Santé humaineMicrobiote
Édito
Premières mondiales
Cell Prothera a réussi une première mondiale : injecter son traitement de régénération cardiaque dans le cœur de 5 patients qui ont subi un infarctus du myocarde sévère. Les cellules injectées dans le tissu cardiaque sont des cellules souches issues du sang du patient et amplifiées ex vivo par un procédé breveté. Un essai pilote réalisé sur 7 patients a déjà démontré une amélioration de la fonction cardiaque dès le troisième mois, qui s’accentue dans les deux ans. Si les patients victimes d’un infarctus sont injectés dans les vingt jours avec des greffons cellulaires, ils pourront donc éviter ensuite des soins lourds en cardiologie, opérations à cœur ouverts ou pontages, et reprendre leur travail. Cette innovation voit le jour en France, et ce grâce à la ténacité du Professeur Philippe Hénon des Hôpitaux de Mulhouse qui a fondé Cell Prothera en 2008 pour développer un procédé innovant d’automate de production de cellules autologues. Pour ses essais cliniques, le Pr Hénon a choisi la France et s’en mord un peu les doigts. Il a perdu deux ans à attendre les autorisations réglementaires. « Les demandes ont été faites début 2015 et les autorisations obtenues fin 2016. Soit 3 MEUR de pertes puisque les centres d’essais cliniques sont réservés pour toute la durée du protocole». De quoi ronger son frein.
MaaT Pharma réalise à Lyon des essais cliniques en matière de transfert de microbiote fécal (TMF) pour des patients infectés par la bactérie Clostridium difficile* ou atteints de leucémie aiguë myéloïde ; et l’inauguration en novembre 2016 de la première plateforme européenne aux normes BPF (Bonnes Pratiques Françaises) de TMF autologues doit permettre, d’ici 2022, à des patients ayant subi de lourds traitements, comme des cancers, de pouvoir retrouver leur flore intestinale d’origine. « Pour soutenir ces start-ups innovantes, nous disposons du fonds Health for life de Seventure Parners, doté de 160 millions d’euros », précise Joël Doré, directeur de recherche et directeur d’unité adjoint de l’Unité Microbiologie de l’alimentation au service de la santé humaine à l’INRA de Jouy-en-Josas. Avec son équipe, il explore les fonctions des micro-organismes intestinaux qui auraient des implications majeures en nutrition et en santé humaine. “Notre approche sur le microbiote /intestin a positionné l’INRA comme numéro 1 devant Harvard et l’Université de Copenhague. L’INRA a pris une position volontaire en 2011 en lançant le programme Métagénomique des systèmes microbiens (Métagenopolis)” déclare-t-il. Le fonds Health for Life a noué des partenariats académiques avec l’INRA, mais aussi avec le Danish Technology Institute (DTI), et la Chalmers University of Technology de Göteborg.
Lors de son intervention sur les perspectives de l’industrie du microbiome, le 25 janvier, à l’occasion du Microbiome Drug Development Summit Europe à Paris, Isabelle de Crémoux, Présidente du Directoire de Seventure Partners, a pu exposer comment Health for Life Capital™ créé en 2013 a anticipé la révolution du microbiome. Ce fonds finance les start-ups pionnières comme MaaT Pharma, Enterome, Eligo Biosciences,Vedanta Biosciences, TargEDys ; et rassemble un large réseau d’investisseurs tels que Danone, Tereos, Lesaffre, Bel, Tornier et Novartis.
« L’évolution rapide de la recherche sur le microbiome va permettre de nouvelles approches diagnostiques, nutritionnelles et thérapeutiques, voire la combinaison des trois. Les travaux actuellement en cours visent à affiner les méthodes d’analyse comparative du microbiote des patients. Il est maintenant possible d’envisager un avenir où l’équilibre et la diversité du microbiote seront régulièrement contrôlés, en fournissant des mesures qui formeront la base de tests de diagnostics capables de détecter les premiers stades de la maladie chronique ou d’agents pathogènes indésirables. La recherche sur le microbiome est train de faire naître un tout nouveau secteur thérapeutique, comparable au développement de l’industrie des biotechnologies il y a 20 ans» a expliqué Isabelle de Crémoux.
* le transfert de microbiote fécal est déjà pratiqué couramment aux États-Unis pour traiter les colites dues à l’infection récurrente par Clostridium difficile résistant à l’antibiothérapie (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24440934)