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Édito

Un nouvel an chinois 2020 sous le signe du SRAS

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A l’approche des fêtes du nouvel an chinois qui débutent à la fin de la semaine donnant lieu à des multiples déplacements dans tout le pays qui font craindre une accélération de sa propagation, le président chinois Xi Jinping a appelé le lundi 20 janvier à une mobilisation pour enrayer l’épidémie.

Jusque-là, il était admis que le coronavirus 2019-nCoV lié à une mystérieuse pneumonie ne se transmettait pas d’homme à homme. Désormais, les doutes sont levés. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « une source animale semble la plus probable ». Les autorités chinoises ont reconnu lundi la transmission humaine du virus respiratoire et ont annoncé le 21 janvier qu’elles classaient l’épidémie dans la même catégorie que le SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère). L’isolement devient ainsi obligatoire pour les personnes chez qui la maladie a été diagnostiquée. Le test de de dépistage existe déjà. Le risque venant aujourd’hui des mutations successives du virus.

En tout, quelque 922 patients restaient en observation dans les hôpitaux chinois, selon les chiffres communiqués par les autorités sanitaires mardi quand Wang Guangfa, un des médecins de la Commission nationale de la Santé chinoise enquêtant sur l’épidémie, a annoncé mardi à une télévision de Hong Kong qu’il était lui-même infecté par le virus (AFP). Un tweet de CNN nous apprenait alors que « Le National Institute of Health (NIH) travaille sur un vaccin contre le coronavirus qui a infecté plus de 200 personnes mais cela pourrait prendre plus d’un an à développer ».

La Chine a pris la décision hier, mercredi 23 janvier, de mettre en quarantaine la zone de Wuhan, épicentre de l’épidémie de SRAS. Le bilan s’alourdit de jour en jour dans cette ville de 11 millions d’habitants et qui compte à ce jour 547 personnes infectées et 17 morts. L’épidémie de pneumonie mystérieuse a démarré au 1er janvier, dans un marché de gros de poissons de Hankou, près de la gare de Wuhan, qui a été fermé. Depuis, des cas ont été recensés dans d’autres métropoles chinoises, à Shenzen, 14 à Guandong, 5 à Pékin, 1 à Shanghaï. La moitié des provinces chinoises est touchée. Et au-delà en Asie : 1 au Japon, 2 en Thaïlande, 1 en Corée du Sud, 1 à Macao, 1 à Taïwan. De jour en jour, le bilan s’alourdit avec des cas suspectés en Australie et aux Philippines et un cas déclaré aux Etats-Unis. Une analyse publiée par l’Imperial College de Londres le 17 janvier, révèle que le nombre de cas potentiels dépasserait largement 2200 cas.

Ce qui est loin d’être rassurant pour toutes les autres capitales asiatiques. L’Etat “d’alerte maximale” a été déclenché pour les aéroports de Bangkok et de Hong-Kong compte tenu de l’important trafic de voyageurs en provenance de Wuhan et de Chine, transitant par ces hubs. Les autorités de ces pays ont mis en place un contrôle sanitaire des passagers. Le Vietnam protège également ses frontières, la Corée du Nord les a totalement fermées. Et pour cause! Apparu pour la première fois en Chine en 2002, le SRAS, une maladie infectieuse due au virus SRAS-CoV a provoqué une épidémie en mai 2003. Sur 8 096 cas, le virus du SRAS avait fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong, selon l’OMS. L’organisation internationale avait à l’époque vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie.

L’OMS s’est réunie le mercredi 22 janvier pour déterminer s’il convient de déclarer une “urgence de santé publique de portée internationale”. Pour l‘heure, le groupe du comité d’urgence constitué de 15 experts et présidé par Didier Houssin, diffère sa décision de 24 heures, attendant d’avoir davantage d’informations complémentaires concernant l’épidémie (notamment la durée de l’incubation du coronavirus). Le bilan des morts déclarés n’a pas encore franchi le seuil atteint lors des précédentes épidémies de SRAS en 2003 et de MERS (Moyen-Orient Respiratory Syndrome) en 2012.  L’OMS n’a qualifié jusqu’ici d’« urgence internationale » que de rares cas d’épidémies nécessitant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la RDC depuis 2018.