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Quelles boussoles pour la transition bioéconomique?
Par Dorothée Browaeys, présidente de TEK4life, auteur de L’urgence du vivant, vers une nouvelle économie. François Bourin, sept 2018
Nicolas Hulot a fait le constat : l’urgence écologique ne suffit pas à convertir les pratiques économiques. Or aujourd’hui, les acteurs de la bioéconomie pourraient bien être les pionniers du monde d’après ! Celui où l’on travaille durablement avec le vivant, affranchi du pétrole et séquestrant le carbone…
L’ingénierie métabolique ou la « chimie du renouvelable » peuvent transformer les modes industriels. Quand des « deals » inédits rassemblent des producteurs de matières premières, des transformateurs et des consommateurs, les reconfigurations opèrent : Renault recourt au chanvre pour ses portières ou tableaux de bord, Ikea s’appuie sur le Finlandais Neste pour passer à 100 % de plastiques biosourcés, d’ici 2030 et Lego mobilise le brésilien Braskem pour produire ses briques à partir de matières végétales à l’horizon 2030. C’est l’aval qui tire ces valeurs : en revendiquant des matières premières biosourcées, Coca-Cola, Danone, L’Oréal, Michelin, Nike, Adidas… inaugurent une économie des interdépendances.
Cependant, cette révolution vitale se heurte aux vieilles logiques thermo-industrielles. Le prix bradé du pétrole – vendu en dessous de son coût de production et largement subventionné – ne cesse de faire des victimes : Cobalt, Verdezyne, Myriant, ZeaChem, Joule, Rivertop Rennovia… « Nos sociétés courent le risque d’une banqueroute majeure, parce que nous cachons les coûts que sont les émissions de carbone, la hausse des températures ou encore la fonte des glaces. » rappelle Lester Brown[1].
Cette situation requiert l’intervention des politiques nationales et internationales. Il s’agit de bousculer des cadres économiques caducs, notamment les normes comptables qui négligent les capitaux vivants et le long terme. Ces sujets ont été au cœur du Forum BioRESP du 16 octobre organisé par TEK4life[2]. Avec l’objectif de forger une nouvelle « boussole du vivant » (life-driven) pour articuler économie et écologie.
[1] Lester Brown, Le Plan B, Pour un pacte écologique mondial, Paris, Calmann-Lévy/Le souffle court éditions, 2007. Voir « Économie sans écologie = banqueroute assurée », Weronika Zarachowicz, Télérama, 2 novembre 2007,
[2]TEK4life (SAS) fait de la prospective vivante sur les technologies, les pratiques et les modes de vie émergents. Elle anime les Forums NanoRESP et BioRESP pour forger des boussoles de transition vers de nouvelles manières de produire, de compter et d’investir.