« 7 000 nouveaux médicaments sont actuellement en cours de développement à l’échelle mondiale et, déjà, les Car-T cell ouvrent des perspectives jusqu’il y a peu insoupçonnées. » Nul doute, le secteur pharmaceutique est porteur d’innovations et de progrès thérapeutiques (associations de traitements, médicament de thérapies innovantes, utilisation des données en vie réelle). Dans ses vœux à la presse le 15 janvier Philippe Tcheng dressait un bilan de la situation du secteur, 4 mois après sa nomination à la présidence du LEEM. Un bilan sans concessions.
Depuis des années, les entreprises du médicament alertent sur la perte de compétitivité du secteur pharmaceutique français. Notre industrie qui était la première en Europe il y a 10 ans est désormais distancée par l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie ou l’Irlande. Philippe Tcheng insiste sur son décrochage notamment dans les essais cliniques où la France occupe la 4ème place européenne. Retard aussi dans l’accès des patients aux soins, la complexité des ATU, le décalage des critères d’évaluation et enfin la difficulté d’accès des produits à l’hôpital. Décrochage industriel enfin dans la bioproduction alors que 80 % de la production française est concentrée sur la fabrication de médicaments chimiques. « Nous avons stratégiquement intérêt à développer en parallèle notre expertise de la bio-production. On ne peut pas se permettre de rater ce virage » poursuit-il. « Sur les 22 AMM délivrées en 2018 pour des médicaments biologiques, un seul est fabriqué en France» souligne-t-il, réclamant la « création d’un statut spécifique (valeur thérapeutique d’innovation conditionnelle) pour un certain nombre de produits innovants »
Philippe Tcheng en appelle à la refondation d’une politique du médicament partenariale et ambitieuse avec notamment une réforme de l’évaluation sur les modalités de fixation des prix. « Le médicament est plus que jamais devenu une variable d’ajustement de la politique des maîtrises de santé », ce qui selon ses dires « place aujourd’hui notre secteur à contre-courant des autres pays d’Europe avec lesquels nous sommes en compétition pour les investissements stratégiques».
Autre question alarmante pour le LEEM : le Brexit « l’échéance du 29 mars 2019 est un enjeu majeur sur le plan réglementaire et douanier mais aussi à divers titres : 5.000 salariés européens sont employés au Royaume-Uni dans l’industrie pharmaceutique ; le Royaume-Uni « pèse » à lui seul plus de 16 % des programmes européens de recherche ; il est surtout notre 4ème partenaire commercial s’agissant de l’export et le 7ème pour l’import. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons que les produits de santé fassent l’objet d’une approche spécifique » note-t-il, faisant allusion en particulier « aux accords de reconnaissance mutuelle qui permettraient de limiter les risques de ruptures d’approvisionnement».
La motion de censure déposée à l’encontre de Theresa May a été rejetée (à 19 voix près) le 17 janvier par les députés britanniques. La veille, la Chambre des Communes avait rejeté, l’accord négocié depuis deux ans avec Bruxelles pour sortir le R.-U. de l’U.E. Pour éviter le hard Brexit (sortie de l’U.E. sans accord), trois alternatives s’offrent au peuple britannique : Brexit avec accord et maintien dans l’Union douanière, Brexit avec une autre version de l’accord (Plan B) présentée le 21 janvier à l’U.E ou encore nouveau référundum. Mission impossible ?