qu’on pouvait construire des interfaces public-privé pertinentes et performantes, qu’on pouvait transformer la recherche en retombées économiques. Le transfert de technologies a toujours été au coeur de mes différentes activités et responsabilités.

Avec Cell Easy, il s’agit de créer des retombées économiques bien sûr mais aussi sociétales en rendant l’innovation médicale, les thérapies innovantes accessibles à tous.

Générer des connaissances, c’est très bien mais il faut que ces connaissances servent à quelque chose ! La recherche n’est pas dissociée de tout, l’innovation doit aller vers l’économie et vers la société.

Propos recueillis par Alexandra Foissac

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La start-up toulousaine Cell Easy