IndustriePharmacologie

Édito

Santé : « Construire un nouvel horizon »

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur google
Partager sur reddit
Partager sur tumblr
Partager sur pinterest
biotech info articles image

 

Après le coup de théâtre du week-end, c’est dans un climat d’émotion qu’a eu lieu ce lundi matin la passation de pouvoir entre Agnès Buzyn et Olivier Véran qui lui succède au Ministère des Solidarités et de la Santé, dans un contexte de double crise : à la fois gouvernemental et sanitaire. Ce dernier assure que « la gestion de la crise reste sa préoccupation numéro 1 », “le risque de pandémie restant crédible“. De quoi rassurer les Français alors que le bilan de l’épidémie causée par le COVID 19, encore « difficile à prévoir » selon l’OMS, atteint désormais 1700 morts et 60 000 personnes infectées, pour la plupart en Chine. En France, quelques cas de contaminations avérés et un mort à l’hôpital Bichat à Paris : un touriste chinois de 80 ans originaire de Wuhan.

Agnès Buzyn qui aura passé deux ans et demi au ministère de la santé, avant de démissionner pour se présenter comme candidate LREM aux Municipales à Paris, peut se prévaloir d’un bilan positif. Rendant hommage à ses « inégalables qualités humaines » et à « son engagement au service de l’Etat », Olivier Véran l’a rappelé en quelques points : « fondement de l’état providence du 21 ème siècle » qu’elle développe avec la gratuité des soins optiques, audios et dentaires, « révision des lois de bioéthique », « feuille de route de transformation du système de soins avec les acteurs concernés ». Le plan Santé 2022 est sur les rails. Et sans aucun doute, Olivier Véran, ce neurologue de 39 ans qui exerce au CHU de Grenoble, ancien représentant syndicaliste lui-même, est-il qualifié pour les mener à leur terme. Il s’est engagé en politique en 2012 aux côtés Geneviève Fioraso, ex-ministre de la Recherche, il est aussi député de la 15ème circonscription de l’Isère sous la bannière LREM et conseiller régional Auvergne Rhône-Alpes.

Il est attendu également lors des négociations de l’accord-cadre avec les industriels du médicament. « Dans ce contexte particulier (gilets jaunes, réforme des retraites), notre rôle en tant qu’entreprises de santé consiste plutôt à rechercher les voies du dialogue constructif et les pistes de solution » a déclaré Frédéric Collet, président du Leem (1), le 28 janvier dernier qui a mis trois thèmes en exergue : en premier lieu le retour de l’innovation thérapeutique (60 médicaments déposés à la FDA en 2018 au lieu de 40 au mieux des années 2010). « Mais, nous devons tous être conscients que ce retour n’est rien à côté de la révolution qui a débutée en 2019 et qui va s’étendre tout au long de la prochaine décennie » précise-t-il. A titre d’exemples : « les thérapies géniques, les progrès dans la prise en charge des patients « qui devraient permettre, à l’horizon 2030, de guérir 3 patients sur 4 et 9 enfants sur 10, insiste-t-il. Il est possible désormais de stopper la progression de la sclérose en plaques grâce à des anticorps monoclonaux. En 2030, le diagnostic et la surveillance de la maladie seront améliorés grâce aux progrès de l’IRM et à l’arrivée de biomarqueurs sanguins fiables. Et l’on pourrait ainsi multiplier les exemples à l’infini : dans le domaine des vaccins, de l’immunothérapie, des maladies rares » ajoute le directeur général de Novartis France. Selon Frédéric Collet, ces innovations vont redessiner les parcours de soins et, plus largement, l’organisation de notre système de santé. « Elles nous amènent également à repenser collectivement la question de l’accès des patients aux nouveaux traitements. »

La santé est devenue la première priorité des français

« Une étude récente d’EY (publiée le 13 janvier 2020) positionne la France sur la 1ère place européenne en termes d’attractivité industrielle » rappelle-t-il ensuite. « Le troisième élément, c’est une demande sociétale de plus en plus forte. La santé est devenue la première priorité des Français (46 %),…, selon le baromètre Kantar, réalisé pour l’institut Paul Delouvier, en décembre dernier. Cette émergence a sans doute beaucoup à voir avec la crise de l’hôpital, le malaise de la médecine de ville et plus généralement des professions libérales de santé, mais aussi avec des problématiques spécifiques au médicament, de l’accès à l’innovation jusqu’aux ruptures d’approvisionnement. Il y a clairement aujourd’hui un sentiment d’inquiétude chez nos concitoyens concernant l’avenir de notre système de santé ».

Enfin, le président du Leem a annoncé que l’association France Biotech, présidée par Franck Mouthon, faisait désormais partie du conseil d’administration du Leem. « Il faut absolument que des liens existent entre les sociétés de biotechnologies innovantes et les grandes entreprises pharmaceutiques, qu’ils se resserrent encore, car c’est souvent au sein des biotechs que l’on trouve aujourd’hui l’innovation de demain ». Selon leur communiqué commun du 16 février, il s’agira d’une part, réaffirmer ensemble des objectifs stratégiques partagés autour des quatre grands enjeux que sont : la garantie d’accès des patients à l’innovation dans les meilleurs délais ; la construction d’écosystèmes de recherche toujours plus performants et qui nous permettent de rester dans la course au progrès thérapeutique ; le soutien à l’emploi, à la transformation des métiers et à la politique industrielle ; le renouvellement et le renforcement de la politique conventionnelle.

L’autre axe majeur de travail pour 2020 avec les pouvoirs publics sera le renouvellement de l’accord cadre (de fixation des prix des médicaments en France), colonne vertébrale de la politique du médicament en France. Le CEPS (Comité économique des produits de santé) devrait se tenir à la mi 2020.

Thérèse Bouveret

(1) Les entreprises du médicament en France, ce sont 54 Mds € de chiffre d’affaires, dont la moitié à l’export ( 3ème plus gros exportateur français derrière l’aéronautique et l’automobile) ; 270 sites de production sur tout le territoire, 100 000 emplois directs, 10 à 15 % de la R&D, de nombreux partenariats publics-privés.