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Rétrovirus dans l’ADN : la théorie du koala
Chez l’Homme, environ 8 % du génome est constitué d’éléments issus de rétrovirus endogènes qui ont perdu leur pouvoir pathogène. Les rétrovirus sont composés d’ARN. Grâce une enzyme, la transcriptase inverse, ces virus produisent de l’ADN et insèrent ces séquences dans le génome de leur hôte. Si les cellules germinales de l’hôte sont infectées, cet ADN viral est transmis à sa descendance. Le mécanisme exact d’intrusion et de perte de virulence de ces virus est encore mal connu. Et notamment parce que chez l’être humain, ces fragments d’ADN sont présents dans notre patrimoine génétique depuis plusieurs millions d’années. Identifier et étudier une autre espèce de vertébrés chez qui une intrusion rétrovirale est en cours permettrait donc d’en connaître davantage sur les mécanismes à l’œuvre. Une équipe internationale de chercheurs a découvert que c’était le cas chez le koala, dont le génome est progressivement contaminé par le virus KoRV, à l’origine d’un syndrome d’immunodéficience. Ulrike Löber de l’Institut Leibniz de Berlin, ont montré que KoRV avait commencé à s’introduire dans le génome des marsupiaux depuis seulement 50 000 ans sans y être déjà fixé. Lorsqu’il infecte les cellules des koalas, KoRV s’y recombine avec un autre rétrovirus inoffensif déjà intégré à leur patrimoine génétique, et perd progressivement sa dangerosité. Actuellement cohabitent donc des koalas non contaminés par KoRV, des animaux chez qui le virus est actif et engendre des pathologies cancéreuses ou du système immunitaire et enfin d’autres chez qui il fait partie intégrante du génome, sans effet délétère. Il faudra sans doute encore des centaines de milliers d’années pour que le rétrovirus KoRV soit présent de manière inerte dans l’ADN de tous les individus de l’espèce.
Ü. Löber et al. (2018) PNAS, vol. 115(34), 8609-14, 2018