Chez les patients atteints d’un cancer colorectal, l’infiltration de la tumeur par des cellules immunitaires fournit des indications sur l’évolution probable de la maladie et constitue donc un outil de pronostic potentiel. Une équipe de chercheurs de l’Inserm, de l’Université Paris Descartes et de médecin de l’AP-HP a exploité cette propriété pour mettre au point un test immunologique qui quantifie la densité en lymphocytes T totaux et en lymphocytes tueurs dans la tumeur et son front d’invasion. Baptisé Immunoscore, il permet de mieux définir la manière donc va évoluer la maladie et d’identifier les patients présentant un risque élevé de récidive tumorale.
Pour évaluer à grande échelle sa valeur pronostique, une équipe internationale a mené une étude auprès de plus de 2600 malades atteints d’un cancer colorectal au stade I à III en évaluant leur risque de récidive dans les 5 ans après leur opération ainsi que leur survie. Les résultats ont montré l’efficacité de l’Immunoscore, les malades ayant le score le plus élevé présentant le risque de récidive le plus faible et la survie la plus longue. Ainsi, seuls 8 % des patients dotés d’un immunoscore élevé ont vu leur maladie récidiver à 5 ans. Cette proportion atteint à 19 % pour les sujets présentant un score intermédiaire et 32 % dans le groupe de patients au score le plus faible. Les performances de ce test sont inégalées et dépassent celles des critères tumoraux histologiques et cliniques utilisés jusqu’ici pour choisir la stratégie thérapeutique appliquée. Elles sont notamment indépendantes de l’âge du patient, de son sexe ou du stade (T ou N) de la maladie. L’ Immunoscore pourrait donc être utilisé avec profit pour mieux paramétrer les traitements chimiothérapeutiques délivrés aux patients en fonction de leur risque de récidive.
Pagès F et al. mai 2018, The Lancet, 391 (10135), 2128–39