Medtech
Santé humaine
Édito
Réindustrialisation de la France
L’inauguration d’un nouveau bâtiment dédié aux produits anesthésiques sur le site de l’usine ASPEN de Notre-Dame de Bondeville près de Rouen a été l’occasion pour Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat à l’innovation du Ministère de l’Economie et des Finances, de prononcer un discours sur l’attractivité de la France pour des investisseurs étrangers. Le groupe Aspen, d’origine sud-africaine, a investi 100 millions d’euros pour la réalisation de ce département très innovant et a prévu d’embaucher une centaine de personnes d’ici à sa mise en production en 2021. « Un investissement emblématique de deux politiques que nous menons au gouvernement : améliorer l’attractivité de notre pays et mener une reconquête industrielle. Un groupe qui exporte 90 % de la production faite en France a choisi la France pour investir. Aspen qui a repris ces installations en 2014 et n’a pas cessé d’investir dans l’innovation et dans des lignes 4.0. C’est très marquant »…
« Selon EY, La France est le premier pays européen dans lequel des investissements sont faits dans l’industrie, le 5 ème pays le plus attractif du monde. C’est le fruit d’une politique qui vise d’abord à donner des conditions d’activité aux entreprises assez comparables au pays qui ont les mêmes exigences sociales et environnementales comme l’Allemagne, Danemark, les pays nordiques. Avoir une fiscalité du capital et des entreprises assez similaires. Une croyance dans l’innovation qui va être le moteur de notre croissance future et des emplois du futur L’enjeu est de sanctuariser notre CIR (Crédit Impôt Recherche quia clairement été un moteur d’investissement en France. »
L’industrie qui avait perdu, entre 2000 et 2016, 1 million d’emplois industriels commence à se redresser. « En 2019, nous avons créé 7500 emplois industriels au premier trimestre » a poursuivi la secrétaire d’état. « L’industrie est une réponse à la crise territoriale et sociale que nous venons de traverser ». Une politique industrielle qui repose sur 18 contrats de filières dont un pour la santé.
La proximité du prochain CSIS “met la pression” sur le gouvernement pour répondre aux industriels du G5 Santé qui attendent des mesures incitatives fortes pour faire le choix de continuer à investir dans la production dans notre pays. L’annonce récente du plan social de Sanofi (près de 450 salariés) et le départ anticipé de son président France, Olivier Baudricourt, remplacé en septembre prochain par un président étranger, Paul Hudson, a jeté un froid.
« La France a un cadre législatif accueillant » renchérit Christian Pierret, ex-ministre de l’Industrie, qui fut à l’origine du CIR (Crédit Impôt Recherche) dans les années 1990, CIR grâce auquel la France est championne du monde de la recherche et du développement early stage. « 90 % des entreprises de biotech et medtech n’existeraient pas sans le CIR », insiste-t-il. Maintenant il faut les capitaux pour leur permettre d’investir pour atteindre le marché et créer de l’emploi. « En France, l’ensemble des industries de santé compte aujourd’hui 200.000 emplois, et c’est 1,4 million en Europe », souligne-t-il. C’est ce qui l’a poussé avec Maryvonne Hiance, présidente de France Biotech, et quelques acteurs influents à organiser en deux mois le HealthTech Investor Days à Paris. Une première. L’évènement a rassemblé des investisseurs du monde entier, des laboratoires pharmaceutiques, des sociétés de HealthTech (Biotech/Medtech/Digital Tech) européennes. Il s’agit de montrer que l’Europe conserve sa place dans la concurrence qui fait rage entre les Etats-Unis et la Chine qui a fait de la santé et de l’IA une priorité de son plan stratégique Chine 2030.
« Les dispositifs médicaux représentent 85.000 emplois directs en France et plus encore si l’on compte tous les emplois liés au développement des objets connectés qui s’appuient sur des startups de l’IA, très innovantes en France. (…)Le DM au-delà de ce qu’il apporte en matière de santé publique est considéré comme un coût alors qu’il doit être considéré comme une richesse pour l’économie nationale » déclarait en mai dernier Philippe Chêne, le nouveau président du Snitem.