Santé humaine
Édito
Risée en vue pour les biotechs santé.
Un vent d’optimisme soufflait à la 13ème réunion annuelle de Paris Biotech Santé le 27 novembre. L’assemblée était nombreuse. Axel Kahn, son président, a mis en exergue « la matière grise » de nos excellents chercheurs français, très prisés par le MITI et Harvard. Toute la question étant de les garder en France.
C’était l’occasion de célébrer une trajectoire de réussite avec 111 projets accompagnés de 2000 à 2013, 81% de taux de survie et 404 M€ de valorisation. Et de revenir sur les succès de l’année : l’entrée en bourse de trois sociétés issues de l’incubateur : Genomic Vision, Théraclion et DBV Technologies, la dernière venant de lever 130 M€ sur le Nasdaq. La valorisation probable de ces trois sociétés est supérieure à 1 milliards d’€.
Depuis 2002, le Dr Pierre-Henri Benhamou qui s’amuse rétrospectivement « d’avoir pu aller si loin parce que l’industrie pharma ne l’avait pas détecté avant », a bénéficié de l’aide « full options » de l’Anvar, de Cap Décisif, de Sofinnova Partners et de Paris Biotech Santé. Sous l’impulsion de l’AP-HP, de l’Université Paris-Descartes et de la Ville de Paris, cet incubateur est à l’origine de la création en 2007 de la pépinière Paris Santé Cochin pour les entreprises innovantes en santé humaine (11 en 2013), sous la houlette d’Olivier Amédée-Manesme. Des travaux seront lancés en 2015 pour l’agrandir sur 4200 m2.
Comme toujours, il fut question de la faiblesse du capital dont les start-upfrançaises disposent par rapport aux biotechs américaines. « De l’argent on en trouve, il faut aller le chercher» a affirmé Aaraon Bensimon, le président de Genomic Vision. Certes, le fonds InnoBio, financé à hauteur de 51 % par 9 grands laboratoires publics, est le bienvenu. Cependant, comme le fait remarquer Dominique Constantini, la présidente d’Ose Pharma, « ce fonds est doté de 173 M€ alors que le développement d’un médicament coûte plus de 800 M€».
Et pourtant ! « Nous sommes au troisième rang à l’échelle mondiale après le Royaume-Uni et les Etats-Unis» a déclaré Philippe Lamoureux, le directeur général du LEEM, qui dévoilait les premiers résultats d’une enquête qui sera bientôt publiée : sur 450 biotechs françaises, 4 % seulement sont des ETI et la plupart sont des TPE de moins de 10 salariés. « Il faut un contexte fiscal et réglementaire attractif » conclut-il. Une autre étude du LEEM, montre que la pression fiscale sur les entreprises est la plus élevée d’Europe. Philippe Lamoureux annonce la mise en place d’un Hub de services pour les PME.
Sur la question des réglementations, Jacques Lewiner, directeur scientifique honoraire de l’ESPCI Paris Tech s’est exclamé avec une franchise un peu provocante « qu’il apprenait surtout à ses chercheurs à les contourner car elles sont trop contraignantes ». Il s’est fait l’ardent défenseur du dépôt de brevets pour protéger la recherche lors du transfert de technologie.
Philippe Pouletty, le directeur général de Truffle Capital, a mis en garde les laboratoires pharmaceutiques sur la montée du nouveau modèle d’innovation ouverte low cost dont il signale un remarquable exemple à la Paillasse : une application d’écographie transmise via un smartphone, conçue par une équipe pluridisciplinaire. « Le paradoxe étant qu’elle sera interdite en France et vendue sur le web ».
Partie d’une start-up il y a vingt ans, Amgen réalise désormais un CA de 20 milliards de dollars. « Sur 10 molécules, 5 sont issues de notre recherche, 5 d’autres laboratoires » reconnaît Jean Monin, le président d’Amgen France qui veille à garder cet équilibre entre la R&D de l’intérieur et celle de l’extérieur. A l’américaine, le Fonds Amgen Ventures investit de 2 jusqu’à 10 millions dans des start-up (aux côtés de la Société Générale, Asset Management et Edmond de Rotschild). Amgen France a conclu un partenariat avec France Biotech et l’Institut Pasteur.
Thérèse Bouderait