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Quel modèle pour les pays du Maghreb??

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Ali Zineddine Boumehira
Ali Zineddine Boumehira

La biotechnologie, secteur prometteur de l’économie mondiale, a connu un taux de croissance rapide ces deux dernières décennies, combiné à une grande capacité d’innovation. Pourtant, malgré les atouts en capital humain, en ressources naturelles et en localisation géographique des pays du Maghreb, le nombre de centres industriels et de sociétés œuvrant dans le domaine reste très limité et inférieur aux besoins réels. Les gouvernements éprouvent des difficultés à planifier l’évolution de cette discipline. Ce processus se heurte à des obstacles qui proviennent de tous les facteurs inhérents à la création et au développement d’entreprises de biotechnologie, individuellement et en clusters.

Les pays du Maghreb ont traditionnellement suivi le modèle européen, avec une transposition de la réglementation européenne qui exige de la part des entrepreneurs de disposer de grands espaces de laboratoire, d’équipements coûteux et d’un personnel scientifique expérimenté. Et même lorsqu’elles livrent leurs premiers produits, les entreprises de biotechnologie doivent faire face à des obstacles normatifs avant de pouvoir les mettre sur le marché puis de commencer, peut-être, à faire des profits. Les défis économiques et les climats d’investissement sont pourtant différents au Maghreb. Le tissu industriel annexe est absent, et les entreprises de biotechnologies ne bénéficient pas d’un traitement spécial (aides financières, taxes, couloir vert, financement, R&D), qui rend l’investissement attractif pour ce secteur.

Pourquoi pas le modèle asiatique??

La Chine, l’Inde et, plus récemment, la Malaisie ont su choisir une stratégie adéquate pour le développement des biotechnologies. Elles ont commencé par l’installation d’un système réglementaire et financier qui encourage les investisseurs. Les entreprises de biotechnologies en Inde, par exemple, bénéficient d’une réduction des taxes, et les universités accompagnent étroitement le développement de ce secteur. Elles ont créé leurs propres journaux scientifiques open access pour permettre le partage du savoir et d’informations. Lors d’une visite d’un laboratoire en Malaisie, j’ai pu constater que les auditeurs algériens, à plus forte raison européens, auraient exigé un niveau qualitatif supérieur pour accréditer cette structure en biotechnologies. Pourtant, en Malaisie, ce laboratoire contribue à créer de la richesse et un revenu local permanent. Si les pays asiatiques ont, au départ, commencé par « copier-­coller », la Chine et l’Inde ont réussi, à travers leur stratégie, à atteindre un stade de recherche et de développement avancés. L’Inde prévoit 100 milliards de dollars issus de la biotechnologie à horizon 2025. L’étude du modèle asiatique dans le développement des biotechnologies ne pourrait être que bénéfique aux pays du Maghreb.

Dr. Ali Zineddine Boumehira, chercheur permanent
Centre de recherche scientifique (CRAPC), Algérie