Dans cette période de crise où la prise de risque n’est pas encouragée, ni même récompensée et où le principe de précaution a été érigé en valeur constitutionnelle, les dirigeants d’entreprise qui prennent le risque de nouer des partenariats durables avec des start-up deviennent nos héros des temps modernes. Il faut dire que rien ne vient les inciter à agir différemment.
De leur côté, les fonds d’investissement sont attentistes car ils ne valorisent pas une start-up à l’aune de son endettement ou de sa capacité à se faire subventionner mais en fonction de la taille de son portefeuille client.
Le développement des start-up de l’e-santé n’est donc pas satisfaisant ce qui est un gâchis pour plusieurs raisons :
– Les nouvelles technologies pour la santé constituent un véritable vivier de création d’emplois pérennes et qualifiés pour notre pays.
– Nous avons besoin de faire évoluer notre système de santé, de nous adapter au vieillissement de la population ainsi qu’au développement rapide des maladies chroniques.
– Notre modèle de santé repose sur des valeurs reconnues à l’étranger et qui pourraient inspirer des pays en plein développement et donc contribuer à notre rayonnement.
Allons-nous manquer ces nouvelles opportunités ?
Voici quelques idées dont la mise en œuvre permettrait d’inciter les industriels, les institutionnels et les territoires à passer des commandes auprès des start-up les plus innovantes, générant ainsi le cercle vertueux du déploiement de l’innovation en France et d’un partage plus équilibré de la prise de risque :
Créer le CICI, le « Crédit Impôt Commande Innovation » pour les donneurs d’ordre qui commanderaient des prototypes à des Jeunes Entreprises Innovantes.
Mettre en place des outils de financement « en deux temps » qui intégreraient obligatoirement de la commande publique ou de la commande d’industriels : la start-up reçoit 25% en subventions sur ses efforts de R&D et l’entreprise/l’organisme qui va acheter l’innovation reçoit 75% de subvention sur le bon de commande.
On pourrait même aller plus loin en créant une bourse de la commande d’innovation qui réunirait chaque trimestre des pools d’industriels, les financeurs et les start up, réduisant ainsi la durée du cycle de transformation de l’idée en produit.
L’avenir de l’e-santé reposera sur l’adaptation de notre écosystème aux besoins de patients responsables, qui joueront un rôle central. De la même manière, l’avenir de l’innovation en e-santé reposera sur l’adaptation de notre écosystème pour favoriser l’industrialisation des innovations de start up innovantes et responsables, qui joueront un rôle central au sein d’un écosystème équilibré.
TRIBUNE LIBRE de Christophe Lorieux, président de la société SANTECH