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Prise en charge du Diabète de type 1 Arrêt des pompes à insuline implantables : quelles alternatives pour les patients ?

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Rappel du contexte et explications du Pr. Nathalie Jeandidier, Chef du Service d’endocrinologie, diabète, nutrition – CHRU de Strasbourg

L’annonce par le principal et unique fabricant de pompes à insuline implantables du prochain arrêt de la production de ces dispositifs médicaux sonne comme un couperet pour les patients atteints de Diabète de type 1 instable.

On estime en France à environ 0.5% de patients diabétiques de type 1, dits instables, certains ne répondent pas positivement aux traitements les plus sophistiqués par voie sous cutanée comme les pompes externes  avec capteurs et par conséquent sont directement impactés par
cette décision brutale.

Chez ces patients, l’absorption de l’insuline en sous cutanée est mauvaise ou irrégulière entraînant de grosses variations du sucre dans le sang, en particulier des comas hypoglycémiques. Pour ces patients, la seule prise en charge satisfaisante de leur maladie nécessite, à date, une administration d’insuline par voie péritonéale, celle-ci permet à l’insuline de passer par la veine porte et d’arriver au foie siège de la mise en réserve du sucre ; ce trajet est celui de l’insuline chez les sujets non diabétiques et permet une bonne régulation de la glycémie en particulier lors des repas et de l’activité physique.

La pompe implantable qui permet une administration péritonéale sans  risque d’infection est actuellement la seule issue favorable pour ces  patients permettant une bonne prise en charge et maintenir un confort de vie quotidien optimal des malades. Les HUS ont été les premiers à
introduire cette technique en France dans le cadre d’un essai clinique et restent très actifs dans cette voie d’administration (recherche fondamentale et clinique).

Des alternatives aux bénéfices aléatoires

Si des alternatives existent sur le marché, elles affichent pour la plupart des limites tangibles. Parmi elles, la greffe d’îlots pancréatiques (cellules sécrétant de l’insuline de façon régulée), plus lourde, présentant des risques liés à la greffe (thrombose de la veine porte… 😉 et aux traitements par immunosuppresseurs ; des équipements externes DiaPort ouverts à la peau entraînant des infections répétées et ne représentant qu’une solution de court terme.

Les dispositifs de type « pancréas artificiels » associant une pompe externe à infusion sous cutanée d’insuline, un capteur de glycémie (mesure de la glycémie toutes les 3 minutes) et un algorithme permettant de modifier automatiquement la dose administrée par la pompe en fonction de la glycémie, ne sont pas adaptés chez ces patients très instables, l’absorption de l’insuline étant différentes de celle de la majorité des patients pour lesquels les algorithmes ont été conçus.

La voie physiologique reste la seule alternative d’intérêt

Pour répondre aux besoins des patients, les efforts en matière de recherche médicale doivent se concentrer de façon significative sur des méthodes privilégiant une administration physiologique permettant à l’insuline d’accéder rapidement à la veine porte, une veine de gros
calibre qui transporte le sang notamment vers le foie y apportant sucre et insuline.
Cette solution induit un bon contrôle de la glycémie, une moindre variabilité et diminue significativement les écarts importants, hyperglycémies et les hypoglycémies sévères.

En privilégiant un dispositif d’administration péritonéale, l’insuline agit plus efficacement, ce qui permet aux patients présentant une grande instabilité glycémique d’avoir une vie normale sans décompensations sévères répétées.

« Un coup de poignard pour les patients diabétiques »

Témoignage de Frédérique Larangé, responsable Grand Est du collectif des diabétiques implantés
Frédérique Larangé, 58 ans, a déclaré un diabète de type 1 lent à 42 ans. Sa prise en charge initiale consistait en des injections par stylos puis via une pompe externe, mais rapidement sa glycémie est devenue mal contrôlée.
C’est en 2017 qu’elle bénéfice d’une pompe implantable et constate immédiatement un changement radical de sa stabilité glycémique.
Frédérique qualifie de « catastrophe sanitaire » l’arrêt de la production de ces pompes et invoque la « non-assistance à personne en danger » en raison du risque élevé de glycémies extrêmes pouvant à des décompensations sévères (comas) ou conduire à plus long terme à
la cécité, à des pathologies rénales, cardiovasculaires. C’est un véritable cri d’alerte et d’appel à l’aide que lance Frédérique et le collectif de médecins EVADIAC pour interpeller les instances à la continuité de production des pompes implantables, d’autres entreprises étant prêtes à reprendre le système de production de Medtronic.

À propos des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS) : exigence et innovation au service du patient
Premier employeur d’Alsace, les HUS sont composés de cinq établissements. Ils assurent une mission de soin mais également de recherche et d’enseignement.
Leur spécificité de Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) leur permet d’assurer aussi bien des soins courants à la population de Strasbourg et de ses environs, que de prendre en charge des patients aux maladies complexes ou rares issus de secteurs géographiques plus éloignés.

Les HUS en 2019, ce sont :
• 800 000 consultations
• 401 greffes
• 5 988 accouchements
• 12 266 personnels, dont 2 948 médecins 41 316 professionnels formés dans les 7 écoles et instituts www.chru-strasbourg.fr

À propos de Defymed
Defymed est une société? de technologies médicales créée en mars 2011 à Strasbourg, spécialisée dans la conception et le développement de dispositifs médicaux innovants de délivrance physiologique de composés thérapeutiques. Depuis ses débuts, la vocation de
Defymed vise à proposer des solutions thérapeutiques pour améliorer la délivrance des médicaments et donc la qualité de vie des patients dans le traitement de maladies chroniques telles que le diabète.
La société présidée par Séverine Sigrist compte une dizaine de collaborateurs internes et plus de 30 collaborateurs externes à l’échelle mondiale.
Defymed s’est, en premier lieu, focalisé sur une application pour le traitement du diabète de type 1. Sa force repose sur son réseau de partenaires nationaux et internationaux.
Le premier produit conçu est MailPan®, un pancréas bio-artificiel implantable destiné à rétablir une production normale d’insuline chez le patient diabétique de type 1. Le second produit développé par Defymed est ExOlin®, un dispositif médical de délivrance
physiologique d’insuline. Defymed s’intéresse aujourd’hui à l’utilisation de son savoir-faire pour améliorer le traitement d’autres pathologies telles que le cancer, l’hémophilie ou l’obésité.
www.defymed.com

>> Une collaboration Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et Defymed
Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et Defymed collaborent au développement d’une solution alternative depuis de nombreuses années. Dans cette perspective, les études cliniques devraient débuter à l’horizon de fin d’année, l’objectif ultime étant d’adapter le système de délivrance intrapéritonéale aux différents pancréas artificiels qui se développent actuellement.
Depuis 1989, les HUS se distinguent auprès de la communauté médicale et scientifique par l’apport de contributions significatives en matière de prise en charge des pathologies endocriniennes.