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Édito
Pourquoi un principe de précaution?
L‘arrêt récent de la cour de Colmar a marqué d‘un coup d‘arrêt la recherche en agronomie.
À quoi bon mener des recherches puisque les essais en plein champ, alors même qu‘ils sont autorisés par les lois de la bioéthique, contrôlés,et tiennent compte des distances réglementaires, sont impossibles?
Entre les fauchages récents en Haute-Garonne (colza Clearfield non transgénique), en Meurthe et-Moselle et en Charente-Maritime et les jurisprudences qui font loi faute de cadre législatif, la création de nouvelles variétés de semences et la transgénèse sont-elles condamnées ? Devrons-nousd‘ici quelques années nous résoudre à dépendre de pays étrangers pour la fourniture de semences( OGM ou non OGM) ?
L‘audition parlementaire sur le principe d‘innovation organisée à l‘initiative de l‘OPECST (Office Parlementaire d‘Évaluation des Choix scientifiques et Techniques) avait lieu le 5 juin à l‘Assemblée Nationale. Au coeur du débat, un article sur le principe d‘innovation dont certains jugent urgent qu‘il soit introduit dans la constitution pour contrebalancer le principe de précaution qui figure dans la Charte de l‘environnement Art 5. C‘est le point de vue du député Jean-Yves le Déault, premier vice-président de l‘OPECST, qui présidait l‘assemblée aux côtés du sénateur Bruno Sido.
Anne Lauvergeon, présidente de la Commission Innovation 2030, qui animait la première table-ronde sur cette question s‘est dite heureuse que l‘OPECST ait pris cette initiative. « C‘est le rôle des États de définir les conditions qui vont permettre de développer l‘innovation :sur le plan fiscal et juridique » a-t-elle déclaré. Tout en rappelant que l‘innovation est « enfant de bohême », elle a affirmé « qu‘ il était absolument clé d‘aller vers ce principe d‘innovation. C‘est un principe de confiance et de responsabilité de nos chercheurs, de nos entreprises. Le risque zéro n‘existe pas » a-t-elle rappelé avec énergie. Elle souhaiterait qu‘une charte de l‘innovation soit inscrite dans la constitution.
Bernard Accoyer a battu sa coulpe pour avoir laissé passer cet amendement dans la
constitution à l‘époque de Chirac. Le principe de précaution visait, au départ, à minimiser
les risques ou du moins à les étudier pour les réduire, et en aucun cas à interdire totalement le champ de certaines recherches.
« Le temps presse » a estimé l‘économiste Hervé Lorenzi, partisan lui d‘une décision pragmatique et rapide, une loi plus qu‘une modification de la constitution. Faut-il laisser parler les experts pour faire taire les associations militantes qui poussent le débat public vers des peurs, non étayées par des arguments scientifiques ? Claudie Haigneré a fait remarquer que nous étions passés de la période de la controverse à celle
où l‘on converse.
Certes les industries du passé sont menacées, telles que la pharmacie, l‘agroalimentaire,
etc… L‘industrie du futur n‘est pas encore née. La destruction créatrice a bien abouti à la
destruction de milliers d‘emplois. La panique commence à monter car on ne voit pas
encore advenir les nouveaux emplois.
La mention d‘un principe d‘innovation venant rétablir l‘équilibre entre le yin et le yang ne servirait à rien. C‘est du moins l‘avis de Geneviève Fioraso qui a annoncé qu‘elle sanctuarisait le budget de la recherche. Du moins, est-ce un principe acquis.
? THÉRÈSE BOUVERET RÉDACTRICE EN CHEF DE
BIOTECH INFO 3.0