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Communiqué de presse
SARS-CoV-2 : neutralisation de BA.1 et BA.2 par les anticorps monoclonaux thérapeutiques
Communiqué Institut Pasteur
4 avril 2022
La souche Omicron BA.1 du SARS-CoV-2 a été supplantée par le sous-lignage
BA.2 dans de nombreux pays. Si Omicron est responsable de moins de formes
sévères dans la population générale, les personnes immunodéprimées ont
néanmoins un risque accru de développer des formes graves de la COVID-19.
Plusieurs anticorps monoclonaux sont actuellement disponibles en clinique pour
traiter ces patients de manière préventive. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, du
CNRS, du Vaccine Research Institute (VRI), en collaboration avec le CHR
d’Orléans, l’AP-HP, KU Leuven (Université Catholique de Louvain) et Université
Paris Cité ont étudié la sensibilité des variants Omicron BA.1 et BA.2 à neuf
anticorps monoclonaux dont certains sont utilisés en prophylaxie préexposition
chez les personnes immunodéprimées. Ils montrent une perte d’efficacité de
neutralisation contre BA.1 et BA.2 chez les personnes traitées par deux
associations d’anticorps (Ronapreve® ou Evusheld®). Ces résultats ont été publiés
dans Nature Medicine, le 23 mars 2022.
La souche BA.2 d’Omicron a fortement augmenté en fréquence et est maintenant majoritaire
dans de nombreux pays, dont la France. Dans un premier temps, les scientifiques de l’unité
Virus et immunité à l’Institut Pasteur (unité mixte de recherche CNRS) et du VRI ont étudié la
sensibilité des sous-lignées Omicron BA.1 et BA.2 aux anticorps monoclonaux thérapeutiques
dans un système de culture cellulaire. Pour cela, ils ont isolé une souche infectieuse BA.2, en
collaboration avec l’Institut Rega, KU Leuven. Ils ont ensuite examiné l’efficacité de la
prophylaxie préexposition chez les personnes immunodéprimées à risque de COVID-19 sévère.
Ils ont d’abord décrit la sensibilité in vitro de BA.2, en comparaison avec les souches Delta et
Omicron BA.1, à 9 anticorps à visée thérapeutique. Ils ont ensuite examiné les conséquences
cliniques de ces observations, en mesurant directement l’activité neutralisante des anticorps
dans des sérums de 29 individus ayant reçu Ronapreve® (association de deux anticorps
développée par Roche/Regeneron) et/ou Evusheld® (association de deux anticorps développée
par AstraZeneca).
Les scientifiques ont comparé l’efficacité des sérums de patients, entre 3 et 30 jours après le
traitement, contre BA.1 et BA.2. Les résultats de cette étude montrent une sensibilité
thérapeutique différente selon les sous-lignées d’Omicron.
« Nous montrons que les anticorps et les sérums correspondants sont peu ou pas actifs contre
BA.1, mais sont plus actifs contre BA.2. Par rapport à Delta, l’activité neutralisante est plus
sévèrement diminuée contre BA.1 : il faut 344 fois plus d’anticorps pour neutraliser BA.1, et 9
fois plus pour neutraliser BA.2 », explique Timothée Bruel, premier auteur de l’étude et
chercheur au sein de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur (unité mixte de recherche
CNRS).
En outre, 4 infections à Omicron ont été décrites parmi les 29 patients traités par anticorps
(dont un cas sévère). « Cela indique que, dans ce cas, le traitement ne protège pas
complètement ni contre l’infection, ni contre les formes sévères » explique Thierry Prazuck, co-auteur principal de l’étude et chef du service maladies infectieuses au CHR d’Orléans.
« Il s’agit à notre connaissance de la première étude décrivant directement la séro-neutralisation d’individus traités par anticorps monoclonaux contre Delta, BA.1 et BA.2 et reliant les résultats à des infections. BA.1, et dans une moindre mesure BA.2, est moins sensible à Evusheld® et Ronapreve® que Delta. L’efficacité clinique de ces traitements contre l’infection
Omicron est donc probablement moins bonne que contre Delta », commente Olivier Schwartz,
auteur principal de l’étude et responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur (unité
mixte de recherche CNRS).
Le nombre de personnes immunodéprimées est évalué à 230 000 en France et regroupe les
personnes recevant des médicaments immunosuppresseurs pour une greffe, sous
chimiothérapie pour un cancer, atteintes de maladies auto-immunes, ou infectées par le VIH et
non encore traitées. Dans le monde, des dizaines de milliers d’individus ont reçu ces anticorps.
Il s’agit donc d’une question de santé publique majeure qui nécessite de prochaines études
cliniques pour ajuster au mieux les traitements en fonction des variants circulants.
Serum neutralization of SARS-CoV-2 Omicron sublineages BA.1 and BA.2 in patients
receiving monoclonal antibodies, Nature Medicine, 23 mars 2022
Timothée Bruel1,2,*, Jérôme Hadjadj3,*, Piet Maes4,*, Delphine Planas1,2, Aymeric Seve5
, IsabelleStaropoli1, Florence Guivel-Benhassine1, Françoise Porrot1, William-Henry Bolland1,6, Yann Nguyen3,
Marion Casadevall3, Caroline Charre7,8,9, Hélène Péré10,11, David Veyer10,11, Matthieu Prot12, Artem
Baidaliuk12, Lize Cuypers13, Cyril Planchais14, Hugo Mouquet14, Guy Baele4, Luc Mouthon3, Laurent
Hocqueloux5, Etienne Simon-Loriere12,$, Emmanuel André13,15,$, Benjamin Terrier3,$, Thierry Prazuck5,$ &
Olivier Schwartz1,2,$
1Institut Pasteur, Université Paris Cité, CNRS UMR3569, Virus and Immunity Unit, 75015, Paris, France.
2Vaccine Research Institute, 94000, Créteil, France.
3Department of Internal Medicine, National Reference Center for Rare Systemic Autoimmune Diseases, AP-HP,
APHP.CUP, Hôpital Cochin, Paris, France
4KU Leuven, Department of Microbiology, Immunology and Transplantation, Laboratory of Clinical and
Epidemiological Virology, Leuven, Belgium
5CHR d’Orléans, service de maladies infectieuses, Orléans, France.
6Université Paris Cité, École doctorale BioSPC 562, 75013, Paris, France.
7Université Paris Cité, Faculté de Médecine, Paris, France
8INSERM U1016, CNRS UMR8104, Institut Cochin, Paris, France
9AP-HP, Laboratoire de Virologie, CHU Cochin, Paris, France
10INSERM, Functional Genomics of Solid Tumors (FunGeST), Centre de Recherche des Cordeliers, Université Paris
Cité and Sorbonne Université, Paris, France
11Laboratoire de Virologie, Service de Microbiologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, Assistance Publique des
Hôpitaux de Paris, Paris, France
12G5 Evolutionary Genomics of RNA Viruses, Institut Pasteur, Université Paris Cité, Paris, France
13University Hospitals Leuven, Department of Laboratory Medicine, National Reference Centre for Respiratory
Pathogens, Leuven, Belgium
14Humoral Immunology Laboratory, Institut Pasteur, Université Paris Cité, INSERM U1222, Paris, France
15KU Leuven, Department of Microbiology, Immunology and Transplantation, Laboratory of Clinical Microbiology,
Leuven, Belgium
* These authors contributed equally
$ These authors jointly supervised this work